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Arrêté par l'armée, le premier ministre malien démissionne
Mis à jour le 11/12/2012 à 10:42 | publié le 11/12/2012 à 08:07
«Moi Cheik Modibo Diarra, je démissionne avec mon gouvernement», a déclaré Diarra lors d'une brève allocution à l'Office de radio-télévision du Mali.
Cheik Modibo Diarra a été interpellé à Bamako sur ordre du capitaine Amadou Haya Sanogo, l'ancien chef des putschistes qui avaient renversé le président Amadou Toumani Touré en mars.«Il ne s'agit pas d'un coup d'État», assure l'armée. N'empêche que l'arrestation et la démission du premier ministre malien mardi matin ne présagent rien de bon pour la stabilité du pays, dont la moitié nord est entièrement occupée depuis juin par des groupes islamistes armés.
Cheick Modibo Diarra a annoncé mardi matin sa démission lors d'une brève allocution télévisée, peu après avoir été arrêté sur ordre du capitaine Amadou Haya Sanogo, ancien chef des putschistes qui avaient renversé le président Amadou Toumani Touré en mars. Diarra avait prévu de se rendre en France lundi soir pour un contrôle médical, selon son entourage. Il s'apprêtait à se rendre à l'aéroport quand il a appris que ses bagages avaient été débarqués de l'avion et il est resté à son domicile de Bamako, où il a été arrêté.
«Le pays est en crise et il bloquait les institutions, a déclaré Bakary Mariko, porte-parole des militaires. Le président est toujours en place mais le premier ministre ne travaillait plus dans l'intérêt du pays».
Les ex-putschistes toujours influentsAprès avoir renversé le président Amadou Toumani Touré il y a quelques mois, les militaires maliens avaient été contraints de restituer le pouvoir aux civils, mais le capitaine Sanogo et ses hommes sont restés très influents dans la gestion des affaires. Or ils reprochaient à Diarra d'être en faveur de l'intervention d'une force internationale dans le nord du Mali, alors qu'ils estimaient avoir seulement besoin d'un soutien financier et logistique pour mener eux-mêmes une opération de reconquête de ce territoire.
Cet incident politique risque de compliquer les efforts actuellement menés pour rétablir la stabilité dans le pays. Le nord du Mali est contrôlé par trois groupes islamistes armés: Ansar Dine, mouvement essentiellement composé de Touareg maliens, les djihadistes surtout étrangers d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Ils y appliquent la charia (loi islamique) avec une extrême rigueur qui se traduit par des lapidations, amputations, coups de fouets aux «déviants» (voleurs présumés, couples adultères, fumeurs, buveurs d'alcool).
Bamako et la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont soumis à l'ONU des plans pour l'envoi d'une force internationale de 3300 hommes et demandent au Conseil de sécurité d'autoriser son déploiement rapidement. La France, dont sept ressortissants sont retenus en otage au Mali, pèse également lourdement en faveur d'un recours à la force sous mandat de l'ONU. Mais elle se heurte au scepticisme de Washington, qui doute de la capacité de Bamako et de ses voisins à mener à bien l'opération.