La France n’extradera pas l’islamiste algérien Mourad Dhina
Par Abbès Zineb | 04/07/2012 | 14:04
La cour d’appel de Paris s’est opposée mercredi à la demande d’extradition formulée par l’Algérie de l’islamiste Mourad Dhina, détenu à Paris depuis le 16 janvier.
Dhina devrait par conséquent être remis en liberté d’ici la fin de journée de la maison d’arrêt de la Santé où il était écroué.
Fondateur du mouvement Rachad (Droiture) basé en Europe et ex-cadre du Front islamique du salut (FIS, dissous), Dhina, physicien exilé en Suisse, avait été arrêté à l’aéroport parisien d’Orly en vertu d’un mandat d’arrêt international.
L’avocat de l’opposant algérien a salué cette décision. « C’est une décision logique, étant donné que les autorités algériennes n’ont pas produit d’éléments sur la nature, le fondement et les dates des faits reprochés », a réagi Me Antoine Comte.
« Acharnement des autorités algériennes »« Dhina est l’objet d’un acharnement des autorités algériennes, qui avaient déjà demandé à plusieurs reprises son extradition à la Suisse, toutes refusées », a-t-il ajouté. Pour l’avocat, « Mourad Dhina est l’un des rares opposants qui pose la question de la responsabilité politique et judiciaire des gens qui ont créé la guerre civile dans le pays ».
« Ceci explique l’attitude des autorités algériennes », a estimé Me Comte pour qui « il y a une volonté des autorités algériennes de le faire taire. La demande algérienne s’appuyait sur une condamnation par contumace en juin 2005 de M.Dhina pour enrôlement dans un groupe terroriste armé actif à l’étranger.
Le parquet général avait émis un avis défavorable à la demande d’extradition algérienne lors de l’audience le 20 juin. Il avait relevé des discordances sur la date des faits reprochés, mais aussi des imprécisions sur les faits eux-mêmes, à savoir l’accusation d’avoir commandité ou financé l’achat d’un avion pour le compte d’un groupe terroriste.
Mourad Dhina avait été arrêté après avoir assisté à une réunion du Bureau exécutif de Rachad. Le mouvement avait organisé quelques jours auparavant une manifestation devant l’ambassade d’Algérie à Paris pour dénoncer « la dictature militaire et la corruption du régime d’Alger ». Une dizaine d’ONG de défense des droits de l’Homme avaient demandé dès janvier au gouvernement français de refuser son extradition.