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Affaire Bettencourt : Sarkozy n'est pas mis en examen
Mis à jour le 22/11/2012 à 23:25 | publié le 22/11/2012 à 23:03
Nicolas Sarkozy à sa soprtie du Palais de justice jeudi soir.
Après une douzaine d'heures d'interrogatoire dans l'enquête sur la fortune de l'héritière de L'Oréal, l'ex-chef de l'État s'est vu accorder le statut de «témoin assisté».Après douze heures d'audition, Nicolas Sarkozy est sorti jeudi soir, peu après 22h30 du palais de Justice de Bordeaux, discrètement, mais sous le coup du soulagement. Le juge d'instruction Jean-Michel Gentil n'a finalement opté «que» pour le statut de témoin assisté, ce qui signifie que le magistrat n'a pas jugé les charges suffisamment lourdes pour une mise en examen.
Le juge d'instruction avait décidé de convoquer l'ancien chef de l'Etat afin de l'interroger, notamment, sur ses rendez-vous avec Liliane Bettencourt. Il cherchait à savoir si le candidat à la présidentielle n'avait pas profité de l'état de faiblesse de l'héritière de L'Oreal pour lui soutirer des sommes d'argent destinées au financement de sa campagne. Désormais, sauf rebondissement, l'ancien président va pouvoir se proclamer innocent, voire victime: il semblerait que le juge d'instruction ait confondu dans l'agenda de Nicolas Sarkozy Liliane Bettencourt avec Ingrid Betancourt... L'ancien président n'encourt en tout cas, sauf revirement peu probable de l'enquête, plus le risque de comparaître en correctionnelle sur ce dossier.
Pour l'avocat de Nicolas Sarkozy, c'est «une affaire qui n'existait pas et qui n'existe plus. En tous les cas, c'est la fin judiciairement des soupçons, des mises en cause dans la presse qui n'avaient aucun fondement». Patrick Balkany, député-maire UMP de Levallois-Perret et ami de Nicolas Sarkozy, a assuré que l'ex-chef de l'Etat venait de lui confier par téléphone qu'il se sentait «soulagé» et «heureux». Selon lui, l'ancien président lui a également dit: «Tu vois, il faut avoir confiance en la justice de son pays».
Une audition bien préparée S'il s'était bien gardé, comme son entourage, de toute expression publique sur l'affaire, Nicolas Sarkozy n'avait rien laissé au hasard. Thierry Herzog, qui plaidait en début de semaine à Paris dans l'affaire Tiberi, a passé deux jours à Bordeaux, en fin de semaine dernière, pour consulter le dossier, avant de travailler la défense avec son client. «Le danger pour Nicolas Sarkozy, c'est presque d'être finalement plus pointu sur le dossier que le juge lui-même, tant il a une mémoire précise, affûtée lance l'un de ses anciens collaborateurs. Il est hypermnésique». «En colère», selon les mots d'Isabelle Balkany, l'ancien président a préparé l'audition médiatique avec méticulosité.
L'ancien chef de l'État se sait dans le collimateur du juge depuis longtemps, si bien qu'il avait décidé de prendre les devant dès qu'il avait perdu son immunité présidentielle, en faisant adresser au juge d'instruction une copie de son emploi du temps du premier semestre de 2007. L'objectif visé par Thierry Herzog était de contredire les accusations portées contre son client en démentant, date par date les «prétendus rendez-vous secrets» au domicile des époux Bettencourt au printemps 2007, décrits par des témoins de la maison. L'agenda devant prouver qu'ils n'avaient «matériellement pas pu avoir lieu».
Cette précaution n'a pas empêché le juge de perquisitionner le domicile et le bureau privé de l'ancien président et de saisir ses autres agendas -présidentiel ceux là- soulignant d'autres concordances des temps qui intriguaient le juge. Jean-Michel Gentil a établi des mouvements de fonds, mais n'a pas identifié leurs destinataires. Les différents conseils de Nicolas Sarkozy - notamment Philippe Herzog et Patrick Ouart - ne semblent pas s'être accordés sur la conduite à tenir sur ses agendas qui, s'ils sont couverts par le secret, n'auraient pas du être saisis.