WEB - GOOGLE - ACTUALITÉ > International
Place Tahrir, Morsi prend à témoin les Égyptiens
Mis à jour le 29/06/2012 à 22:26 | publié le 29/06/2012 à 19:59
Mohamed Morsi en compagnie de ses supporteurs, vendredi après la prière à la mosquée d'el-Azhar, au Caire.
Après son discours de vendredi, le nouveau président doit prêter serment samedi devant la Cour constitutionnelle.
À la veille de son investiture officielle devant la Haute Cour constitutionnelle, le nouveau président égyptien, Mohammed Morsi, s'est rendu vendredi place Tahrir. «Il n'y a pas de pouvoir au-dessus du pouvoir du peuple», a-t-il notamment déclaré devant une foule nombreuse. Avant d'ajouter: «Aujourd'hui, vous êtes la source de ce pouvoir. Vous donnez ce pouvoir à qui vous voulez et vous le reprenez à qui vous voulez.» Des paroles rassurantes.
Le président élu a choisi le compromis, avant de se rendre samedi devant la Haute Cour constitutionnelle pour y être investi officiellement. Pris entre le marteau et l'enclume, le nouveau président se devait de donner des gages à la fois aux islamistes et aux révolutionnaires qui l'ont porté au pouvoir, tout en se pliant à la loi. Une situation d'autant plus difficile qu'une polémique a éclaté ces derniers jours à propos du lieu où doit se dérouler la passation de pouvoir entre le chef de l'État fraîchement élu et les autorités militaires.
Mohammed Morsi souhaitait initialement prêter serment devant le Parlement - conformément à l'ancienne déclaration constitutionnelle du pays -, où les Frères musulmans, dont le président est issu, disposent d'une confortable majorité. Mais le Parlement ayant été récemment dissous par une décision de justice pour illégalité dans le mode de scrutin, les militaires ont apporté un amendement à la nouvelle déclaration constitutionnelle qu'ils viennent d'émettre. Celui-ci renvoie la prestation de serment à la Haute Cour constitutionnelle.
L'affaire était délicate: en acceptant d'être investi devant ladite cour, Mohammed Morsi approuvait de fait la déclaration constitutionnelle provisoire adoptée par les hiérarques militaires, laquelle réduit de manière drastique les prérogatives du nouveau président. Le contenu de ce document est d'ailleurs vivement contesté par les manifestants de la place Tahrir, qui plaident pour son annulation.
«Pirouette habile»«En choisissant de se rendre place Tahrir la veille de sa prestation de serment devant la Cour constitutionnelle, Morsi a montré quelle était sa priorité et fait d'une pierre deux coups», a déclaré le juriste Nour Farhat, précisant qu'en agissant ainsi, il respectait la procédure constitutionnelle, et ipso facto la loi, tout en revendiquant son appartenance à la mouvance révolutionnaire. «Une pirouette habile de sa part», a jugé Nour Ferhat, convaincu que le président n'avait pas le choix s'il voulait être en mesure d'exercer officiellement son mandat.
Des mouvements révolutionnaires, à l'instar d'une branche du 6 avril, ont cependant refusé d'assister au discours du nouveau président, considéré comme un traître à la cause révolutionnaire. «Cette première concession faite au Conseil des forces armées confirme que ce sont bien les militaires qui ont la haute main sur le pays», a déploré Malak Labib, une militante de gauche.