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L'hostilité des Français au vote des étrangers se renforce
Publié le 21/09/2012 à 09:34
Deux sondages successifs montrent la réticence grandissante des Français au droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales. Une promesse de campagne de François Hollande que le gouvernement risque d'avoir du mal à tenir.
La majorité a tâtonné ces derniers jours sur le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales. Ira, ira pas… La question est restée en suspens pendant quelques heures, après l'appel lundi de 75 députés PS à respecter la promesse de campagne de François Hollande et les doutes du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, sur l'urgence d'une telle mesure. Jusqu'à ce que l'Élysée et le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, mettent fin au suspense. Matignon a assuré mercredi qu'un projet de loi serait prêt en 2013. Mais au regard des derniers sondages sur le sujet, on comprend le peu d'empressement de la majorité à appliquer cette mesure phare de la gauche, déjà promise par François Mitterrand en 1981. Plus de six Français sur dix (63%) s'y disent aujourd'hui opposés, selon un sondage CSA* pour RTL diffusé jeudi. Une progression spectaculaire de 21 points par rapport à 2010, qui «témoigne d'un inversement de tendance particulièrement brutal au sein de l'opinion», selon Yves-Marie Cann, directeur d'études du pôle opinion de CSA.
Ce renversement de situation est particulièrement marqué parmi les sympathisants de gauche, où les soutiens au droit de vote des étrangers ont baissé de 17 points en deux ans. Parmi les militants PS, la chute est de 23 points. Dans le même temps, les soutiens à droite diminuent de 10 points. Ces résultats «témoignent du fait que le projet, déjà rejeté par la droite dans le passé, est loin de faire l'unanimité à gauche, y compris chez les sympathisants socialistes», analyse Yves-Marie Cann, directeur d'étude. Au total, 60% des sympathisants de gauche soutiennent cet engagement de campagne de François Hollande, contre 18% à droite et 16% au Front national. «L'analyse des résultats laisse aussi apparaître un clivage social important, fréquemment observé sur les enjeux d'immigration: 68% des ouvriers expriment leur opposition (dont 47% se disent de «très opposés») contre seulement 34% des cadres, lesquels soutiennent très majoritairement le projet (66%)», note l'étude.
«Une perspective inquiétante pour la cohésion nationale»
Mercredi, une enquête Ifop-Atlantico ** faisait déjà état de résultats similaires, avec 61% des Français opposés à cette mesure. Une évolution radicale là aussi puisqu'en décembre dernier, ce même institut recensait 55% de Français pour le droit de vote des étrangers, contre 39% désormais. Les sympathisants de gauche, qui étaient 76% à y être favorables fin 2011, le restent en grande majorité (72%). Le raidissement est beaucoup plus net à droite: les sympathisants UMP favorables au projet passent de 37% à 11%, ceux du FN de 20% à 8%.
Profitant du flottement de la majorité sur le sujet, l'UMP a lancé mercredi soir sur son site internet une pétition nationale contre un projet qualifié par son secrétaire général, Jean-François Copé, de «perspective extrêmement inquiétante pour la cohésion nationale». Celle-ci avait recueilli vendredi matin, à 9 heures, près de 60.000 signatures. «Favoriser le vote communautariste pour compenser la perte du vote populaire, c'est le calcul d'une gauche qui sacrifie l'intérêt général pour garder le pouvoir», accuse l'UMP, qui réclame un référendum sur le sujet. Le parti va diffuser deux millions de tracts bleu-blanc-rouge - «Non au droit de vote des étrangers» - dans toute la France. Les personnes qui le souhaitent pourront signer la pétition sur ce tract et la renvoyer au siège du parti, à Paris.
* Le sondage CSA a été réalisé par internet du 18 au 19 septembre sur un échantillon représentatif de 1.007 personnes âgées de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.
**Le sondage Ifop a été réalisé par téléphone du 18 au 19 septembre 2012, auprès d'un échantillon de 1.174 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.