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Obama s'engage pour le contrôle des armes à feu
Mis à jour le 20/12/2012 à 09:43 | publié le 19/12/2012 à 17:32
Associations et simples citoyens ont manifesté contre la vente libre de fusils d'assaut, lundi à Washington.
INFOGRAPHIE - Le chef de la Maison-Blanche charge son vice-président, Joe Biden, de coordonner un effort national.Scellée par la tragédie de Newtown, et grandissant à mesure que les douloureuses images des enfants morts à l'école Sandy Hook défilent en boucle sur les télévisions américaines, une coalition «anti-guns» semble en passe d'émerger en Amérique. Mais durera-t-elle assez pour inscrire dans une loi l'interdiction des fusils d'assaut et la limitation de l'accès aux armes à feu? La National Rifle Association (NRA), puissant lobby pro-armes, qui dicte sa loi à la classe politique depuis longtemps, pliera-t-elle face au mouvement en train de monter à travers les villes, les États et même, timidement, au Congrès?
Après avoir promis dimanche d'utiliser «tout le pouvoir» que lui confère sa fonction pour empêcher d'autres tragédies, Barack Obama a annoncé mercredi que son Administration soumettrait «dans les prochaines semaines» des propositions de réforme au Congrès. Il a chargé son vice-président, Joe Biden, de coordonner l'action des agences gouvernementales afin de concevoir une réponse multiforme aux fusillades répétées qui endeuillent les États-Unis à intervalles de plus en plus rapprochés. Un geste politique fort, car Biden, numéro deux de l'exécutif, est aussi le président du Sénat et l'homme souvent chargé des missions de conciliation auprès du Congrès. L'effort devrait porter essentiellement sur la question des armes, mais également sur une évaluation du système d'encadrement des maladies mentales et même sur l'impact psychologique des jeux vidéo violents sur les jeunes.
La locomotive BloombergLe porte-parole présidentiel Jay Carney a déjà affirmé mardi que le président soutiendrait la proposition de loi de la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, qui mettra à l'ordre du jour une interdiction des armes de guerre et des fusils d'assaut à gros magasin dès début janvier. Des efforts devraient aussi être faits pour encadrer les «foires aux armes» (gun shows). Mais le succès dépendra en dernier ressort de la capacité du camp anti-armes à s'organiser. Les sceptiques craignent qu'une fois l'émotion retombée, les bonnes volontés ne s'enlisent.
Pourtant, un mouvement de fond semble naître. Plus de 150.000 personnes ont pétitionné sur le site de la Maison-Blanche pour que la restriction de l'accès aux armes devienne «une priorité». À la tête du mouvement, le maire de New York, Michael Bloomberg, qui appelle le président «à l'action immédiate». Décidé à croiser le fer avec la NRA, il fait figure de locomotive. «Leur objectif numéro un (du lobby pro-gun) était d'empêcher Obama d'obtenir un second mandat. Que je sache, il a gagné», a-t-il lancé, dénonçant le «mythe» selon lequel «on ne peut pas lutter» contre la NRA. En novembre, ce milliardaire avait investi plusieurs millions de dollars pour soutenir des candidats en lice contre des champions de la NRA, remportant la mise dans quatre cas sur cinq.
Derrière Bloomberg se profile une Association des maires contre les armes illégales qui compte déjà plus de 700 membres. Les États aussi semblent bouger, timidement. En Californie, les démocrates ont proposé un projet de loi qui rendrait obligatoire une vérification du passé des acheteurs et l'octroi de permis d'un an pour la détention de munitions. Le gouverneur républicain du Michigan vient d'apposer son veto à une loi qui aurait autorisé le port d'armes caché dans les écoles.
DésinvestissementLe fonds d'investissement Cerberus a annoncé mardi qu'il allait céder ses parts dans le fabricant d'armes Freedom Group, qui détient notamment Bushmaster (le fusil utilisé par le tueur fou de Newtown) et Remington.
Même au Congrès, un mouvement s'ébauche. Mardi, le président a rencontré le sénateur Joe Manchin, démocrate «pro-gun», qui veut faire bouger les lignes, en dialoguant avec les républicains. «La plupart des républicains souhaitent avoir une conversation très sérieuse», a dit l'élu de l'Ohio Steve Latourette, après une réunion du groupe conservateur de la Chambre basse. Sentant des vents contraires se lever, la NRA est sortie de son mutisme pour se dire «prête à contribuer aux efforts».
Cette posture pourrait toutefois être une manière de courber l'échine avant une contre-attaque. De ce point de vue, la posture d'Obama reste «cruciale», note le
New York Times. «Devrait-il investir son énergie et la stature qu'il a gagnée lors de sa réélection dans un combat en lequel il croit mais qu'il n'est pas sûr de gagner?», s'interroge le journaliste Peter Baker. Le simple fait de poser la question quatre jours après la tragédie en dit long sur l'incertitude du combat contre les armes à feu aux États-Unis.