WEB - GOOGLE - Actualité > International
VIDEO. Egypte : le président destitué Mohamed Morsi est arrivé à son procès
Publié le 04.11.2013, 07h10 | Mise à jour : 08h28
Le président islamiste égyptien Mohamed Morsi, destitué par l'armée il y a quatre mois, est arrivé lundi au tribunal du Caire qui doit le juger pour «incitation au meurtre» de manifestants quand il était au pouvoir.
Le président islamiste égyptien Mohamed Morsi, destitué par l'armée il y a quatre mois, est arrivé lundi au tribunal du Caire qui doit le juger pour «incitation au meurtre» de manifestants quand il était au pouvoir, a annoncé la police.
Le premier chef de l'Etat élu démocratiquement en Egypte était détenu au secret par l'armée depuis sa destitution le 3 juillet. Il est arrivé lundi matin en hélicoptère au tribunal devant lequel il comparaît avec 14 autres responsables de son régime pour avoir «incité» les forces de l'ordre à tuer des manifestants le 5 décembre 2012, a annoncé le chef de la police du Caire Osama al-Soghayar.
La cour du tribunal qui siège au sein de l'Académie de police, dans un quartier de l'est de la capitale égyptienne. Il s'agit de la même salle d'audience où l'ex-président Hosni Moubarak, contraint de se démettre début 2011 au terme d'une des révoltes populaires du Printemps arabe, est jugé aussi pour son implication présumée dans le meurtre de manifestants.
20 000 hommes déployés pour assurer la sécurité au Caire
L'Egypte est dans la tourmente depuis la déposition il y a quatre mois de son seul chef d'Etat démocratiquement élu. Ses partisans, emprisonnés ou décimés par l'implacable répression des autorités installées par l'armée dès le 3 juillet, appellent à la mobilisation au moment où Mohammed Morsi doit faire sa première apparition publique depuis sa mise en détention au secret, faisant craindre de nouvelles violences.
Un général de la police a assuré qu'«un plan a été mis en place pour sécuriser le tribunal et le transport de M. Morsi jusqu'à la salle d'audience». Les autorités ont déployé 20 000 hommes au Caire, mégalopole de 20 millions d'habitants, se disant prêtes à répondre à toute violence. Mohammed Morsi doit répondre d'«incitation au meurtre» de manifestants devant son palais présidentiel le 5 décembre 2012, lors de heurts qui avaient fait sept morts. Il encourt la peine de mort ou la prison à perpétuité.
Ce procès risque d'attiser un peu plus les divisions dans un pays où plus d'un millier de pro-Morsi ont péri dans la répression et où plus de 2 000 islamistes ont été emprisonnés, dont la quasi-totalité des dirigeants des Frères musulmans. Dans ce contexte, «la présence de M. Morsi dans le tribunal va galvaniser ses partisans et augmenter les possibilités de voir de nouvelles manifestations et affrontements,» prédit Shadi Hamid, spécialiste de l'Egypte au Brookings Doha Center.
La société égyptienne toujours très diviséePour l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International, ce procès est un «test» pour les autorités intérimaires. L'ONG les presse d'«amener Mohamed Morsi à l'audience et de lui accorder le droit à un procès juste, en particulier lui permettre de contester les preuves qui pourront être produites contre lui devant le tribunal». «Si ce n'est pas le cas, alors il sera permis de soulever des questions quant aux motivations cachées de ce procès», ajoute l'organisation internationale. Mais, note M. Hamid, «ce procès est avant tout politique et il est important, donc il n'y a aucune chance qu'il soit libre et juste. Il rappelle clairement que la société égyptienne est actuellement profondément divisée».
Les autorités se défendent pourtant de tout biais politique. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Badr Abdelatty a affirmé à la presse ce week-end que M. Morsi «comparaîtra devant un juge conformément au Code pénal égyptien. Rien d'extraordinaire, rien d'exceptionnel, il a droit à un procès libre et juste», a-t-il commenté.
Contrairement au président déchu Hosni Moubarak, M. Morsi a déjà prévenu qu'il ne coopérerait pas avec la justice dont il ne «reconnaît pas l'autorité», selon l'Alliance contre le coup d'Etat, la coalition chapeautée par les Frères musulmans qui organise la mobilisation de ses partisans. Ses avocats ne seront présents lundi que pour surveiller la procédure judiciaire, a ajouté l'Alliance.
Les faits qui lui sont reprochés avaient marqué un important tournant dans sa présidence: après six mois au pouvoir, M. Morsi avait édicté un décret le plaçant au-dessus de tout contrôle judiciaire, déclenchant des manifestations devant son palais.
VIDEO. Ouverture du procès de Morsi en Egypte: les Frères musulmans restent déterminés