WEB - GOOGLE - ACTUALITÉ > Politique
UMP : Nicolas Sarkozy tente une nouvelle médiation
Mis à jour le 29/11/2012 à 22:40 | publié le 29/11/2012 à 21:32
Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé, en novembre 2011, à Meaux.
L'ex-président et Jean-François Copé, lors d'un déjeuner, ont à nouveau examiné les conditions d'un référendum à l'UMP.Nicolas Sarkozy n'est pas homme à jeter l'éponge à la première difficulté. Sa mission de bons offices entre Jean-François Copé et François Fillon, initiée mardi, a calé en quelques heures. Les oukases de deux camps, l'impossibilité pour l'ex-président de la République de s'impliquer publiquement - en raison de ses fonctions au Conseil constitutionnel et de son souhait de rester en retrait - auraient pu mettre un terme à cette branche des négociations qui devaient en terminer avec la guerre à l'UMP.
Jeudi matin, pourtant, Sarkozy propose à Copé un déjeuner. Pas dans ses bureaux comme celui organisé lundi avec Fillon, mais dans un établissement tout proche. Pas non plus pour une «médiation» - le terme est récusé par ses proches - mais plutôt dans un rôle de facilitateur. La ligne imposée de la discrétion semble plus ferme, aussi, qu'il y a trois jours.
Stratégie du passage en force Depuis mercredi, Copé a arrêté sa ligne de conduite: «Puisque aucun accord n'est possible avec les fillonistes qui changent d'heure en heure leurs conditions et refusent les nôtres, nous allons nous concentrer sur notre travail», résume un proche de Copé. On ne l'entendra plus répondre aux polémiques sur son élection mais assumer à 100% son rôle de président de l'UMP. Si les négociations se poursuivent, ce sont ses lieutenants qui s'y affairent: Christian Jacob et Luc Chatel à l'Assemblée, Jean-Pierre Raffarin et Roger Karoutchi au Sénat. La priorité définie est de reprendre le combat contre la politique du gouvernement, «le seul adversaire» et la machine à communiqués est relancée. Budget, PMA, sécurité, prix de l'essence… Huit sont envoyés à la presse jeudi à la mi-journée.
Cette stratégie du passage en force ne convient pas à Nicolas Sarkozy, qui souhaite une «sortie par le haut pour les deux protagonistes», selon plusieurs interlocuteurs du président. Lors du déjeuner «très amical et chaleureux», selon les proches des deux hommes, l'idée d'organiser un référendum sur l'opportunité d'un nouveau vote pour la présidence de l'UMP a de nouveau été évoquée. «C'est l'idée que Jean-François Copé, appuyé par Nicolas Sarkozy, a proposée à François Fillon et que les fillonistes ont enterrée en se lançant dans la création d'un groupe autonome et en refusant de suspendre les poursuites judiciaires», explique-t-on Rue de Vaugirard, au siège du parti. Si cette consultation était acceptée par les deux parties, un groupe de travail indépendant ou, plus vraisemblablement, paritaire devrait en fixer les modalités, le calendrier, la question… Jean-François Copé conserverait la présidence de l'UMP en attendant la mise en place de ce scrutin. Les fillonistes, eux, devraient en contrepartie du référendum renoncer à l'installation de son groupe autonome à l'Assemblée.
Calme relatifAucune conclusion n'aurait été tirée de ce déjeuner et les deux hommes «sont convenus de se reparler». Sans préciser de délai. Un témoin explique cependant que Jean François Copé est «sorti très affaibli» de cette rencontre: «il avait l'air beaucoup moins pugnace au moment du café.» Ce que nient catégoriquement les proches du président proclamé de l'UMP. «Je l'ai vu avant, il était très déterminé, je me suis entretenu après avec lui, il ne l'était pas moins», raconte un ami.
Si tout le monde semble vouloir se donner quelques heures de réflexion, le temps n'en est pas moins compté. Mardi prochain, le bureau de l'Assemblée doit se pencher sur les conditions pratiques de la constitution du groupe autonome de l'UMP. «Ce n'est pas vrai qu'un groupe parlementaire est provisoire, insiste un élu copéiste. Une fois constitué, la division est consommée.» Les copéistes continuent donc de demander l'abandon de toute initiative en ce sens comme de toute poursuite judiciaire par les fillonistes. Sans grand espoir: «François Fillon s'est rêvé président de la République; il finira président d'un groupe dissident», soupire un proche du président proclamé.
Dans un communiqué publié jeudi, François Fillon n'évoque pas ces deux pistes mais se félicite des initiatives en faveur d'un nouveau scrutin et demande «la mise en place immédiate d'un groupe de travail établissant les conditions d'une nouvelle consultation des adhérents». Selon un élu «non aligné», il faut en terminer avec les «ultimatums et conditions tombés du ciel et renouer tout simplement le dialogue». Un autre estime que «l'important aujourd'hui est que Copé et Fillon se mettent vite d'accord sur le principe d'une nouvelle rencontre, sans leur imposer d'objectif a priori».
D'autres poussent pour la réunion de la «commission des sages» de l'UMP, qui regroupe, selon les statuts du parti, les anciens présidents et secrétaires généraux Alain Juppé, Philippe Douste-Blazy, Patrick Devedjian, Xavier Bertrand, Jean-François Copé, mais aussi Christine Boutin et Frédéric Nihous (au titre de présidents de partis associés) et huit autres personnalités «choisies par les groupes parlementaires pour leur ancienneté». Le député des Yvelines David Douillet, qui consulte beaucoup l'entourage de Nicolas Sarkozy rue de Miromesnil, plaide pour cette solution depuis le début de la semaine. Une voie à laquelle les fillonistes semblent favorables.
Jeudi soir, alors que les consultations se poursuivaient, beaucoup espéraient que ces quelques heures de calme relatif permettront aux protagonistes de retrouver leurs esprits. «Je crains qu'au final ni Fillon ni Copé ne veuillent vraiment arranger la situation, déplore cependant un ténor de l'UMP. Chacun est en train de se constituer une task force.»