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Copé veut tourner la page, et vite
Publié le 28/11/2012 à 20:44
Jean-François Copé et Marc-Philippe Daubresse, lors d'une conférence de presse, mercredi, au siège de l'UMP.
Lassé des querelles, il souhaite se consacrer exclusivement à son rôle de président de l'UMP.«C'est fini. Point, basta, finito, terminado.» Non, ce soutien de Jean-François Copé ne parle pas de l'UMP et de l'avenir d'une droite réunie dans un grand parti. Mais des «tentatives de négociations», des «mains tendues», des «réunions de la dernière chance» que le président de l'UMP a conduites, offertes, organisées depuis la proclamation de son élection.
«J'ai fait jusqu'au bout tout ce que je pouvais pour arrondir les angles, a assuré Copé dès hier matin sur Europe 1. Je ne vais plus être “que” le premier des opposants.» Dans la journée, pourtant, il tentera une nouvelle proposition. Estimant que l'ultimatum d'un groupe de parlementaires «non alignés» relevait de la «sagesse», il se joint à leur appel et demande à nouveau à François Fillon«d'arrêter immédiatement le groupe dissident qu'il a formé». Mais le député de Seine-et-Marne ne semble pas y croire lui-même. Dans la même et très courte déclaration, il annonce déjà son intention: «Je ne compte pas m'exprimer beaucoup désormais sur ces questions statutaires qui exaspèrent les militants, les sympathisants, les Français. Tout cela doit trouver un terme.»
Omniprésent depuis le vote du 18 novembre, Jean-François Copé abandonne le «terrain piégé des polémiques» sur son élection, «des négociations biaisées». «Du dépôt des parrainages en septembre jusqu'à la négociation sous la férule de Sarkozy, nous avons joué franc-jeu avec le camp Fillon. Et nous l'avons fait à chaque fois en nous mordant les doigts. Maintenant, ça suffit», explique un parlementaire copéiste «exaspéré».
Dans l'entourage de Copé, ils sont une poignée à plaider, depuis plusieurs jours, pour «l'arrêt des frais». Lui ne l'a pas voulu jusqu'à mercredi. Au nom de son «engagement à réunir la famille coûte que coûte». «La vérité, c'est que François Fillon a cru qu'il allait l'emporter haut la main. Berné par les sondages, trompé par son entourage, estime un fidèle copéiste. Jamais il n'a même estimé que le résultat pouvait être serré. Alors, la victoire de Jean-François… Quand on a compris cela, on comprend tous les jours qui ont suivi. Quand on a compris cela, on réalise qu'il ne sert à rien de poursuivre les négociations avec des gens qui bluffent.»
Le «bluff de trop»Le «bluff de trop», selon les copéistes, c'est celui du groupe autonome. Quand il a la confirmation que le Journal officiel publie la liste des députés ayant rejoint le Rassemblement UMP de Fillon, Copé explose. À 7 h 30, il envoie un SMS à un ami sarkozyste pour lui annoncer qu'il va «tout casser». Quelques minutes plus tard, au micro d'Europe 1, il explique en «tirer les conséquences».
Dorénavant, on ne verra plus que Jean-François Copé «le premier des militants et le premier des opposants». Depuis la semaine dernière, il a tenté, tant bien que mal, d'assumer ce rôle. Sans jamais être audible. Mardi, une conférence téléphonique d'une heure et demie avec plusieurs cadres du parti dans les fédérations l'incite à s'engager plus activement dans cette voie. «Les cadres départementaux, les délégués de circonscriptions, les responsables jeunes allaient tous dans le même sens: ils sont les premiers à demander qu'on arrête la casse et que l'on emploie notre énergie à combattre la politique du gouvernement socialiste au lieu de nous déchirer», raconte un témoin de ces échanges.
Les proches de Copé achèvent de le convaincre en lui rappelant ses «atouts». «Tout le monde sait qu'il est un opposant intransigeant, il l'a montré à maintes reprises et notamment dans son débat avec François Hollande pendant la présidentielle. Et tout le monde sait qu'il est bon sur le terrain. Revenons aux fondamentaux», explique un collaborateur.
Cela ne veut pas dire, pour autant, que tous les contacts sont abandonnés. Mais Copé veut laisser ses missi dominici officier: Christian Jacob, qui doit réunir les députés divisés à l'Assemblée, Jean-Claude Gaudin et Jean-Pierre Raffarin, qui veillent au Sénat, Michèle Tabarot dans les fédérations. Des délégations d'autorité pour faire taire les rumeurs de dissensions entre les copéistes. «Nous n'avons plus le temps. Les municipales vont arriver vite et, pendant que l'on s'écharpe, le PS continue à faire n'importe quoi en toute impunité», alerte Roger Karoutchi.
Quant à la possibilité d'une réconciliation avec les fillonistes, personne ne l'exclut mais elle sera longue. «Le temps qu'il rumine sa défaite, estime un élu copéiste. Et puis, de toute façon, François Fillon a expliqué pendant la campagne qu'être président de l'UMP n'était pas une fin en soi. Et, depuis le scrutin, qu'il ne voulait pas être président. Eh bien, Jean-François Copé, lui, le veut. C'est pour cela qu'il a été élu et c'est à cette seule tâche qu'il va s'employer.» Pas sûr que cela soit aussi simple.