WEB - GOOGLE - ACTUALITE > Politique
Les ministres s'apprêtent à rendre public leur patrimoine
Mis à jour le 14/04/2013 à 18:13 - Publié le 14/04/2013 à 17:38
Le gouvernement dans la cour de l'Élysée, en janvier.
Les déclarations seront mises en ligne lundi en fin d'après-midi sur le site Internet du gouvernement. Si les Français y sont majoritairement favorables, cette opération de transparence suscite un malaise au sein de la classe politique.
» Le «grand déballage» sur le site du gouvernementC'est une décision inédite, destinée à recréer de la confiance après le scandale Cahuzac: lundi, aux alentours de 17heures, les patrimoines des 37 ministres, dont celui de Jean-Marc Ayrault, seront rendus publics sur le site Internet du gouvernement. Les déclarations ont été collectées depuis jeudi. Appartements, résidences secondaires, comptes en banque, épargne, participations dans des entreprises… tout devra y être consigné. Les ministres devront jouer le jeu de la transparence, comme il est d'usage dans la quasi-totalité des pays européens.
» Certains ministres ont pris les devantsPlusieurs ministres ont réagi aux annonces faites par François Hollande sur la moralisation de la vie publique, en dévoilant déjà leur patrimoine. Marie-Arlette Carlotti, ministre en charge des Personnes handicapées, a dégainé la première en se déclarant propriétaire, entre autres, de deux appartements, l'un à Marseille, l'autre en Haute-Corse, ainsi que d'une maison dans l'Hérault, d'une valeur totale de 565.000 euros. Fidèles à l'engagement de leur parti dans le combat pour la transparence, les deux ministres écologistes, Cécile Duflot (Logement) et Pascal Canfin (Développement), ont eux aussi détaillé leurs biens. La première dispose d'une maison dans les Landes ainsi que de deux voitures, une Twingo et une 4L. Le second a quant à lui un appartement à Paris, une assurance-vie, et des parts sociales dans le magazine
Alternatives économiques et dans deux librairies de la Nièvre. Plus anecdotique, Arnaud Montebourg a expliqué au
Monde être propriétaire d'une demi-place de parking à Dijon et d'un «fauteuil Charles Eames acheté pour 28.000 francs»…
» D'autres sont plus réticentsCette mise à nu contrainte n'est pas au goût de tous au sein du gouvernement, où l'on craint des dérives dans la réutilisation des données publiées, comme la probable publication d'un palmarès des ministres les plus riches. Certains mettent en avant le respect de leur vie privée et de celles de leurs proches. «Mon mari n'a pas épousé la classe politique tout entière», a ainsi expliqué la ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu. D'autres regrettent de devoir mettre sur la table des souvenirs très intimes, «ce que m'a légué ma grand-mère, mon père», comme l'a expliqué Yamina Benguigui, ministre à la Francophonie.
Ces réticences font écho aux réserves émises par bon nombre de parlementaires, qui devront eux aussi se plier à l'exercice, lorsque la loi sur la moralisation présentée en Conseil des ministres dans dix jours sera votée. À gauche, la critique la plus remarquée est venue du président de l'Assemblée, Claude Bartolone, qui a mis en garde l'exécutif contre le «voyeurisme» que l'initiative peut engendrer. Un point de vue largement partagé à droite. «Demain, grand effeuillage du Crazy Horse gouvernemental: tous les voyeurs vont ajuster leurs jumelles de théâtre!» ironisait dimanche l'ancien ministre UMP Dominique Bussereau sur Twitter.
» Les Français demandeurs de transparenceReste que l'opération transparence lancée par la majorité pour tenter d'effacer les ravages de l'affaire Cahuzac semble bien perçue par les Français. Selon un sondage Ifop pour le
JDD, 63% d'entre eux estiment que la publication du patrimoine des élus est une «mesure nécessaire dans une démocratie moderne». Les sondés semblent également ne pas se préoccuper du niveau de richesse des ministres: 70% d'entre eux réagiraient avec «indifférence» s'ils apprenaient que le patrimoine d'un membre du gouvernement est «très élevé». De quoi rassurer Laurent Fabius, Marisol Touraine et Michèle Delaunay, les trois ministres ayant publiquement reconnu être soumis à l'impôt sur la fortune.