WEB - GOOGLE - ÉCONOMIE ACTU-ECO Conjoncture
Le plan auto limité à la voiture verte
Mis à jour le 26/07/2012 à 00:03 | publié le 25/07/2012 à 21:08
Michel Sapin et Arnaud Montebourg.
Le gouvernement accentue les aides aux voitures hybrides et électriques, sur un marché encore balbutiant.Le gouvernement promettait depuis des semaines un plan «ambitieux» pour l'industrie automobile française, en grande difficulté. Bouclé en un délai très court et dans un contexte budgétaire tendu, il donnera, comme prévu, un coup de pouce supplémentaire aux voitures hybrides et électriques. Si ces initiatives doivent aider au démarrage d'un marché balbutiant, elles semblent insuffisantes pour réduire les problèmes structurels du secteur.
Mesure phare du plan, présenté par Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, et Michel Sapin, ministre de l'Emploi, le bonus pour l'achat d'un véhicule électrique, créé en 2008, passe de 5000 euros à 7000 euros et se situera entre 2000 et 4000 euros pour une voiture hybride, contre 2000 aujourd'hui. Ces incitations seront élargies aux véhicules de société. Les bonus concernant les véhicules thermiques les moins émetteurs de CO2 vont aussi être augmentés, mais de façon peu significative, de 100 ou 150 euros. Parallèlement, les malus sur les gros modèles seront doublés.
L'État s'engage par ailleurs à ce que 25 % des voitures qu'il achète soient hybrides ou électriques, soit 1500 exemplaires par an. En convainquant les collectivités locales de l'imiter, il compte arriver à 11.000 voitures par an.
Sur le plan financier, l'ensemble des bonus coûtera 490 millions d'euros en 2013. Parmi les autres dépenses supplémentaires, 120 millions seront consacrés au soutien des PME qui investissent.
D'autres éléments du plan s'appuient en revanche sur des fonds existants. 350 millions restant du grand emprunt pour les véhicules du futur seront attribués à la recherche dans ce domaine. Le FMEA (fonds de modernisation des équipementiers automobile) pourra investir les 260 millions dont il dispose encore. Enfin, la banque Oséo mobilisera 150 millions pour soutenir la trésorerie des sous-traitants et 100 millions pour l'investissement. Des bornes de recharge seront par ailleurs installées dans douze villes, aidées par des fonds du grand emprunt et de la Banque européenne d'investissement.
En «contrepartie» à ces aides, «nous demandons la pérennisation des sites», a déclaré Arnaud Montebourg, évoquant le maintien en France de la recherche et développement. Le ministre souhaite par ailleurs demander la mise sous surveillance de l'accord entre l'Union européenne et la Corée, qui facilite l'entrée de constructeurs coréens, accusés de «concurrence déloyale».
Problèmes de compétitivitéCe plan «s'inscrit avec une très, très grande détermination dans le redressement de la filière automobile», a estimé Jean-Marc Ayrault, le premier ministre. Du côté des constructeurs, Renault «se félicite» du «signal fort»envoyé aux véhicules électriques, a souligné Carlos Ghosn, le PDG du groupe. Mais, énorme couac, le constructeur, qui veut devenir le leader sur cette technologie, a annoncé mercredi qu'il repoussait à 2013 le lancement de la ZOE, prévu à l'automne, avant de rétropédaler et d'évoquer une commercialisation fin 2012. Ce modèle est censé être le fer de lance de sa gamme électrique.
Renault, qui produira la ZOE à Flins, souligne que 80 % de ses voitures électriques seront fabriquées en France en 2015. De même, PSA a localisé la production de ses hybrides dans l'Hexagone (le groupe compte en écouler 20.000 en France l'an prochain). Autres gagnants, le japonais Toyota, qui fabrique sa Yaris hybride à Valenciennes, et l'allemand Daimler, qui assemble des Smart électriques à Hambach, en Moselle. Principale limite, ces voitures ne représentent qu'une toute petite partie du marché et ne devraient donc pas beaucoup aider à remplir dans l'immédiat la grande majorité des usines françaises, largement sous-utilisées. Pour 2013, l'État évalue le marché français de l'électrique à 27.000 exemplaires et celui de l'hybride à 70.000 voitures.
Plusieurs professionnels ont déploré que le plan n'abordait pas les vraies questions. Ces mesures n'apportent «pas de solution aux deux grands maux de notre industrie, le manque de compétitivité et le manque de flexibilité», souligne Michel Rollier, ancien patron de Michelin, aujourd'hui à la tête de la Plateforme de la filière automobile, alors qu'il y a «une vraie urgence».
L'opposition s'est également montrée très critique. Ce plan «ne s'attaque pas au vrai sujet, la baisse du coût du travail», selon Valérie Pécresse, ex-ministre du Budget. Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, juge, lui, le plan «totalement déconnecté des exigences de la crise» et parle de «mesurettes».
_________________________________________________________________________________________________________________________
Bonus-malus: un système coûteux pour l'ÉtatSelon des conseillers gouvernementaux, la hausse des bonus, telle que prévue par le plan automobile, coûtera entre 100 et 150 millions d'euros cette année à l'État. En année pleine, en 2013, la facture du nouveau système de bonus devrait atteindre 490 millions. Mais l'exécutif augmentera également les malus l'an prochain. De quoi compenser presque totalement le coût du bonus, selon le discours officiel. Dans l'entourage d'Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, on admet toutefois que le système pourrait se solder par un léger déficit.
Un aveu inquiétant au vu du passé. Instauré en 2008, le système était censé s'équilibrer sur le plan budgétaire, les malus payés par les acheteurs de véhicules polluants compensant les bonus accordés aux acquéreurs de voitures économes en CO2. Il n'en a rien été. Le bonus-malus a coûté à l'État 214 millions en 2008, 525 millions en 2009 et 521 millions en 2010. Le gouvernement Fillon a alors recalibré le dispositif, en baissant notamment les bonus. Malgré cela, en 2011, le déséquilibre a encore été de 198 millions…