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L'UMP veut priver le PS de la majorité absolue
Mis à jour le 22/05/2012 à 21:46 | publié le 22/05/2012 à 20:24
François Fillon, en campagne mardi dans la cinquième circonscription de Paris pour soutenir le candidat UMP Benjamin Lancar (au centre).
La menace de triangulaires avec le FN plane sur les candidats de la droite républicaine. Pour Jean-François Copé, voter Front national revient donc à favoriser la gauche.
«Attention», a prévenu Jean-François Copé mardi matin à l'adresse des Français. «Il faut que vous puissiez voter pour le plus grand nombre de députés de nos formations politiques, explique le secrétaire général de l'UMP au côté du président du Nouveau Centre, Hervé Morin. Parce qu'il en va de l'intérêt vital de la France.» Tel est le mot d'ordre à l'UMP depuis le soir du second tour de la présidentielle.
La situation est pour le moins délicate pour la majorité sortante. Nicolas Sarkozy n'a réuni que 27,2 % des suffrages au premier tour, soit le plus mauvais résultat pour la droite républicaine à une présidentielle depuis le début de la Ve République. Cette contre-performance, couplée au score historique de Marine Le Pen, laisse craindre un nouvel échec pour l'UMP aux législatives, notamment en raison du risque de triangulaires.
Pas étonnant, dès lors, que Jean-François Copé ait lancé mardi un nouvel appel aux électeurs tentés par le vote Front national aux législatives après avoir voté pour Marine Le Pen à la présidentielle: «Attention, l'expression du ras-le-bol, de l'exaspération a pour conséquence de faire passer la gauche, parce qu'il y a une alliance objective entre Marine Le Pen et François Hollande», a-t-il défendu. «Je dis aux Français qui veulent ou ont envie de voter Front national, qu'en votant Front national, on a la gauche qui passe, quand on vote Front national, on a Taubira et l'annulation des tribunaux correctionnels pour mineurs qui ont commis des actes passibles de plus de trois ans de prison», a-t-il ajouté. Christiane Taubira, la nouvelle ministre de la Justice, est l'une des cibles privilégiées de l'UMP depuis la formation du gouvernement.
«Points communs entre Mélenchon et le Pen»Écartant l'idée d'alliances locales entre l'UMP et le Front national, Copé a pointé du doigt les alliances entre le PS et les candidats du Front de gauche. «Rien de tel que de faire l'exercice comparé de leurs propositions pour voir qu'il y a pas mal de points communs entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, dans la manière dont ils s'expriment, dans la manière dont ils stigmatisent, et puis aussi dans les propositions qu'ils font!», a dénoncé Copé.
Ce double discours a pour objectif, comme lors de la présidentielle, de dissuader les électeurs centristes d'apporter leur vote à la gauche au second tour des législatives tout invitant ceux du FN à préférer les candidats de droite. Reste à limiter le nombre de triangulaires qui, selon les instituts de sondages, peut varier entre 70 et 200 en fonction des résultats du FN et de la par­ticipation.
À défaut d'une victoire de la droite qui obligerait François Hollande à une cohabitation, les espoirs sont de limiter la casse. La majorité sortante comprend près de 340 députés. Si l'UMP et le centre en perdent moins de 100, la majorité de gauche serait sous pression. Reste à savoir qui, de Copé, Fillon, Juppé et consorts, tirera le bénéfice de cette «défaite honorable» et sera à même de prendre les destinées de l'UMP en main lors du congrès de l'automne.
Si la droite, à l'inverse, devait tomber sous la barre des 230 élus, la situation serait tout autre. Chaque siège perdu en deçà de ce socle renforcerait l'idée d'une vague rose. Le passage du groupe UMP sous le seuil psychologique des 200 élus serait même une catastrophe. Mais cette hypothèse n'est pas sérieusement envisagée par les experts électoraux de l'UMP. Les ténors, eux, préfèrent entretenir l'espoir d'une cohabitation, sans véritablement y croire.