WEB - GOOGLE - ACTUALITÉ Politique
Les ministres Verts sauvent leur tête
Mis à jour le 25/09/2012 à 00:08 | publié le 24/09/2012 à 19:59
Cécile Duflot, ministre du Logement, début septembre dans son bureau.
Soucieux d'éviter une crise, Hollande et Ayrault ont exclu toute démission de Duflot et Canfin.Halte au feu! Matignon a dû jouer les démineurs, lundi, afin d'éviter toute crise gouvernementale dans une période déjà agitée pour l'exécutif, alors que sa courbe de popularité est en chute libre et que les mauvaises nouvelles s'accumulent (mauvais chiffres du chômage, plans sociaux, etc.). Pas question pour François Hollande et Jean-Marc Ayrault de débarquer les deux ministres Verts, après la décision d'Europe Écologie-Les Verts (EELV) de s'opposer au traité budgétaire européen, qui sera examiné début octobre par le Parlement. «Leur démission n'est pas du tout à l'ordre du jour», coupait-on à Matignon, lundi. Même tonalité à l'Élysée: «Cécile Duflot et Pascal Canfin sont ministres et militants Verts, mais ils sont avant tout ministres! Le vote d'EELV ne change rien pour eux.» Fermez le ban.
Sous pression, la ministre du Logement, Cécile Duflot, qui était restée muette jusqu'alors, a été sommée de sortir de l'ambiguïté, lundi. Contrairement à Pascal Canfin, qui avait appelé mi-septembre à ne pas s'opposer au traité européen, Cécile Duflot était restée vague et en retrait sur le sujet. Une position difficilement tenable, alors que les appels à la démission se sont multipliés à droite. En contact avec Jean-Marc Ayrault ce week-end, la ministre a hésité sur la stratégie à adopter. Elle a d'abord annulé lundi matin une conférence de presse avec Action pour le logement (son entourage jure que ce n'est «pas lié à l'actualité»). Avant de s'inviter finalement au JT de France 2.
Sur le plateau, la ministre a pesté contre «la droite», qui réclame sa ­démission. Et indiqué qu'elle resterait au gouvernement, tant qu'elle serait «utile». Elle s'est ensuite livrée à un exercice d'équilibriste, se réfugiant derrière son «statut» de ministre pour refuser de livrer sa «position personnelle», «pas intéressante». «Vous imaginez la cacophonie si les uns et les autres faisaient part de leurs états d'âme, a-t-elle éludé. (…) Ma position est très simple, être ministre, ça veut dire s'appliquer un principe de solidarité gouvernementale. Je soutiens (donc) le gouvernement.» Cécile Duflot n'a pas désavoué pour autant les écologistes, qui ont le droit de «débattre» et de faire valoir «une forme de liberté», tout en faisant preuve de «responsabilité» en tant que membres de la majorité.
Au sommet de l'État, on tente de relativiser le vote d'EELV, qui vient affaiblir encore le gouvernement, déjà confronté à la fronde d'élus PS sur le sujet. «Ce vote n'est pas une surprise, on ne tombe pas de l'armoire, relativise un conseiller du premier ministre. C'est la position des députés qui compte. On a encore dix jours pour les convaincre de ratifier ce traité.»
«Immaturité politique»Reste que l'épineuse question de la gestion de la majorité se pose ici de manière brutale aux deux têtes de l'exécutif. «Le problème se pose d'abord pour Hollande, s'inquiète un député PS. Le vrai sujet, c'est la façon dont il va gérer les partenaires Verts sur ce dossier européen, où il se trouve en première ligne!»«En politique, il faut faire preuve de cohérence et de ­cohésion, insiste le futur numéro 2 du PS, Guillaume Bachelay. Les formations politiques qui appartiennent à la majorité ont en partage le projet du président.»«Une majorité politique, c'est rarement un lac d'eau claire», relativise le député PS Christian Paul.
En public ou en privé, les socialistes se déchaînent depuis samedi contre leurs turbulents alliés. «Ils ont fait preuve d'immaturité politique, tacle le député Malek Boutih. On leur passait ce comportement erratique et amateur quand ils étaient une force périphérique au pouvoir politique. Mais ça va devenir compliqué pour eux. Ils ne pourront pas tenir cinq ans dans la majorité en se comportant comme cela.»«Les Verts sont dans la m…! Ils doivent arriver à faire une synthèse entre une base gauchiste et radicale et des élus et des responsables réformistes», ajoute une sénatrice PS.
Toute la journée, les responsables PS se sont relayés pour appeler les Verts à la «raison». La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud- Belkacem, a ouvert le feu lundi, sur RMC, appelant Cécile Duflot et Pascal Canfin à la «solidarité gouvernementale». «La cohérence, c'est de tenir les engagements sur lesquels François Hollande a été élu le 6 mai dernier», a-t-elle insisté.
De son côté, le député de Seine-et-Marne, Olivier Faure, a rappelé que Duflot et Canfin avaient participé au Conseil des ministres auquel avait été soumis le projet de loi de ratification. «Donc, de ce point de vue, ils ont participé à l'adoption de ce traité», a-t-il conclu sur France Inter. Le ­député a invité les deux ministres écolos à «mener une action diplomatique en direction des leurs…» Ambiance.