ILS RETARDENT LES FORMALITÉS POUR SA CONSTITUTION :30 nouveaux ministres feront leur entrée au gouvernement
Mercredi 13 Juin 2012
Par Ahmed MESBAH
Le Palais du gouvernement verra la rentrée de nouveaux ministres
Le choix des nouveaux ministres, les festivités du 5 Juillet et le CC du FLN bloquent la nouvelle équipe gouvernementale.
De nombreux éléments sont avancés pour expliquer la lenteur caractérisant la constitution du nouveau gouvernement. Pour l'instant, on évoque les festivités du 5 Juillet et le CC du FLN. Ce sont deux éléments qui seraient à l'origine du blocage de l'annonce de la composition de la nouvelle équipe gouvernementale. Mais il y a un troisième élément qui n'a pas bénéficié de tout l'intérêt qui lui sied. En effet, si comme le prévoient les analystes, seulement une dizaine de ministres seraient maintenus en poste, le Président Bouteflika serait dans l'obligation de choisir une trentaine de nouveaux titulaires de portefeuilles ministériels. Qui seront-ils? De quelle source le Président ira-t-il puiser? Seront-ils des cadres de partis traditionnels comme le FLN, le RND et le MSP? Elargira-t-il son champ d'investigation pour inclure le FFS? Quelle sera la dose de ministres technocrates et sans appartenance partisane? Ce sont autant de questions que se posent les citoyens et ce ne sont pas les seules.
Combien de jeunes vont-ils figurer sur la photo de famille? Surtout, combien de femmes? Parmi tous ces nouveaux, combien seront-ils à avoir servi dans les rouages de l'Etat et qui découvrira, pour la première fois, la dure réalité de l'exercice du pouvoir? Comment, enfin, Bouteflika pourrait-il s'accommoder de 30 nouvelles personnalités qu'il doit rencontrer en collectif lors des Conseils des ministres et en tête-à-tête lorsqu'il s'agit de discuter de thèmes précis comme il a l'habitude de le faire à chaque mois de Ramadhan? Le Président a déjà procédé à plusieurs remaniements ministériels, mais en maintenant une grande partie de ministres en place. Le scénario va-t-il être réédité après les élections de mai dernier qui ont suscité l'espoir d'un renouvellement de la classe politique, de son rajeunissement et de sa féminisation? En tout cas, cette question de choix des hommes et des femmes pourrait bien être l'un des facteurs à avoir retardé la démission de Ouyahia.
Des explications de cette sorte permettent d'évacuer toute spéculation sur une éventuelle crise au sommet de l'Etat en ramenant tout le débat à des dispositions techniques bien qu'elle ne soient pas dénuées d'implications politiques.Quelle que soit la raison d'une telle lenteur pour constituer le gouvernement, il ne faut pas perdre de vue les préoccupations des citoyens et même des cercles politiques qui ont hâte de voir de nouveaux visages gouverner l'Algérie.
De toute évidence, les votants qui se sont déplacés aux urnes le 10 mai dernier et même les abstentionnistes ont adressé un message clair au gouvernement. Ils veulent tous du sang neuf. Même les chefs de parti à l'instar de Belkhadem, pensent qu'un changement est utile à commencer par la nomination d'une nouvelle personnalité au poste de Premier ministre. Certains n'hésitent pas à affirmer qu'il est nécessaire d'imprimer un nouveau cap à la gestion des affaires de l'Etat en suggérant que la politique suivie par Ouyahia s'est soldée par un échec. Il n'a pas besoin qu'on lui rappelle les échecs du gouvernement. Il les admets volontiers non sans y associer ses partenaires au sein de l'Alliance.
Les citoyens et la classe politique ne sont pas les seuls à être conscients de la nécessité du changement. Le président de la République a appelé à offrir sa chance à la relève. Le voeu sera-t-il concrétisé?Ou bien les blocages auront-ils raison de la volonté de recrutement d'un nouveau personnel politique?Est-ce l'hésitation du FFS qui renvoie la formation du nouveau gouvernement aux calendes grecques? Est-ce la recherche d'hommes et de femmes nouveaux qui prend autant de temps? On aurait pu penser un instant que l'écueil du MSP était grand devant cette quête de changement. Mais on a appris qu'il n'y a plus aucun verrou qui empêche les cadres du parti islamiste d'entrer au gouvernement. Du côté du FLN, les choses sont également loin d'être claires. Le CC n'est attendu que pour la mi-juin. Le sort de Belkhadem est en jeu. Il serait malvenu de lui accorder le privilège de choisir des ministres alors que lui-même est dans une situation peu enviable.
Les ministres issus de ce choix courent le risque d'être tout aussi contestés que leur chef qui n'est pas sûr d'occuper pour longtemps le fauteuil de secrétaire général du vieux parti. Pour toutes ces raisons, les citoyens ne connaîtront les nouveaux ministres que deux mois après les législatives. Cela paraîtra trop long pour plus d'un. Le bon sens aurait voulu qu'on embraie tout de suite sur le succès du FLN aux législatives pour savourer pleinement sa victoire.