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Affaire Tapie : Pierre Estoup mis en examen pour escroquerie en bande organisée
Publié le 29.05.2013, 19h41 | Mise à jour : 20h49 Pierre Estoup est l’un des trois arbitres qui a décidé de l’indemnisation de Bernard Tapie à hauteur de 403M€ en 2008, une procédure aujourd’hui au cœur d’une enquête..
Paris, le 10 septembre 2008. Maurice Lantourne (à gauche, qui avait été lui aussi placé en garde à vue puis relâché sans avoir été présenté à un juge), l’avocat de Bernard Tapie (à droite), connaissait Pierre Estoup avant l’arbitrage.
Il est soupçonné d'avoir favorisé, avec d'autres, un arbitrage en faveur de Bernard Tapie.
Cette mise en examen a été décidée dans le cadre de l'enquête sur le volet non ministériel de l'affaire Tapie/Adidas ouverte en septembre 2012 pour «usage abusif des pouvoirs sociaux et recel de ce délit au préjudice du consortium de réalisation» (CDR), l'organisme qui gérait le passif du Crédit lyonnais. L'enquête a ensuite été élargie pour «faux, détournement de fonds publics, complicité et recel de ces délits». Les juges ont requalifié mercredi le «délit de faux par simulation d'acte en escroquerie en bande organisée», précise le communiqué du parquet de Paris.
Pierre Estoup était en garde à vue depuis lundiLes enquêteurs soupçonnaient M. Estoup d'avoir eu des liens anciens avec Bernard Tapie et avec son avocat, Me Maurice Lantourne. Des liens susceptibles de fausser l'arbitrage rendu en 2008 en faveur de l'homme d'affaires dans son litige avec le Crédit lyonnais sur la vente d'Adidas en 1993. En mettant en examen l'ex-haut magistrat pour escroquerie en bande organisée, les enquêteurs le soupçonnent d'avoir poussé, avec d'autres personnes, à un arbitrage très favorable à Bernard Tapie, selon une source proche du dossier.
Pierre Estoup avait été placé en garde à vue lundi, quatre jours après que la Cour de Justice de la République (CJR) eut placé sous statut de témoin assisté l'ancienne ministre de l'Economie, Christine Lagarde, qui avait donné son accord pour cet arbitrage.
La justice enquête, depuis septembre 2012, sur la légalité de l'arbitrage. De nombreuses perquisitions ont été réalisées notamment aux domiciles de Bernard Tapie et de Stéphane Richard, ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde, et au cabinet de Me Lantourne. Les policiers ont également perquisitionné les domiciles des trois juges arbitraux ainsi que le domicile et le bureau de Claude Guéant, ex-secrétaire général de l'Elysée.
L'Etat va se porter partie civilePlus tôt dans la journée, le ministère de l'Economie a assuré que l'Etat allait se constituer partie civile «dans les meilleurs délais». Cela sera fait vraisemblablement dès la semaine prochaine. Car ce sont les finances publiques, au travers du CDR chargé de solder le passif du Crédit lyonnais, qui ont déboursé les 403 millions d'euros accordés à Tapie. Les pouvoirs publics entendent ainsi «veiller à ce que les intérêts patrimoniaux de l'Etat ne soient pas lésés» et «avoir accès au dossier», a confié l'entourage du ministre Pierre Moscovici.