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Egypte : des dizaines de milliers de manifestants encerclent le palais présidentiel
Publié le 04.12.2012, 19h20 | Mise à jour : 23h59
Le Caire (Egypte), mardi. Les militaires ont dressé des barbelés autour du palais présidentiel.
Des dizaines de milliers d'opposants au chef de l'Etat égyptien Mohamed Morsi ont encerclé mardi soir le palais présidentiel au Caire. Ils exigent que Morsi retire un décret par lequel il a considérablement élargi ses pouvoirs. Cette décision a engendré une profonde crise dans le pays. Washington a exhorté l'opposition à «manifester pacifiquement».
Les manifestants, dont beaucoup font partie de groupes laïques et de gauche, ont pu s'approcher du palais après avoir coupé les barbelés installés à quelques centaines de mètres du bâtiment. La police anti-émeutes a fait usage de gaz lacrymogène pour tenter de les disperser, sans succès, puis a battu en retraite.
Une source à la présidence a indiqué à l'AFP que le président Morsi ne se trouvait pas dans le palais. Quelques personnes ont tenté d'escalader les murs du palais, mais en ont été empêchées par d'autres.
Une vidéo postée sur internet par le réseau d'information alternatif égyptien Raasd montre un convoi quittant le palais sous la protection de la police anti-émeutes tandis que des manifestants crient «lâche» et «va-t'en».
Les slogans phare de la révolte anti-Moubarak ressurgissent«Dégage !», «Le peuple veut la chute du régime», slogans phare de la révolte qui a renversé Hosni Moubarak début 2011, ont scandé les protestataires, dont certains cognaient sur des lampadaires. Beaucoup, agitant des drapeaux égyptiens, accusent les Frères musulmans, dont Morsi est issu, d'avoir «vendu la révolution».
Des milliers de personnes continuaient d'affluer vers le palais dans le quartier d'Héliopolis, dans la banlieue du Caire, pour protester contre les nouveaux pouvoirs du président Morsi, que l'opposition qualifie de «dictatoriaux», et contre un projet de Constitution devant être soumis à référendum dans moins de 15 jours.
Plusieurs groupes et partis d'opposition avaient appelé à marcher «pacifiquement» sur le palais, dont les jeunes du 6-Avril, qui avaient contribué à lancer le soulèvement de 2011, et le parti de la Constitution du Nobel de la paix Mohamed ElBaradei. Des milliers de personnes manifestent également sur l'emblématique place Tahrir, dans le centre du Caire.
Le pouvoir judiciaire diviséLe pouvoir judiciaire, à qui le président a interdit de contester ses décisions, est aussi divisé. Le Conseil supérieur de la justice, en charge des affaires administratives de la magistrature, a décidé lundi de déléguer des magistrats pour superviser le référendum malgré l'appel au boycott de plusieurs juges, ouvrant la voie à la tenue du scrutin. En Egypte, les élections doivent en effet être placées sous supervision judiciaire.
Mais mardi, le Club des juges, un syndicat professionnel en faveur du boycott, a campé sur sa position. «Nous ne pardonnerons pas» aux juges qui superviseront le vote, a lancé son président, Ahmed al-Zind, en affirmant que le nombre de juges opposés à la supervision du référendum dépassait de loin le nombre de ceux qui y sont favorables.
Morsi assure que son décret est «temporaire» et qu'il vise à accélérer les réformes démocratiques et à mettre fin à une tumultueuse période de transition. L'opposition estime qu'il s'engage dans la voie dictatoriale qui a coûté la présidence à Hosni Moubarak. Pour les autorités, le référendum aura bien lieu et les Egyptiens de l'étranger sont appelés à voter à partir de samedi 8 décembre.
Le projet de loi fondamentale, adopté en toute hâte par une instance dominée par les islamistes, est accusé de ne pas protéger certains droits fondamentaux, dont la liberté d'expression, et d'ouvrir la porte à une application plus stricte de la loi islamique. Pour protester, plusieurs quotidiens indépendants et d'opposition ont décidé de ne pas paraître mardi.