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Mariage gay : pour l'Église, il ne faut pas «ignorer» la rue
Publié le 16/01/2013 à 17:59
À droite, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, lors de la Manif pour tous.
Réagissant pour la première fois depuis la manifestation des opposants au mariage pour tous, les évêques de France appellent la majorité à ne pas «ignorer» les «réactions» suscitées chez tant de Français.Trois jours après la manifestation monstre contre le mariage homosexuel, les évêques de France appellent directement la «majorité politique» à ne pas «ignorer» les «réactions» suscitées chez «tant de nos compatriotes» car elles ont été spectaculairement mises en évidence par «l'ampleur exceptionnelle» de cette mobilisation.
Refuser de le voir ne serait pas «sans dommage pour le bon fonctionnement démocratique» préviennent-ils. Ils appellent donc les responsables gouvernementaux à «rassembler le pays» pour ne laisser s'installer un «clivage» qui serait «malvenu» dans le contexte de la crise économique et sociale.
Lors de ses vœux à la presse, mercredi matin, le président Hollande a toutefois assuré, sur un mode allusif, qu'il n'entendait «pas opposer une France à une autre» mais qu'il poursuivrait ses œuvres de «modernisation» en «respectant les opinions et le débat».
Chercher une troisième voieSans évoquer un référendum, les évêques demandent donc concrètement aux élus impliqués dans le «débat parlementaire» d'imaginer «des solutions et des formulations qui soient respectueuses du caractère hétérosexuel du mariage, de la filiation et des personnes homosexuelles». Ce qui reviendrait à réserver strictement le mot «mariage» à l'union d'un homme et d'une femme et à chercher une troisième voie - par exemple une union civile renforcée - comme ils l'avaient déjà suggérée, dans un document, en septembre dernier.
Ils invitent, enfin, les «communautés catholiques» à «poursuivre la réflexion sur ces enjeux fondamentaux». Ce qui signifie en clair, ne rien exclure du côté de l'action mais à prendre à présent le temps, d'une réévaluation de la stratégie à mener.
Car ils s'inquiètent du «risque de clivage profond» de la France sur ce sujet. Or, la responsabilité d'une religion, comme l'Église catholique, estiment-ils depuis le début, n'est pas de pousser à la division, ou à l'exclusion politique, mais de favoriser l'unité du pays, précisément par la tenue d'un débat de qualité où seront pris en compte tous les points de vue. Quant à «la mission du politique» écrivent-ils, elle est justement «d'offrir le cadre d'une authentique réflexion sociale sur ces questions majeures».
D'autant insistent-ils que «nous avons alerté depuis de longs mois le gouvernement et l'opinion publique» sur ce «risque de clivage» représenté par le projet de loi. «Ce clivage est d'autant plus malvenu que notre pays connaît une période de fortes difficultés économiques et sociales qui devrait, au contraire, amener les responsables politiques à rassembler le pays».
Une «alerte» qui était «fondée» se justifient-ils en soulignant «l'ampleur exceptionnelle» de la manifestation: «des gens de toutes les régions de France, jeunes ou plus âgés, en famille, avec leurs enfants ou seuls, de toutes opinions, de toutes religions ou sans religion, ont défilé avec conviction, dans la bonne humeur et sans agressivité à l'égard de quiconque. Dans cette grande diversité, la caractéristique commune était la reconnaissance de la famille, l'intérêt supérieur des enfants et le respect de la filiation».