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Syrie : la lutte pour le pouvoir déchire l'opposition
Mis à jour le 08/11/2012 à 22:22 | publié le 08/11/2012 à 18:33
De la fumée s'échappe d'un quartier d'Alep, le 25 octobre dernier, après des combats entre rebelles et forces gouvernementales.
Les États-Unis soutiennent la création d'une instance dirigeante plus laïque.Leurs parrains arabes et internationaux vont-ils enfin parvenir à convaincre les opposants syriens de s'entendre pour renforcer leurs chances de faire tomber Bachar el-Assad? Rien n'est moins sûr. Les tractations, engagées à Doha depuis dimanche autour de cette priorité, ont surtout mis en évidence les divisions de cette opposition en exil, tiraillée entre un puissant pôle islamiste, qui ne veut rien lâcher, et des laïcs soutenus notamment par les États-Unis.
«Il faut que l'opposition surmonte ses divisions et arrive à s'entendre sur une instance dirigeante, qui aurait de la crédibilité aux yeux des Syriens de l'intérieur et de la communauté internationale», a insisté le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Ahmed Ben Hilli, présent à Doha aux côtés du chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, des secrétaires généraux de la Ligue arabe et du Conseil de coopération du Golfe, mais aussi de Beth Jones, secrétaire d'État adjoint américaine pour le Proche-Orient, et d'Éric Chevallier, en charge de la «task force» Syrie au Quai d'Orsay.
La mainmise des Frères musulmansIl s'agissait, initialement, de se mettre d'accord sur une nouvelle instance dirigeante pour unifier tous les opposants. Elle serait présidée par Riad Seif, ancien député et industriel sunnite damascène, activement soutenu par l'Allemagne et surtout par les États-Unis, qui en ont assez de la mainmise des Frères musulmans sur le Conseil national syrien (CNS), enterré la semaine dernière par la secrétaire d'État, Hillary Clinton, pour son incompétence. À la place, M. Seif propose la création d'un «Comité d'initiative nationale», rassemblant cinquante personnes qui désigneraient un gouvernement en exil. La France, après avoir porté le CNS sur les fonts baptismaux l'an dernier, soutient également M. Seif, personnalité modérée, qui jouit d'une réelle légitimité. Son initiative devait être examinée jeudi par les participants à la réunion de Doha.
Mais la veille, ses rivaux du CNS ont pris les devants pour verrouiller la situation. En deux temps. Ils ont d'abord élu de nouvelles instances dirigeantes - comité central et secrétariat général. Deux cents nouveaux membres ont rejoint le comité central (le portant à 400 membres), dont un tiers proches des rebelles. Mais un tiers des quarante membres du secrétariat général, qui désigne ce vendredi son nouveau président, sont en fait liés aux Frères musulmans, qui vont donc garder la haute main sur les décisions. Pour eux, pas question que le CNS soit dilué dans le «Comité d'initiative nationale», sauf à le contrôler. «Le CNS a prouvé qu'il était la force principale de l'opposition», fait valoir son président démissionnaire, Abdel Bassit Sida.
Le deuxième volet de la «manip» est intervenu mercredi soir lorsque le CNS a finalement présenté sa propre initiative pour fédérer l'opposition. Elle repose sur la tenue, dans «les territoires libérés, d'un congrès national de 300 membres». Un gouvernement de transition serait ensuite proclamé, «à condition de recevoir des garanties d'une reconnaissance internationale».
Qui l'emportera? La réponse appartient aux parrains internationaux: face aux États-Unis, qui entendent revenir dans le jeu syrien, le Qatar et la Turquie continueront-ils à soutenir le CNS, bien que décrié de toutes parts? Au risque de donner à Assad des arguments sur «l'opposition marionnette de l'étranger».