Mourad Medelci, ministre de AE : «Nous n'avons pas de confirmation sur l'assassinat de Tahar Touati»

MOURAD MEDELCI, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES :

«Nous n’avons pas de confirmation sur l’assassinat de Tahar Touati»

Mardi 04 Septembre 2012



Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci et le secrétaire général du Front de libération national (FLN) Abdelaziz Belkhadem se sont exprimés hier sur le « probable » assassinat du fonctionnaire consulaire algérien, Tahar Touati, qui aurait été tué par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO).

En marge de l’ouverture de la session d’automne du Parlement, le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, a fait une déclaration pour le moins fracassante en affirmant qu’il n’y a pas d’information concernant Tahar Touati détenu au nord du Mali avec un nombre d’autres fonctionnaires. « Après les informations que nous avons recueillies et diffusées à l’opinion publique algérienne et internationale, nous ne possédons pas d’informations supplémentaires à ce sujet », a déclaré Medelci. Des propos qui sont en totale contradiction avec les déclarations du groupe terroriste qui a affirmé via un communiqué relayé par l’agence mauritanienne « Sahara Media », que le diplomate algérien vice-consul de l’Algérie au Mali a été assassiné suite au mutisme affiché par le gouvernement algérien et à son refus d’engager des négociations sérieuses. Le cas du diplomate algérien confirme encore une fois la tergiversation du ministère de l’Intérieur lorsqu’il s’agit de traiter des dossiers importants et déterminants pour la politique étrangère du pays. Le cas de la Libye, alors en pleine guerre civile illustre cette réalité. Alors que le régime de l’ex-guide libyen était sur le point de tomber, Alger a manqué de tact en ne s’alignant pas sur la plupart des autres positions des pays arabes et occidentaux qui avaient alors soutenus le CNT libyen dans sa lutte contre Mouamar Khadafi. Même si il est vrai que la stratégie de l’Algérie est claire dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, et est de ce fait contre le payement de rançons à même de financer les groupe terroristes qui ne manquent pas de se refaire une santé en recrutant de nouveaux éléments et en achetant de nouvelles armes qui risquent de nuire à la stabilité sécuritaire du pays. Pis, si l’Algérie venait à payer les terroristes du MUJAO pour libérer les otages détenus au nord du Mali, c’est toute la politique étrangère du pays qui devrait être revue et l’image de l’Algérie en matière de lutte contre le terrorisme s’en trouverait ternie. Surtout lorsque l’on sait que notre pays est un allié très important en matière de lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel.

La position de l’Algérie est donc claire. Elle privilégie la sécurité de l’État au détriment d’une « poignée » de personnes. Néanmoins une question importante s’impose. Est-ce que le département de Medelci a fait le nécessaire pour éviter ce genre de déconvenue ? Plusieurs options auraient pu être envisagées, à l’instar d’une opération militaire. Au-delà de toutes ces considérations c’est le mutisme du ministère des Affaires étrangères et du gouvernement en général qui devrait être mis en évidence. Une réalité qui peut cacher plusieurs vérités. En effet, alors qu’une agence mauritanienne a confirmé la mort du diplomate algérien, Medelci lui-même à affirmé qu’il n’y a pas de nouveau sur ce dossier. Pour sa part, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem s’est contenté de faire une brève déclaration en ne s’étalant pas sur le sujet. « Les otages sont nos enfants. Si l’information est confirmée nous présentons nos condoléances aux familles des victimes, en espérant la libération des autres », a-t-il dit. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a quant à lui refusé de faire toute déclaration sur le sujet. Rappelant que, 3 diplomates algériens des 7 pris en otage début avril dernier à Gao (Mali) par des hommes armés ont été libérés et se trouvent actuellement en Algérie.

Younes Guiz