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L'UMP suspendue à la médiation d'Alain Juppé
Mis à jour le 24/11/2012 à 19:19 | publié le 23/11/2012 à 19:49
Le fondateur de l'UMP espère «éviter l'éclatement» du parti.
Le maire de Bordeaux doit réunir François Fillon et Jean-François Copé dimanche.Trois hommes pour une crise, et autant de scénarios. Quand Alain Juppé convoque la presse à Bordeaux, vendredi midi, il a le feu vert de François Fillon et de Jean-François Copé pour lancer sa mission de «médiation». Le fondateur de l'UMP a «l'espoir d'éviter l'éclatement» du parti. Le «point dur», reconnaît-il, c'est la Commission nationale des recours (CNR). Fillon la juge acquise à Copé et ne veut pas en entendre parler. Copé estime qu'elle est la seule instance juridiquement fondée à régler les contentieux électoraux.
Juppé tente un compromis. Il donne raison en droit à Copé en admettant que c'est à la CNR «d'instruire les réclamations», mais réintroduit la politique dans le processus, comme le souhaitait Fillon, en se réservant le dernier mot. Et si la CNR refuse d'aligner ses conclusions sur celles du médiateur? «Je n'accepterai pas de continuer ma médiation», répond Juppé.
Le maire de Bordeaux use de la menace. Il demande à voir «ensemble» le vainqueur proclamé et le vaincu présumé, «au plus tard dimanche soir». «Si Fillon et Copé ne sont pas disponibles, j'en tirerai les conclusions», prévient-il. Il attend aussi des belligérants qu'ils cessent «les attaques personnelles et les noms d'oiseaux», et pose des «conditions» à la poursuite de sa mission. Il veut rencontrer Yanick Paternotte, le président de la CNR, avant qu'elle se réunisse. Il demande aux pro-Copé et aux pro-Fillon membres de la commission de «se déporter», c'est-à-dire de ne pas siéger. Il exige qu'un «observateur» choisi par lui assiste aux vérifications. Et enfin, il rappelle qu'il s'est fixé «une mission de quinze jours».
Cette dernière précision s'adresse à Fillon et à ses proches. L'ex-premier ministre «accepte toutes les conditions fixées par Alain Juppé». Dans la soirée, les fillonistes adressent leur recours à la CNR «conformément à la demande formulée par Alain Juppé». Pourtant ils anticipent déjà l'échec de la médiation et rêvent de voir le premier président de l'UMP reprendre du service à la tête du parti. Mais Juppé a limité sa mission à quinze jours pour ne «pas avoir de problème avec Bordeaux», comme il prend soin de le souligner devant les caméras. «Il est obsédé par les municipales», confie un juppéiste.
Conférence de pressePeut-il changer d'avis? Copé n'écarte aucune hypothèse. Après la conférence de presse de Juppé, le vainqueur proclamé réunit son comité stratégique au siège du parti. Il explique à ses troupes que Fillon veut installer une direction provisoire avec Juppé pendant six mois, le temps d'organiser une nouvelle élection à la présidence de l'UMP. Et qu'il ne laissera pas faire.
Copé appelle ensuite le maire du Bordeaux pour l'informer qu'il est «juridiquement impossible de modifier la composition de la commission des recours». En revanche, il accepte le principe d'une rencontre à trois, avec Fillon, dimanche à 19 heures. Il assure qu'il cédera «évidemment» la présidence de l'UMP si le réexamen des irrégularités donne un avantage à son adversaire, mais il n'y croit pas.
Pas question non plus, pour Copé, de se ranger à la solution préconisée par les fillonistes Gérard Longuet et Henri de Raincourt: la création d'un poste de «président du bureau politique de l'UMP», avec un bureau composé à parité de fillonistes et de copéistes. «Je n'ai pas fait tout ça pour me laisser voler la victoire», assure-t-il. La médiation a du plomb dans l'aile.