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Mariage gay : Peillon sermonne les catholiques
Mis à jour le 04/01/2013 à 21:47 | publié le 04/01/2013 à 19:12
Vincent Peillon
(à droite) et Éric de Labarre, secrétaire général de l'enseignement catholique, le 18 octobre, au ministère de l'Éducation.
Le ministre met en garde l'enseignement catholique contre toute «stigmatisation homophobe» dans les écoles.Dans une lettre adressée vendredi à tous les recteurs de France, le ministre de l'Éducation nationale, Vincent Peillon, a décidé de recadrer l'enseignement catholique. Éric de Labarre, son secrétaire général, avait récemment affiché son opposition au mariage homosexuel. Vincent Peillon appelle à «la plus grande vigilance à l'égard des conditions du débat légitime qui entoure le mariage pour tous (…) notamment dans les établissements privés sous contrat d'association. Le caractère propre de ces établissements ne saurait leur permettre de déroger au strict respect de tous les individus».
Pour Vincent Peillon, «il convient d'appeler à la retenue et à la neutralité au sein de tous les établissements». Il dit craindre que les débats ne se traduisent par une augmentation des phénomènes d'homophobie. Interviewé par
Le Mondevendredi, il est allé bien plus loin dans sa critique, évoquant carrément «une faute» de la direction de l'enseignement catholique, auteur d'une lettre contre le mariage homosexuel.
«La hache de guerre»Vincent Peillon cherche-t-il à rallumer la guerre scolaire avec ce terme peu nuancé? Certainement pas, affirme-t-on dans son entourage. Mais à quelques jours de la manifestation contre le «mariage pour tous» prévue le 13 janvier à Paris ne risque-t-il pas néanmoins de grossir les rangs des manifestants? Dans une des associations organisatrices du rassemblement, Alliance Vita, on estime que de tels propos pourraient amener à «déterrer la hache de guerre» enterrée depuis 1984 entre les partisans de l'école libre et l'État.
Réputée pour sa traditionnelle prudence de Sioux, soucieuse de respecter la «liberté de conscience» inscrite dans la loi Debré de 1959, la direction de l'enseignement catholique n'était sortie du bois que le 12 décembre dernier en envoyant une lettre aux 8500 chefs des établissements catholiques sous contrat. Rappelant «des références sociales aussi fondamentales que le mariage, union d'un homme et d'une femme», le texte signé par Éric de Labarre invitait chaque établissement à «prendre les initiatives qui lui paraissent localement les plus adaptées pour permettre à chacun l'exercice d'une liberté éclairée».
Appel à «l'éveil des consciences»«Il est hors de question de remettre en cause la neutralité de l'enseignement», a précisé vendredi Éric de Labarre. «Il n'est pas question d'organiser spontanément des débats dans les classes avec les élèves même si, lorsqu'il y a des questions posées, le pire c'est de garder le silence.»«Nous n'appelons pas directement à participer à la manifestation» contre le mariage homosexuel, mais à «l'éveil des consciences», a-t-il fait valoir. «On ne peut pas nous faire d'emblée le procès d'intention que les débats seraient par définition truqués», a-t-il estimé, affirmant la «nécessité qu'aucun propos homophobe ne puisse être prononcé».
Au sein de l'enseignement catholique, on s'étonne de la réaction ministérielle. «L'enseignement catholique n'est pas neutre par définition. Notre caractère propre et le principe de neutralité évoqué par le ministre s'opposent même si nous devons faire preuve de prudence», affirme un directeur diocésain. Bruno Lamour, représentant du FEP-CFDT, le principal syndicat d'enseignants du privé, pensait même que la direction de l'enseignement catholique «prendrait position plus tôt». Il craint certes que son courrier ne «serve de caution à certaines opérations sectaires» mais le point de vue d'Éric de Labarre «épouse celui de l'Église catholique à laquelle l'enseignement catholique appartient. Il est logique», affirme-t-il.