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Syrie : la France va déposer un projet de résolution devant l'ONU
Le 09.09.2013 à 18h37 • Mis à jour le 10.09.2013 à 11h43
Laurent Fabius a annoncé le dépôt d'un projet de résolution sur la Syrie devant le Conseil de sécurité de l'ONU.
La Russie a tenté de reprendre la main dans le dossier syrien, lundi 9 septembre, en proposant à Damas de placer son arsenal chimique sous contrôle international, quelques heures seulement avant l'intervention du président américain Barack Obama prévue devant le Congrès pour défendre la nécessité de frapper militairement le régime de Bachar Al-Assad. "Nous appelons les dirigeants syriens à non seulement accepter de placer sous contrôle international leur stock d'armes chimiques, et ensuite à le détruire, mais aussi à rejoindre pleinement l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques", a déclaré Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, disant espérer une réponse
"rapide et positive" de Damas.
La réponse syrienne n'a pas tardé, par la voix du chef de la diplomatie Wallid Mouallem, qui a dit accueillir favorablement
"l'initiative russe, fondée sur les inquiétudes des dirigeants russes concernant la vie de nos citoyens et la sécurité de notre pays".
La France va déposer un projet de résolution devant l'ONU Laurent Fabius a déclaré, mardi 10 septembre, que la France accueillait la proposition russe
"avec intérêt et précaution" et annoncé le dépôt
"dans la journée" d'un projet de résolution devant l'ONU sur les armes chimiques du régime syrien. Ce projet de résolution s'inscrit
"sous le chapitre VII [de la Charte] des Nations unies" qui concerne
"les actions en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression", a précisé le ministre des affaires étrangères.
Dans le même temps, le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, a annoncé que
"l'ensemble de notre dispositif militaire reste prêt" malgré la proposition russe, qu'il a cependant qualifiée d'
"acte nouveau", comme le rapporte la journaliste du
Monde Nathalie Guibert, présente à sa conférence de presse.
Accueil favorable à Pékin et Téhéran La Chine a indiqué mardi
"saluer" et
"soutenir" la proposition russe de placer l'arsenal chimique syrien sous contrôle international.
"Nous saluons et apportons notre soutien à la proposition russe", a déclaré Hong Lei, oorte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, lors d'un point de presse régulier.
"La République islamique d'Iran accueille favorablement l'initiative [de la Russie] qui vise à empêcher toute action militaire" contre la Syrie, a déclaré mardi la porte-parole du ministère des affaires étrangères iranien, Marzieh Afgham, lors de son point de presse hebdomadaire.
"Nous voulons que notre région soit débarrassée de toutes les armes de destruction massive [...]. Ces efforts doivent aussi viser les armes chimiques dont disposent les groupes rebelles syriens, a-t-elle ajouté.
Nous avons déjà exprimé notre inquiétude quant à la possession d'armes chimiques par les groupes terroristes [terme utilisé pour désigner le Front Al-Nosra ou d'autres groupes liés à Al-Qaida en Syrie] et toute initiative doit s'étendre à ces groupes." Un développement "potentiellement positif" pour Obama Le président américain a qualifié la proposition russe de développement
"potentiellement positif" dans le conflit, et a promis de la prendre
"au sérieux". M. Obama, qui a accordé des interviews à six chaînes de télévision, a toutefois mis en garde contre toute tentative de diversion du régime de Bachar Al-Assad, et a estimé que ce changement d'attitude était le résultat des menaces de bombardements émises par son administration pour punir Damas d'avoir eu recours à son arsenal chimique.
"Ce à quoi nous assistons à mon avis, c'est que la menace digne de foi d'une frappe militaire des Etats-Unis [...] les a fait réfléchir sur la possibilité de prendre cette mesure, a déclaré le président à la chaîne NBC.
Et s'ils le font, alors cela pourrait constituer une percée importante. Mais il nous faut rester sceptiques parce que ce n'est pas ainsi que nous les avons vu fonctionner ces deux dernières années." M. Obama doit s'adresser mardi soir à la nation depuis le cadre solennel de la Maison Blanche.
Le vote du Congrès reporté Prévu mercredi, le vote de procédure au Sénat américain sur la résolution d'autorisation du recours à la force en Syrie – des frappes
"limitées", d'une durée maximale de quatre-vingt-dix jours, sans troupes au sol – a été reporté.
"Nous devons faire en sorte que le président ait l'opportunité de parler à tous les 100 sénateurs et aux 300 millions d'Américains avant [notre vote]", a annoncé le chef de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid.
Alors que l'administration Obama se livre, depuis dix jours, à une opération de grande envergure pour convaincre les élus et l'opinion publique de soutenir cette opération, ce report du vote pourrait sauver la face du président américain, qui se heurte à une importante opposition. Au cours de son entretien à NBC lundi, il a d'ailleurs confié ne pas être certain d'obtenir le soutien des élus – qui nécessiterait 60 voix de sénateurs favorables sur 100. Le
New York Times a décompté lundi que 23 d'entre eux s'étaient déclarés pour une intervention à ce jour, 25 contre, les 52 autres restant indécis.
Ban Ki-moon appelle à une destruction sous l'égide de l'ONU Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a pour sa part estimé que la Syrie devrait accepter la proposition russe, ajoutant qu'il y aurait dans ce cas
"une action très rapide" de la communauté internationale pour s'assurer que ces stocks d'armes chimiques soient détruits.
"J'étudie la possibilité de demander de manière urgente au Conseil de sécurité d'exiger le transfert immédiat des stocks d'armes et de précurseurs chimiques dans des zones en Syrie où ils pourraient être entreposés en sûreté et détruits", si les enquêteurs onusiens confirment l'utilisation d'armes prohibées dans le conflit syrien, a-t-il précisé.
"Un grand pas" pour Cameron, "intéressant" pour MerkelLe premier ministre britannique, David Cameron, a quant à lui estimé que la mise sous contrôle international de l'arsenal chimique syrien
"serait un grand pas", tout en soulignant qu'il fallait s'assurer qu'
"il ne s'agit pas d'une manœuvre de diversion".
La chancelière allemande, Angela Merkel, a jugé
"intéressante" la proposition russe de placer l'arsenal chimique syrien sous contrôle international, tout en réitérant son opposition catégorique à une intervention militaire.
Damas veut "gagner du temps", selon le chef des rebelles syriensL'opposition syrienne a elle dénoncé l'offre.
"Le dernier appel du [ministre des affaires étrangères russes Sergueï] Lavrov est une manœuvre politique qui s'inscrit dans le cadre des atermoiements inutiles et qui n'apportera que davantage de morts et de destructions pour le peuple syrien", selon un communiqué publié dans la nuit de lundi à mardi.
Lundi, le chef des rebelles syriens, Selim Idriss, a accusé le régime de Bachar Al-Assad et son allié russe de mentir au sujet de la proposition russe.
"Nous avertissons la communauté internationale que le régime dit des mensonges, et que le menteur Poutine est son professeur", a déclaré le chef d'état-major de l'Armée syrienne libre à la chaîne de télévision Al-Jazira.
Damas et Moscou
"savent qu'un vote au Congrès [américain] arrive, et ils savent que de telles frappes entraîneront la chute du régime", a également affirmé le général Idriss, qui continue à
"appeler à des frappes" internationales.[/b]