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Syrie : la Russie propose une résolution surprise à l'ONU
Publié le 15/12/2011 à 22:34 Le président russe Medvedev en conférence de presse le 15 décembre après un sommet UE-Russie.
Pressée par la communauté internationale de mettre la pression sur son allié syrien, la Russie a présenté contre toute attente un projet de résolution condamnant les violences perpétrées dans le pays «par toutes les parties».
La Russie vient de faire un grand pas diplomatique en envisageant pourla première fois de mettre la pression sur son allié historique syrien. Le pays, qui s'était jusque là opposé avec force à toute action de l'ONU, a surpris toute la communauté internationale en dévoilant un projet de résolution au Conseil de sécurité, dont il occupe ce mois-ci la présidence tournante, condamnant la répression en Syrie. Même si le texte mentionne de façon plus générale les violences commises «par toutes les parties», incluant donc l'opposition, il fait aussi explicitement référence «à l'usage disproportionné de la force par les autorités syriennes». Une première.
«Ce mouvement de la Russie est bienvenu», s'est félicité le prote-parole du Quai d'Orsay Bernard Valéro. «Cinq mille morts victimes de la répression depuis 10 mois, c'est un bilan accablant et inacceptable.» L'ambassadeur français à l'ONU, Gérard Araud, a lui aussi salué dans un communiqué «un événement extraordinaire puisque la Russie a enfin décidé de sortir de son inaction et de nous présenter une résolution sur la Syrie». «Le texte qui nous est présenté est un texte qui mérite évidemment beaucoup d'amendements car il est déséquilibré. Mais c'est un texte sur la base duquel nous allons négocier», a-t-il ajouté.
Les États-Unis «prêts à travailler avec la Russie»L'ambassadeur français s'était fait remarquer en début de semaine en estimant que l'ONU était «moralement responsable des souffrances du peuple syrien». «Le silence du Conseil de sécurité est un scandale», avait-il lancé. «Il est scandaleux que le Conseil, du fait de l'opposition de certains membres, n'ait pas pu agir pour exercer une pression sur les autorités syriennes», visant implicitement la Chine et la Russie. Les deux pays avaient fait valoir leur droit de veto le 4 octobre pour torpiller un précédent projet de résolution.
Les États-Unis ont également accueilli avec enthousiasme le changement d'attitude de la Russie. La secrétaire d'État Hillary Clinton a déjà affirmé que son pays était «prêt à travailler avec la Russie» sur un texte qui, en l'état, contient «des éléments que nous ne pourrions pas soutenir». Les Russes feraient notamment reposer de façon égale la responsabilité des violences sur l'opposition et les forces de l'ordres. Une «apparente parité» intenable pour son pays, a expliqué Hillary Clinton qui n'avait pas encore eu le temps de lire entièrement le document proposé par la Russie.
La secrétaire d'État a également souhaité que la Ligue arabe soit consultée au plus tôt sur le projet de résolution. Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue doivent justement tenir une réunion urgente samedi au Caire pour répondre à la proposition de la Syrie d'admettre des observateurs sur son sol en échange de la fin des sanctions décidées par la Ligue. Le chef de l'ONU Ban Ki-moon avait quant à lui exhorté mercredi la communauté internationale à agir. «Plus de cinq mille personnes sont mortes en Syrie, cela ne peut plus durer», avait-il déclaré.