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Thierry Lepaon, un modéré à la tête de la CGT
Mis à jour le 06/11/2012 à 23:28 | publié le 06/11/2012 à 22:31
Thierry Lepaon prendra en mars 2013 les commandes de la première centrale syndicale de France.
L'ex-leader des Moulinex remplacera Bernard Thibault après le congrès de Toulouse, en mars.C'est désormais on ne peut plus officiel. Le comité national confédéral (CCN), le parlement de la CGT, a entériné ce mardi soir à la quasi-unanimité (119 voix pour et 2 abstentions), après deux heures de débat, la désignation de Thierry Lepaon pour succéder à Bernard Thibault, en mars 2013, à la tête de la première centrale syndicale de France. La confirmation de la prise de pouvoir de l'ex-leader des Moulinex au début des années 2000, soudeur de formation de 52 ans, met fin à une guerre de succession qui aura duré pas loin d'une année et qui laissera des traces.
Car Thierry Lepaon, même s'il est apprécié en interne et fait office de bon consensus, n'était pas le premier choix de Bernard Thi­bault. L'actuel patron de la CGT voulait qu'une femme lui succède. Pour marquer un peu plus l'his­toire du syndicalisme après quatorze ans de règne sans partage. Las… Sa favorite, Nadine Prigent, l'ex-dirigeante de la fédération Santé Sociaux, n'a pas passé le stade de la prédésignation lors du CCN de mai. Et ce, par deux fois, créant une crise d'une violence inédite à la tête de la CGT.
Thierry Lepaon, qui va prendre les rênes d'une organisation affaiblie, est tout sauf un radical. «Il est dans la ligne réformiste suivie par Bernard Thibault pendant ses mandats», confirme un expert en relations sociales. Lui-même l'a reconnu explicitement lorsque le patron de la CGT a sorti en octobre son nom du chapeau pour faire barrage au chouchou des princi­pales fédérations, Éric Aubin. Pas question, pour Thierry Lepaon, de tuer le père pour exister. Au contraire, son souhait est de «marcher dans ses pas», selon son expression.
Spécialiste de l'emploiÀ ceci près que le futur numéro un de la CGT est plus «politique » que Bernard Thibault. Il est encarté depuis longtemps au PCF, même s'il n'y a jamais exercé de responsabilité. Contrairement à Éric Aubin, il n'a pas critiqué non plus l'appel de Bernard Thibault à voter pour François Hollande au second tour de la présidentielle pour faire barrage à Nicolas Sarkozy.
Spécialiste des questions d'emploi et de formation, ce chantre de la lutte contre l'illettrisme - qui s'est fait beaucoup d'amis dans les rangs patronaux sur les bancs du Conseil économique, social et environnemental, dont il dirige la délégation CGT - devra gérer l'héritage laissé par Bernard Thibault. Tant sa fronde inédite contre l'ancien chef de l'État que son soutien à l'actuel président de la Répu­blique posent aujourd'hui des problèmes de positionnement à la centrale de la porte de Montreuil. «La CGT est obligée de durcir le ton pour faire oublier qu'elle a soutenu Mélenchon au premier tour et appelé à voter Hollande au second, explique un expert en syndicalisme. Et ce, d'autant que sa base est mécontente des premières réformes menées par le chef de l'État, qui font la part un peu trop belle au patronat.»
Même s'il est «un modéré ayant peu d'appétence pour une ligne radicale», dixit l'un de ses proches, Thierry Lepaon continuera donc à donner des gages à son aile dure. En critiquant l'action du gouvernement, en tapant sur le patronat et en appelant à la mobilisation dès que l'occasion se présentera. Mais sans pour autant pratiquer la politique de la chaise vide dans les négociations en cours. Comme Bernard Thibault depuis quatorze ans…