Obama dépêche Clinton pour sceller la trêve à Gaza

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Obama dépêche Clinton pour sceller la trêve à Gaza

Mis à jour le 21/11/2012 à 00:14 | publié le 20/11/2012 à 20:18


Hillary Clinton au côté de Barack Obama lors d‘une rencontre avec le premier ministre japonais, Yoshihiko Noda, mardi à Phnom Penh.

Lors de sa mission au Moyen-Orient, la secrétaire d'État doit rencontrer le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, ainsi que le président égyptien, Mohammed Morsi.

L'Administration Obama n'a pas, ces jours-ci, une main très forte pour jouer le rôle de médiateur au Moyen-Orient. Sa relation avec le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou reste empreinte de méfiance, ses relations avec le Hamas sont inexistantes et ses premiers contacts avec le nouveau régime du président égyptien Mohammed Morsi ont été plutôt frais.

Barack Obama, tout juste réélu, n'en a pas moins dépêché ce mardi Hillary Clinton au Moyen-Orient dans l'urgence, pour jouer les pompiers volants dans la nouvelle crise qui oppose Israéliens et Palestiniens du Hamas à Gaza. Celle-ci devait se rendre chez l'allié stratégique israélien, qui pèse le pour et le contre d'une invasion terrestre dans l'enclave palestinienne et devait ensuite passer à Ramallah pour tenter de remettre en selle le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, bien que celui-ci n'ait aucune prise sur ce conflit particulier. Puis elle fera route vers Le Caire pour y sonder les intentions de l'Égypte, seul canal crédible de négociation avec le Hamas.

Favoriser «une désescalade»

Cette mission, décidée dans l'urgence depuis l'Asie, où Barack Obama et Hillary Clinton effectuaient leur dernier voyage d'État commun (Clinton ayant annoncé son départ du département d'État), vise à favoriser «une désescalade», a expliqué le conseiller du président Obama, Ben Rhodes. «Les Américains n'ont pas d'autre choix que d'agir. Quand tout le monde s'active, comment rester passif?» notait mardi Aaron Miller, vice-président du Woodrow Wilson Center. «Le problème est que leur influence reste limitée», ajoutait-il, tout en croyant à la possibilité de «gagner du temps et de l'espace» pour un apaisement provisoire.

L'Administration Obama présente l'offensive d'Israël comme une action de légitime défense, en riposte aux tirs de roquettes récurrents du Hamas sur son territoire. «Israël a le droit de se défendre, c'est lui qui devra décider de ce qu'il doit faire pour assurer sa sécurité», a dit à plusieurs reprises le conseiller présidentiel, Ben Rhodes, mardi. Mais Hillary Clinton devrait plaider contre une opération terrestre à Gaza auprès de Nétanyahou. «J'imagine qu'elle a déjà cette promesse, car elle ne peut se permettre d'aller en Israël, puis de se retrouver démentie dans les faits, ce serait une humiliation inacceptable pour l'Amérique», note Miller, persuadé que «Nétanyahou n'est sans doute pas mécontent de voir arriver Clinton car il ne sait pas très bien comment sortir de la crise.»

Séquence de concessions

La question est de savoir quelles garanties Hillary Clinton peut arracher aux Égyptiens sur l'arrêt des tirs de roquettes depuis Gaza. «On sait que le Hamas réclame un arrêt des tirs israéliens, ce qui est le plus facile à obtenir. Mais ils veulent aussi un arrêt du blocus et des assassinats ciblés, autant de choses qu'Israël ne peut leur donner pour l'instant», explique l'expert, parlant «d'une séquence de concessions délicate à établir».

L'une des questions concerne le degré d'implication des Égyptiens, pris en tenaille «entre leur affiliation idéologique avec le Hamas et leur intérêt étatique plus large, qui commande de ne pas devenir prisonnier d'une organisation volatile», dit Miller. Plongé dans un jeu politique interne complexe, assailli de problèmes économiques, Morsi n'a nullement envie d'une guerre à sa porte. Il sait que des milliards d'aide américaine et internationale sont en jeu dans cette affaire, levier que Hillary ne manquera pas d'agiter subtilement.

Mais la difficulté de cette médiation est que personne ne semble plus croire à une solution stratégique à long terme. Le rêve de deux États israélien et palestinien vivant côte à côte, formulé par Obama en début de mandat, n'est plus mentionné que de manière mécanique. Cette absence de visibilité à long terme limitera nécessairement la marge de manœuvre de Hillary Clinton. «En dernier ressort, par le seul fait de survivre à la crise, c'est le Hamas qui va sortir renforcé», prédit Miller.