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Egypte : le président Morsi tente de calmer l'opposition
Publié le 09/12/2012 à 12:45
Mohammed Morsi, samedi, au Caire.
Le chef de l'État islamiste a renoncé samedi soir à élargir ses pouvoirs. L'armée presse les acteurs du confit d'engager le dialogue au plus vite.
De notre envoyé spécial au Caire
Mohammed Morsi tente d'enrayer le soulèvement populaire par des concessions de dernière minute. Le président égyptien a annoncé dans la nuit de samedi à dimanche l'annulation du décret constitutionnel du 22 novembre. Ce texte par lequel il s'arrogeait des pouvoirs exceptionnels en se plaçant au dessus de tout contrôle judiciaire, avait été le déclencheur des manifestations les plus importantes depuis la révolution de 2011 et la chute de Moubarak. Mais il n'est pas certain que cette mesure suffise à satisfaire les manifestants, qui campent devant le palais présidentiel d'Héliopolis et sur la Place Tahrir, au centre du Caire.
Car Morsi n'a pas cédé sur l'une des principales revendications de l'opposition: le report du référendum constitutionnel prévu samedi 15 décembre, et la rédaction d'un nouveau texte. Le projet constitutionnel actuel, qui comporte de nombreuses ambiguïtés et autant de possibilité aux autorités religieuses pour intervenir dans la législation, est rejeté par les manifestants.
L'opposition s'est rassemblée dans un Front de salut national. Ses trois figures principales sont Mohammed al-Baradei, l'ancien chef de l'Agence internationale à l'énergie atomique, Amr Moussa, ex-candidat à la présidentielle et ancien secrétaire général de la Ligue Arabe, et Hamdine Sabahi, nationaliste nassérien, arrivé troisième à la dernière présidentielle. Outre l'abrogation du décret constitutionnel, ce qui vient d'être concédé par Morsi, ils réclament l'abandon d'un projet constitutionnel qu'ils jugent dangereux.
Vers un retour de la loi martiale?En lâchant du lest mais en maintenant le référendum, Morsi tente de faire passer par les urnes son projet de constitution. Les Frères musulmans, la confrérie dont il est issu, disposent d'un appareil politique et de militants bien organisés, net avantage face à l'opposition dans un éventuel scrutin.
Selon la télévision d'État, Morsi était sur le point de signer samedi soir un décret rétablissant la loi martiale et autorisant l'armée à arrêter des civils. On ne sait pas très bien s'il s'agissait d'une simple menace. Mais la réinstauration d'un tel régime d'exception serait symboliquement désastreuse pour les Frères musulmans.
En vigueur pendant trente ans sous Hosni Moubarak, l'état d'urgence avait servi à réprimer leur mouvement. Le parti, qui dénonce les manifestations actuelles comme le fait de forces contre-révolutionnaires, se mettrait lui-même dans une position ambiguë. Il n'est pas non plus certain que l'armée accepte de jouer pour le compte de Morsi un rôle répressif qu'elle avait refusé de jouer pour Moubarak.
Déployées autour du palais présidentiel d'Héliopolis, les troupes se sont jusqu'à présent contentées de séparer les manifestants de l'opposition des partisans des Frères musulmans qui étaient venus les en déloger.
Mais elles n'ont pas dispersé les manifestants qui campent toujours devant les grilles. Un communiqué de l'armée, lu à la télévision, a appelé au dialogue «dans l'intérêt de la nation et de ses citoyens».