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Obama à l'offensive pour combattre le lobby des armes
Mis à jour le 15/01/2013 à 10:22 | publié le 15/01/2013 à 08:04
Un visiteur manipule un pistolet, lors d'une convention de la NRA, en 2009. Le lobby des armes a une énorme influence aux États-Unis.
Le président américain se dit prêt à agir par décret sans passer par le Congrès pour obtenir un plus grand contrôle des achats d'armes à feu et en interdire certaines.Très à l'offensive, visiblement prêt à ne pas laisser les républicains phagocyter d'emblée les projets de son deuxième mandat, quitte à leur rappeler encore et encore qu'il est le gagnant de l'élection de novembre 2012, Barack Obama a affirmé lundi qu'il n'hésiterait pas à agir par décrets présidentiels, si cela s'avère nécessaire, pour contourner le blocage de la National Rifle Association (NRA) et endiguer la violence des armes à feu.
Lors d'une conférence de presse consacrée presque exclusivement à ce thème ainsi qu'à la question du plafond de la dette et des déficits, le président a évoqué la possibilité d'utiliser ses pouvoirs administratifs sans passer par un vote au Congrès pour instaurer des contrôles beaucoup plus stricts en matière de ventes d'armes et prévenir notamment leur achat par des handicapés mentaux ou des criminels. Il a aussi évoqué la possibilité d'utiliser ses prérogatives présidentielles pour systématiser la mise en place d'une banque de données fédérale identifiant les détenteurs d'armes. Il y a beaucoup «de mesures de bon sens» qui peuvent être prises… Le point de départ, c'est de ne pas se préoccuper de politique, mais de ce qui peut marcher», a dit le président, précisant qu'il devait rencontrer ce même jour le vice-président Joe Biden pour entendre ses propositions avant de proposer son propre plan d'action.
19 décrets présidentiels pourraient être signésOutre l'instauration de contrôles beaucoup plus stricts pour les acheteurs, l'interdiction potentielle des fusils à gros chargeur permettant de tirer à répétition, pourrait être retenue, de même que le vote d'une loi interdisant la vente de fusils d'assaut. En 1994, une loi de ce type, assortie d'une date d'expiration, avait été votée pendant le premier mandat de Bill Clinton, puis abandonnée à son expiration en 2004. Mais beaucoup d'observateurs restent sceptiques sur les chances de faire voter une telle législation au Congrès, malgré l'émotion suscitée par la tuerie de l'école de Sandy Hook, à Newtown (Connecticut), en raison des liens étroits de nombreux élus avec le lobby des armes de la NRA.
Barack Obama, lors de sa conférence de presse du 14 janvier.
Selon le vice-président Joe Biden, la Maison-Blanche aurait identifié 19 décrets présidentiels que Barack Obama pourrait signer pour agir unilatéralement en cas de blocage au Congrès. Le fait même que ces décrets soient aujourd'hui évoqués en dit long sur les inquiétudes que l'Administration nourrit sur la question des armes, malgré une opinion globalement favorable à l'instauration de contrôles plus stricts.
Vieilles peurs et traditionsSelon un sondage du Pew Center, une écrasante majorité de quelque 85 % d'Américains sont favorables à l'instauration de contrôles systématiques des acheteurs dans les armureries privées et les foires aux armes, aujourd'hui extrêmement limités, voire inexistants. Quelque 80 % des Américains veulent aussi empêcher les malades mentaux de pouvoir acheter des armes. Ils ne sont en revanche que 55 % à soutenir l'idée d'une interdiction de vente des fusils d'assaut. Le chiffre tombe carrément au-dessous de 50 % pour l'interdiction des fusils à gros chargeur, dans un pays où les armes à feu provoquent pourtant des hécatombes quotidiennes. Très attachés à la liberté de port d'armes protégée par le second amendement, nombre d'Américains se méfient d'un État qui prétendrait réglementer leurs achats et leurs passions. La NRA surfe avec talent sur ces vieilles peurs et traditions, récoltant près de 200 millions de dollars auprès de ses adhérents chaque année.