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UMP : Alain Juppé lance sa commission de médiation
Publié le 22.11.2012 à 08h57 • Mis à jour le 22.11.2012 à 20h52
Jean-François Copé avant son interview par Jean-Pierre Elkabbach dans l'émission matinale d'Europe 1, le 22 novembre.
Jeudi 22 novembre, le psychodrame en cours à l'UMP s'est poursuivi. Depuis dimanche, la situation est bloquée, malgré la proclamation de l'élection de Jean-François Copé, lundi soir. Mercredi, le camp Fillon a riposté en contestant le résultat. Jeudi, Alain Juppé, cofondateur de l'UMP, s'est trouvé au cœur du conflit, faisant figure de recours : à l'issue d'une journée rocambolesque, il a annoncé en fin de journée qu'il lancerait dès la semaine prochaine sa médiation, qui devra rendre ses conclusions sous quinze jours.Juppé propose de présider une instance collégiale pour réexaminer les résultats Alain Juppé a annoncé jeudi soir que sa proposition de présider une commission indépendante pour sortir l'UMP de la crise autour de l'élection à la présidence du parti avait été acceptée par François Fillon et Jean-François Copé.
"Je souhaite les rencontrer ensemble dès la fin de cette semaine pour arrêter les modalités de travail de la commission que je présiderai", a dit l'ancien premier ministre dans un communiqué.
Il a précisé que cette commission serait constituée de cinq membres : lui-même, un membre désigné par François Fillon, un membre désigné par Jean-François Copé et deux membres qu'il désignera en accord avec les deux parties.
"Je souhaite également auditionner le président de la commission des recours pour fixer avec lui un calendrier de travail", a-t-il précisé.
Plus tôt, Alain Juppé avait lancé sur son compte Twitter un ultimatum aux deux camps rivaux, leur donnant jusqu'à 20 heures pour accepter sa proposition.
"Au-delà, je n'ai pas l'intention de me laisser instrumentaliser dans les confrontations délétères", avait souligné le maire de Bordeaux.
François Fillon se félicite de l'initiative d'Alain Juppé François Fillon s'est félicité, jeudi à 19 h 30, que
"la proposition d'Alain Juppé de mettre en place une commission indépendante pour sortir l'UMP de la crise ait été acceptée par tous".Il précise qu'il
"déposera auprès de [cette]
commission l'ensemble des recours relevant des irrégularités dans un certain nombre de fédérations". "Seule l'installation de la commission Juppé apportera une issue à cette situation, déclare-t-il. [Il]
fait désormais toute confiance à cette instance et se pliera naturellement à sa décision.".
Un peu plus tôt, Valérie Pécresse, filloniste, avait refusé qu'Alain Juppé rende son arbitrage après la commission des recours du parti, comme le proposait le camp Copé, car cela aurait, selon elle, réduit le maire de Bordeaux au rôle de
"censeur d'une décision d'une commission remplie de membres copéistes".François Fillon, jeudi soir,
"se félicite également du communiqué de la Cocoe" – la commission interne qui a proclamé lundi soir Jean-François Copé vainqueur –,
"reconnaissant l'omission des votes de trois fédérations ayant pour effet d'inverser le résultat de l'élection". Le camp Copé accepte l'arbitrage de Juppé, mais lance une grande charge contre les fraudes
Lors d'une conférence de presse, plus tôt dans l'après-midi, le copéiste Jérôme Lavrilleux a expliqué que Jean-François Copé acceptait la proposition d'Alain Juppé. Il a toutefois insisté sur le fait que la commission des recours devait d'abord trancher le différend indépendamment. Selon ce scénario, Alain Juppé serait intervenu dans un deuxième temps.
Les copéistes font donc une concession claire en acceptant l'arbitrage du maire de Bordeaux, mais cherchent à passer d'abord par la voie qu'ils privilégient, celle de la commission des recours de l'UMP.
Mais avant cela, Jérôme Lavrilleux a longuement égréné les fraudes qui, selon le camp Copé, ont eu lieu dans le premier bureau de Nice et en Nouvelle-Calédonie. Selon eux, en cas de recompte de l'ensemble des bulletins, les résultats définitifs seraient favorables à Jean-François Copé.
Plus tôt dans la journée, Jean-François Copé, nouveau patron de l'UMP, avait annoncé qu'il allait saisir la commission nationale des recours de l'UMP, et avait clairement écarté l'option d'un président intérimaire incarné par Alain Juppé :
"Nous ne sommes plus au temps du RPR des années 1990." La Cocoe a reconnu jeudi matin une erreur de décompteEn lever de rideau, la commission électorale de l'UMP (Cocoe) a reconnu jeudi matin que trois circonscriptions d'outre-mer n'avaient pas été
"prises en compte" dans le résultat final du scrutin pour la présidence, comme l'affirmaient depuis mercredi les fillonistes. Et que l'ajout de ces votes
"aboutirait vraisemblablement à une inversion des résultats".
Toutefois, indique-t-elle dans un communiqué, les statuts de l'UMP ne permettent pas de faire
"autre chose que le constat présent" et de
"publier de nouveaux résultats". La Cocoe demande en conséquence
"à la commission de recours de l'UMP de statuer", "en publiant des résultats définitifs".
Que peut-il se passer maintenant ? Ce cinquième jour de crise à l'UMP a rebattu les cartes. Les deux parties ayant accepté la médiation, elles devraient se plier à la décision finale de la commission Juppé. Que peut il se passer ? Difficile de le dire. Mercredi soir, M. Fillon a déclaré qu'il
"renonçait" à la présidence de l'UMP, mais était-ce une stratégie pour mieux imposer la solution Juppé ? Une direction collégiale semble difficile à mettre en place, mais une telle solution politique – qui évacuerait la question des fraudes – n'est pas exclue. D'ailleurs, M. Juppé – qui ne brigue pas, pour l'heure, l'investiture pour 2017 – avait proposé d'assurer une direction temporaire. Déclarer l'un ou l'autre vainqueur ou appeler à un nouveau vote restent théoriquement envisageables, tant la crise est profonde.