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Damas frappée par un double attentat suicide
Publié le 23/12/2011 à 19:54
Des voitures piégées ont attaqué deux bâtiments des services de sécurité dans une banlieue de Damas, faisant 44 morts, selon le régime.Plusieurs militaires et de nombreux civils ont été tués vendredi matin dans deux attentats suicide à la voiture piégée, qui ont visé des bâtiments des services de sécurité à Kfar Soussé, une proche banlieue de Damas, largement hostile au pouvoir de Bachar el-Assad.
Ils auraient fait 44 morts, selon la télévision d'État, qui a précisé que des kamikazes ont attaqué à quelques minutes d'intervalle un siège de la sécurité d'État et une branche d'un autre service de sécurité.
Al-Qaida au LevantLe pouvoir syrien accuse al-Qaida d'être derrière ces attentats, les premiers du genre depuis plus de vingt ans en Syrie. Selon des témoins, une voiture aurait tenté de forcer l'enceinte du siège de l'«Amn al-dawle» et une autre a explosé devant un bâtiment des services de sécurité dans le même quartier de Kfar Sousse.
Ces attentats sont intervenus au lendemain de l'arrivée des premiers observateurs arabes envoyés par la Ligue arabe pour tenter de désamorcer la crise entre le régime et son opposition.
À moins d'une manipulation des services de renseignements syriens, ces attaques marquent l'entrée en scène de la mouvance terroriste dans le conflit qui oppose depuis plus de neuf mois le régime à la rue syrienne, qui a fait 6000 morts, selon l'ONU.
Le 22 octobre dernier, la branche d'al-Qaida au Levant - les Brigades Abdallah Azzam - avait publié un communiqué, appelant à des attaques contre les forces de sécurité, responsables de la répression contre les manifestants.
Pour les spécialistes, ce premier communiqué, passé largement inaperçu, signifiait que la mouvance terroriste allait désormais chercher à profiter de la violence pour passer à l'action en Syrie, après s'être discrètement implanté dans certaines zones du pays.
La thèse d'une manipulationDans son communiqué, al-Qaida ne faisait pas mystère de sa volonté de s'associer aux insurgés, tout en soufflant sur les braises d'un conflit confessionnel naissant entre sunnites et alaouites. Soutiens du régime de Bachar el-Assad, les alaouites sont les ennemis déclarés d'al-Qaida, qui les voient comme des «hérétiques chiites».
Al-Qaida appelait également les soldats syriens à rejoindre «le djihad» contre un pouvoir que la mouvance terroriste n'a jamais considéré comme allié, même si, à certains moments, leurs intérêts ont pu converger. Ce fut le cas à partir de l'invasion américaine de l'Irak en 2003, lorsque Damas a laissé transiter sur son territoire des milliers de djihadistes, désireux d'aller combattre les soldats américains à Bagdad. Ces dernières années, les services de renseignements syriens ont joué un double jeu, fermant les yeux sur ces passages, tout en livrant certains djihadistes aux services de sécurité américains anglais ou même français, quand cela servait leurs intérêts.
Il convient, toutefois, de ne pas écarter la thèse de la manipulation. Car à court terme, ce double attentat fait le jeu des autorités syriennes, qui ne cessent de dénoncer «des gangs islamistes armés», comme étant responsables des tueries dans le pays. Il est difficile d'avoir une idée précise du nombre de «combattants étrangers» parvenus en Syrie ces derniers mois, mais des Libyens en font partie, ainsi sans doute que des éléments venus de la Péninsule arabique. Certaines sources sécuritaires évoquent également la présence de djihadistes dans un camp à la frontière syro-libanaise, à Arsal notamment.
Nul doute que cet accès de violence va renforcer la crainte de nombreux Syriens indécis, qui ne veulent surtout pas voir leur pays s'enfoncer dans un scénario à l'irakienne.