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La majorité ne veut pas croire au scénario de la France rose
Publié le 27/12/2011 à 06:01 L'hémicycle du Sénat
INFOGRAPHIE - Depuis que le Sénat a basculé, la gauche se prend à rêver au «grand chelem» si elle gagne présidentielle et législatives en 2012.
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Une France rose en 2012: c'est le scénario catastrophe pour la majorité. Même durant les deux septennats de François Mitterrand, le Sénat était resté la forteresse de la droite. Mais si la gauche remporte en 2012 la présidentielle puis, dans la foulée, les élections législatives, elle aura tout: l'Élysée, Matignon, les deux assemblées parlementaires, 21 régions sur 22, 61 départements sur 101 (dont 56 en métropole), et 27 des 39 villes de plus de 100.000 habitants.
Dès le 14 mai dernier, le président du MoDem, François Bayrou, avait évoqué ce scénario, visionnaire à l'époque puisque le Sénat n'avait pas encore basculé à gauche, en soulignant: «L'élection du candidat du PS signifierait la concentration entre les mêmes mains, pour la première fois dans l'histoire de la République, de tous les pouvoirs locaux et nationaux.» Le 10 décembre, à Pau, le candidat centriste à l'Élysée a cette fois mis en garde l'opinion publique: «Je ne crois pas que l'on sortira le pays de ses difficultés en donnant à ce parti (le PS) tous les pouvoirs, de la plus petite commune jusqu'à la présidence de la République.»
«Cela pourrait mettre la France K.-O.» Le scénario est bien sûr «espéré» au PS, comme le précise Jean-Jack Queyranne. Le président de la région Rhône-Alpes, qui ne se représentera pas aux législatives, explique que «si la gauche gagne la présidentielle, elle a de bonnes chances de remporter ensuite les législatives. Ce serait une logique de confirmation .» Queyranne ajoute qu'il y a «de très fortes attentes des présidents de région» qui souhaitent que l'État «leur délègue des responsabilités nouvelles en matière économique». une nouvelle réforme de la décentralisation et une réforme fiscale.
À droite, on ne veut évidemment pas se résoudre à ce scénario d'une France repeinte en rose. «Ce serait une première. Heureusement, cela reste une hypothèse. Il faut mettre le doigt sur le fait que la gauche munie de tous les pouvoirs pourrait mettre la France K.-O.», explique le ministre des Transports, Thierry Mariani.
«Si la gauche gagne tous les pouvoirs, elle aura le pays à dos six mois après», veut croire Jacques Myard (Yvelines). Bien placé pour savoir qu'en 1981 un tel scénario, prédit par le RPR de l'époque, n'avait pas empêché François Mitterrand de rester le maître à l'Élysée pendant quatorze ans, avec tout de même deux législatives perdues et deux fois deux ans de cohabitation.
«Je ne peux pas croire à une marée totalement rose, car cela voudrait dire que les Français n'ont pas compris l'engagement quotidien du chef de l'État pour les protéger de la crise», explique Alain Gest (Somme), pour qui les élus UMP doivent se mobiliser pour «faire la pédagogie» du bilan de Nicolas Sarkozy.
« Partir à la reconquête »«On peut encore gagner, c'est l'argument essentiel. Il faut revenir à nos fondamentaux», résume Christian Vanneste (Nord). «La France rose, ce serait un affaiblissement du pluralisme, et un danger pour l'équilibre de nos institutions», estime Patrice Martin-Lalande (Loir-et-Cher).
«Si, par malheur, la gauche avait tous les leviers de pouvoir, on aurait alors un sacré travail de renaissance idéologique à faire», reconnaît Hervé Mariton (Drôme). «C'est un vrai problème. Le fait que nous ayons négligé les élections locales est extrêmement dangereux», prévient Bernard Debré. Le député de Paris se veut lucide: «Si la gauche remporte tous les pouvoirs, nous devrons partir à la reconquête, ville après ville.» Et ce, dès 2014. «Quand on perd, c'est que l'on a été mauvais. Jamais les élections nationales ne revêtiront un tel enjeu», insiste Lionnel Luca (Alpes-Maritimes).