M. Sarkozy tente de revigorer la majorité, sonnée par ses propos sur la défaite
LEMONDE | 25.01.12 | 10h52 • Mis à jour le 25.01.12 | 10h54
Se battre. C'est le message lancé par Nicolas Sarkozy à sa majorité, mardi 24 janvier, alors que se diffusaient ses propos évoquant l'hypothèse d'une défaite à l'élection présidentielle. Le chef de l'Etat interviendra dimanche 29 janvier, à 20h15, sous la forme d'un entretien télévisé sur TF1, France 2, iTélé et BFM-TV.
Au petit-déjeuner de la majorité, mardi, M.Sarkozy s'est montré "combatif", selon un participant. Sa cible : le programme de son adversaire socialiste, François Hollande. Il a estimé que ce dernier, dans son discours du Bourget, dimanche, s'était livré à "une attaque absolument sans précédent contre les classes moyennes" en prônant "la progressivité de la CSG [contribution sociale généralisée], la suppression du quotient familial, l'indexation sur le revenu de la consommation d'eau, de gaz et d'électricité, ainsi que l'instauration d'une nouvelle tranche supplémentaire sur le revenu".
Toute la journée, les ténors de la droite se sont relayés pour cogner contre M. Hollande. Devant les députés de l'UMP, François Fillon s'en est pris aux attaques du socialiste contre "le monde de la finance". Il l'a accusé d'avoir "recours au bouc émissaire", jugeant "assez criminel d'utiliser cet argument qui existe depuis le Moyen Age".
ÊTRE "PUGNACE"
"Il nous a ressorti quelques vieilles lunes, a déclaré Alain Juppé sur Canal+. C'était un peu le retour à Mitterrand, le mur de l'argent, la finance. C'est très bien de se désigner un adversaire sans visage. Comme ça, on est sûr qu'il ne répondra pas." Le ministre des affaires étrangères portera la contradiction à M. Hollande, jeudi soir, sur France 2.
Le président du groupe UMP de l'Assemblée nationale, Christian Jacob, juge que, "maintenant que François Hollande est sorti du flou, il doit donner des explications". "Les 30 milliards d'euros de diminution des niches fiscales, où va-t-il les prendre ?", s'est-il interrogé. Et d'ajouter : "Quant à l'indexation des prix du gaz, de l'électricité et de l'eau sur les revenus, alors là, on est dans l'aberration la plus totale ! Ni Jacques Duclos ni Georges Marchais n'y avaient pensé !"
Devant quelque 260 parlementaires et 14 ministres invités au nouveau siège de l'UMP, Jean-François Copé a appelé la majorité à être "pugnace" et à "la mobilisation générale pour la victoire de Nicolas Sarkozy". "Nous allons entrer dans la dernière ligne droite, a indiqué le secrétaire général de l'UMP. Ma recommandation, c'est que, dans cette période, on soit solide, on soit déterminé, on soit courageux. On n'est pas obligé de se laisser impressionner. L'élection est en mai et, d'ici là, il va se passer beaucoup, beaucoup de choses."
QUESTIONS SUR LA STRATÉGIE
Il n'empêche : le moral des troupes en a pris un coup. "Je ne vais pas vous dire que l'ambiance à l'UMP est merveilleuse. On voit bien que les études d'opinion nous scotchent. Je vis cela très mal", confie le député de l'Indre Nicolas Forissier.
Cela relance aussi les interrogations sur la stratégie adoptée jusqu'à présent par les chefs de la majorité. "Mieux vaut faire de la politique que de la polémique, juge le député de la Drôme Hervé Mariton. Il ne faut pas en rester à la critique hyperfrontale, sinon on risque de se laisser satelliser par les propositions de François Hollande."
A mots couverts s'esquisse une critique de la ligne "massacre à la tronçonneuse" prônée par M. Copé. "Pour l'instant, nous n'arrivons pas à nous mettre en mouvement, poursuit M. Mariton. Cogner sur Hollande n'est pas la meilleure manière. On risque d'épuiser nos électeurs à force de s'enfermer dans la seule riposte. Mais on n'ose pas, de peur d'être en décalage avec le président, porter nos propres propositions."
Les échanges à l'Assemblée prennent, du coup, une tonalité de plus en plus agressive, comme en témoigne l'échange houleux qui a opposé le premier ministre et le président du groupe socialiste, Jean-Marc Ayrault, mardi, lors de la séance des questions au gouvernement.
Cela ne suffit pas à atténuer le désarroi dans la majorité. "On nous attaque, on nous accuse de tous les maux, mais nous n'avons pas réussi à lutter contre ça, déplore M. Forissier. Autant je pense que l'outrance de la gauche ne peut pas être acceptée, autant les tirs des snipers contre la gauche ne sont pas appropriés." Le doute est là.
Patrick Roger et Vanessa Schneider
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Oui, le doute est là.
Curieux discours de ces députés qui commencent à sortir du bois pour dire tout le mal qu'ils pensent de la stratégie UMP voulue par les Fillon, Copé, Hortefeux et consorts........ Et pourtant, ils ont été des soutiens inconditionnels pendant 5 ans. La peur de ne pas être reconduits leur donne des ailes probablement.
Amicalement
Pierre