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La Corse frappée par une vague d'attentats
Publié le 08/12/2012 à 09:37
Des policiers enquêtent à Calvi après le meurtre d'un homme de 29 ans vendredi.
Une vingtaine d'attaques à l'explosif ont visé vendredi soir des résidences secondaires du nord au sud de l'île. Quelques heures plus tôt, un homme était abattu à Calvi, le 19e homicide depuis début 2012.Nouvelle vague d'attentats en Corse. Une vingtaine d'attaques à l'explosif ont visé vendredi soir, entre 22h30 et 23 heures, des résidences secondaires du nord au sud de l'île. Au total, les services de la préfecture ont enregistré 24 déflagrations. Aucune victime n'était à déplorer aux alentours de minuit. Mais le bilan de ce qui semble être une «nuit bleue», du nom d'opérations communes menées par les clandestins, pourrait évoluer.
Dans le Sud, deux bâtisses ont été détruites à Coggia, à 35 kilomètres d'Ajaccio, une à Bonifacio, une à Sartène et deux à Coti Chiavari, sur la rive sud du golfe d'Ajaccio. En Haute-Corse, trois maisons ont été visées à Calvi et une à Oletta, à 20 kilomètres de Bastia. D'autres attentats ont également été signalés à Tomino, à Furiani et à Santa-Maria-Poggio, toujours dans les environs de Bastia. Aucune revendication n'a pour l'instant été exprimée, mais un tag «FLNC» (Front de libération national de la Corse) aurait été découvert sur l'une des résidences visées à Bonifacio, selon
Le Parisien.
Cette série d'attentats a été commise à la veille de la «festa di a nazione» de ce 8 décembre, la «fête de la nation» qui réunit les nationalistes. Ces derniers appellent à un «règlement politique de la question corse» avec un changement de la constitution entérinant la co-officialité de la langue corse et la reconnaissance du statut de résident, afin de limiter les dérives spéculatives immobilières.
Les derniers attentats commis contre des résidences remontent au 9 septembre dernier. Sept supermarchés avaient été plastiqués, dont une grande majorité de grandes surfaces Leclerc. La série avait été revendiquée une semaine plus tard par le FLNC, qui dénonçait le coût de la vie en Corse. Depuis le 1er janvier, on dénombre 55 attentats dans l'île.
Nouvel homicide, le vingtième depuis début 2012Quelques heures avant cette «nuit bleue», la Corse enregistrait un nouvel homicide, le 19e depuis le début de l'année. Un homme de 29 ans, Jérémy Mattioni, a été tué par balles à 17h40 près de son domicile, à proximité du centre de Calvi. Pris pour cible à bord de sa voiture, ce dirigeant d'un établissement de nuit est parvenu à s'extraire du véhicule avant de décéder quelques mètres plus loin. Son beau-fils de 11 ans, qui était à ses côtés, a été blessé, mais son pronostic vital n'est pas engagé. C'est la quatrième fois en moins de trois ans qu'un homme est tué par balles avec un ou plusieurs enfants à ses côtés.
Sorti récemment de prison, Jérémy Mattioni était sous contrôle judiciaire. Il avait été plusieurs fois condamné pour des vols qualifiés et avait également été mis en examen dans d'autres affaires de vols qualifiés, atteintes aux biens et escroqueries, dans d'autres juridictions qu'en Corse, a déclaré le procureur de la République à Bastia, Dominique Alzéari.
«C'est une exécution d'une violence inouïe, en présence d'un enfant, avec un tir d'achèvement et avec utilisation de plusieurs armes puisque l'on peut voir près du véhicule criblé de balles des munitions d'armes de chasse et certainement d'armes automatiques», a affirmé le procureur. Ajoutant qu'il était «trop tôt» pour faire le lien avec d'autres assassinats, Dominique Alzéari a indiqué que l'enquête mettait en oeuvre «la totalité des forces de sécurité publique et d'investigation de l'île, l'ensemble des forces de gendarmerie se mettant au service de leurs collègues et du parquet pour pouvoir travailler en synergie».
L'assassinat de Jérémy Mattioni a été perpétré moins de deux semaines après la visite en Corse du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, et de sa collègue de la Justice, Christiane Taubira. Ils avaient annoncé des moyens renforcés pour enrayer la spirale criminelle dans cette île de 310.000 habitants devenue la zone la plus criminogène d'Europe.