À la veille de la 6e session du Comité centrel du FLN : Belkhadem au pied du mur

Ouest-Tribune Le Premier Quotidien de l'Oranie



Jeudi 31 Janvier 2013

A la veille de la 6ème session du comité central du FLN :

Belkhadem au pied du mur



La guerre entre opposants et partisans de Belkhadem, s’achemine semble-t-il vers une ultime et décisive bataille organisée sur le terrain du «vote de confiance» des membres du CC, qui se tiendra demain.

Les quatre points figurant officiellement à l’ordre du jour de la session, les questions organiques, les résultats des dernières élections, le projet de révision de la constitution et le projet de budget du parti, pour l’exercice 2013, semblent bien être occultés par le seul enjeu important lié a une éventuelle éviction - ou reconduction - de l’actuel secrétaire général.

A priori, la bataille, qui promet d’être rude, sera aussitôt engagée par les «redresseurs» qui exigeront peut-être dans un premier temps, la «démission préalable» revendiquée par les opposants du secrétaire général, opposants déclarés, partisans discrets, et ... «légalistes» en attente.

Au sein du FLN à Oran, les «redresseurs» très actifs ne ratent aucune occasion pour demander, voire exiger, le départ de Abdelaziz Belkhadem. Il y a quelques jours, un rassemblement des militants à la Kasma 8, d’Oran, a été animé par des membres du bureau politique, dont M. Abada, et Kara Mohamed Amine. Ces derniers, qui auraient été auparavant reçus en audience par le Wali d’Oran, ont - involontairement (?) - donné à leur visite, à Oran, une sorte de cachet «officiel», presque une «caution», qui aurait été accordée à leur démarche par les principaux décideurs.

A Oran, comme à travers bien d’autres wilaya du pays les mouhafadha, FLN, ne cessent d’être tiraillés et agités par les conflits internes entre divers clans et «tendances» en lutte pour un leadership aux profits politiques encore opaques et peu évidents. Présidée par des cadres du parti venus d’Alger pour rassembler et mobiliser les militants «redresseurs» exigeant le départ Belkhadem, la réunion de la kasma 8 a été une énième occasion de dénoncer «l’état des lieux peu reluisant et la régression de leur formation en raison des agissement de l’actuel SG».

«... A cause de Belkhadem le FLN ne cesse depuis 2005, de sombrer dans la médiocrité et la division». A chaque occasion, les critiques et les graves accusations qui pleuvent sur le secrétaire général du FLN redoublent d’intensité. Pour M. Abada, Belkhadem, avec son vocabulaire puisé du «lexique guerrier à connotations criminelles», serait le seul responsable du recul politique de la formation et des dérives au sein du FLN.

Le «zaïmisme de celui qui se place déjà en successeur de Bouteflika», le «clanisme», la «chkara», «l’absence de discours innovateur», la «transgression des textes et règlements», sont autant de thèmes alimentant les critiques et les reproches des leaders de l’opposition réclamant ouvertement le limogeage de Belkhadem.

De leur côté, les partisans de Belkhadem, moins nombreux à vouloir s’afficher publiquement dans une stature de soutien à un chef aussi contesté, tentent malgré tout d’organiser ici et là des réunions de mobilisation avant le vote crucial des membres du Comité central qui se réunira demain.

A Oran, il y a moins d’une semaine, une réunion devait se tenir à la Mouhafadha avec tous les membres du Comité central de la région Ouest. Cette réunion, Initiée et organisée par un collaborateur présumé proche de Belkhadem, avait pour objectif de «compter et de mobiliser» les voix de ceux qui seraient «ouvertement ou discrètement» favorables à la reconduction de Abdelaziz Belkhadem aux commandes du parti. Mais l’initiateur de la réunion ne pouvait pas convaincre grand monde.

L’organisateur de cette réunion, chargé de mission de Abdelaziz Belkhadem, est depuis quelque temps déjà de moins en moins apprécié, même parmi les plus fidèles alliés du SG du FLN. Abdelaziz Belkhadem lui-même aurait plusieurs fois tenté de se débarrasser de ce «proche collaborateur devenu gênant et encombrant». Mais chaque tentative aurait avortée pour d’obscures raisons - ou empêchements - liées à des volets opaques entourant leur vieille relation.
Rares furent ceux qui ont daigné répondre présents à ce rassemblement des membres du CC susceptibles de soutenir le SG, lors de la session prévue ce jeudi.

En cette veille d’ouverture des travaux du Comité central du FLN, l’inquiétude semble grandir dans les rangs des opposants, quelque peu «déstabilisés» par les «certitudes et l’assurance» affichée par Belkhadem, qui a reçu de temps à autres ses adversaires, tout en affichant une «fin de non recevoir» sur fond de fermeté et de légitimité qui serait indiscutable.

Par ailleurs beaucoup s’inquiètent du possible retour des pratiques d’intimidation musclées, vécues dans un passé récent, lors de la réunion du CC du 15 juin dernier, et qui auraient permis le maintien de Belkhadem.

Face à la crainte d’un scénario comme celui du 15 juin dernier, les ministres signataires de la revendication demandant et exigeant la démission immédiate de Belkhadem, et plusieurs autres membres du front de contestation avaient proposé le report de la session du CC jeudi. Mais les opposants, membres du CC, ont refusé ce report, estimant au contraire que ce sera l’occasion «de démasquer Belkhadem» en le poussant, cette fois, à ses «derniers retranchements».

Une réunion, hier, mercredi 30 janvier, en présence de toute la presse nationale, a permit, selon les contestataires, «de démontrer qu’ils sont majoritaires au sein du CC». Aussi, indiquent-ils, tout résultat de vote non conforme à ce courant majoritaire ne peut être, alors, assimilé «qu’a un vote truqué». Une logique qui peut tenir la route... Seulement si l’on ne tient pas compte des «attitudes hypocrites» et des «revirements imprévisibles» pouvant être favorisés par le vote de confiance à bulletin secret. Il se trouve en outre, que cette réunion annoncée n’aurait pas, jusqu’a hier soir, obtenue l’aval des pouvoirs publics qui n’accordent ce type d’autorisation pour réunion publique qu’aux partis politiques dûment reconnus.

Selon plusieurs analystes avisés, Abelaziz Belkhadem pourrait bien réussir à s’accrocher aux commandes du vieux parti, à travers d’opaques manoeuvres ou tractations dont lui seul aurait le secret.

Contrairement à son «collègue» du RND, Ahmed Ouyahia, le SG du FLN a toujours affiché son rejet de toute formule de retrait par une éventuelle démission volontaire que pourrait être suggérée ou souhaitée par les plus grands décideurs. Il se trouve que jusqu’ici, personne ne peut vraiment indiquer la position réelle du Pouvoir vis-à-vis de l’actuel patron aux commandes du parti FLN.

Beaucoup, même au sein des membres du Comité central, estiment que Belkhadem «ne sera pas lâché par les décideurs» tant qu’ils n’ont pas en mains un prochain remplaçant «consensuel» et crédible. Une hypothèse qui contredit certes les spéculations les plus courantes sur l’inévitable retrait de Belkhadem de l’échiquier qui se prépare pour les prochaines présidentielles.