Jamel Administrateur
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Des heurts place Tahrir en Égypte
Publié le 27/11/2012 à 21:49
Des heurts ont éclaté aujourd'hui place Tahrir, au Caire, entre forces de l'ordre et opposants au président Mohamed Morsi qui réclament l'abrogation d'un décret qui, disent-ils, menace de plonger l'Egypte dans une nouvelle ère dictatoriale. L'appel à la mobilisation lancé par les libéraux, les laïcs et des organisations de gauche marque une escalade dans la crise la plus sérieuse que traverse le pays depuis l'arrivée au pouvoir en juin de Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, et expose au grand jour la fracture entre la confrérie islamiste et ses opposants.
La police a fait usage de gaz lacrymogène contre des jeunes manifestants qui leur jetaient des pierres dans les rues adjacentes à la place Tahrir, symbole de la révolution qui a renversé le régime d'Hosni Moubarak en février 2011. Des manifestations ont également eu lieu à Alexandrie, Suez, Al Minya et d'autres villes du Delta du Nil. Au Caire, un manifestant de 52 ans est mort après avoir inhalé du gaz. Il s'agit du second décès survenu lors de manifestations depuis jeudi, date de la publication du décret controversé. Sympathisants et opposants au président égyptien ont échangé des jets de pierres et certains ont lancé des cocktails Molotov à El-Mahalla El-Koubra, dans le delta du Nil, faisant quelque 200 blessés, a-t-on appris de source médicale. Le décret, qui élargit les prérogatives du chef de l'Etat, empêche toute contestation des décisions présidentielles dans l'attente de l'élection d'un nouveau parlement, ce qui ne devrait pas intervenir avant le milieu de 2013. Selon l'association de défense des droits de l'homme Human Rights Watch, il donne au président égyptien plus de pouvoir qu'au Conseil suprême des forces armées ayant assuré l'intérim après la chute de Hosni Moubarak. Les adversaires du président Morsi estiment que le décret révèle les tendances autocratiques d'un apparatchik des Frères musulmans qui a été jeté en prison sous Moubarak. "Nous ne voulons pas d'un nouveau dictateur. Le régime de Moubarak était dictatorial. Nous avons fait la révolution pour avoir la justice et la liberté", explique Ahmed Husseïni, 32 ans, interrogé tôt mardi sur la place centrale du Caire. "La principale demande est le retrait de la déclaration constitutionnelle (décret)", explique Amr Moussa, ex-secrétaire général de la Ligue arabe et ancien candidat à l'élection présidentielle qui a rejoint la coalition d'opposition, le Front du salut national. Pour Elijah Zarwan, membre du cercle de réflexion European Council on Foreign Relations, la présidence égyptienne réalise qu'elle a commis une erreur avec ce décret. "Ces deux derniers jours, des signes montrent que Morsi et la confrérie (des Frères musulmans) ont réalisé leur erreur (...) illustrant très clairement à quel point c'était un mauvais calcul politique", explique l'analyste. Mohamed Morsi a accepté hier soir un compromis proposé par le Conseil suprême de la magistrature qui prévoit de réduire la portée de ce décret. Il a accepté que seules ses décisions relatives aux "domaines de souveraineté" ne puissent pas faire l'objet de recours en justice. Selon les experts judiciaires, les domaines de souveraineté couvrent les éventuelles déclarations de guerre ou la convocation d'élections anticipées. Par le passé, ce terme a été utilisé de manière plus large et laisse place à l'interprétation. Le chef de l'Etat a rappelé hier le caractère temporaire du décret qui sera abrogé une fois la nouvelle Constitution adoptée et le nouveau Parlement élu. Le gouvernement de Mohamed Morsi affirme que le texte ne vise pas à concentrer les pouvoirs, mais au contraire à les déléguer et éviter une politisation de l'appareil judiciaire. | |
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