L'ALGÉRIE À 3 JOURS DU CINQUANTENAIRE DE L'INDÉPENDANCEC'est toujours un gouvernement provisoire
Lundi 02 Juillet 2012
Par Karim AIMEUR
Le Palais du Gouvernement
Attendue depuis les élections législatives du 10 mai dernier, la formation du nouveau gouvernement tarde à venir.
Ironie de l'histoire. C'est avec un gouvernement provisoire que l'Algérie entamera le cinquantenaire de son indépendance. Attendue depuis les élections législatives du 10 mai dernier, la formation du nouvel Exécutif n'a pas eu encore lieu, au grand dam des observateurs et de la classe politique nationale.
Une situation qui rappelle étrangement celle d'il y a 50 ans, lorsque le pays était dirigé par le Gpra (Gouvernement provisoire de la République algérienne). C'est avec le Gpra que l'Algérie avait accueilli son indépendance avec, circonstance aggravante pour l'actuel Exécutif, le statu quo imposé à la vie politique nationale.
Le gouvernement actuel fonctionne, en effet, avec sept ministres intérimaires et ce depuis le 24 mai dernier, date à laquelle le chef de l'Etat a démis six ministres de leurs fonctions après qu'ils aient été élus députés.
Les six départements gérés par des intérimaires sont l'aménagement du territoire et de l'environnement, les Transports, les travaux publics, l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, du travail, de l'Emploi et de la sécurité sociale, et le ministère de la poste et des technologies de l'information et de la communication.
Le septième département géré par un intérimaire est celui de la justice après la désignation de l'ex-ministre, Tayeb Belaïz, à la tête du Conseil constitutionnel.
Si cette situation est la conséquence des élections législatives, il n'en demeure pas moins que la logique aurait voulu que le gouvernement dépose sa démission au lendemain de scrutin pour permettre la formation d'un autre Exécutif pour entamer le travail. Cette démarche serait nécessaire d'autant plus que de grands chantiers et défis attendent l'Algérie qui aborde ce cinquantenaire avec doutes et incertitudes quant à l'avenir.
Cette inertie institutionnelle aurait été compréhensible si le pays traversait une situation de crise majeure. Les pays de la région moyen-orientale et même de l'Afrique du Nord, qui ont connu de grands bouleversements, n'ont pas fonctionné autant de temps avec l'indécision quant à la formation d'un Exécutif.
En Algérie, c'est le provisoire qui dure. Comme si la formation d'un Exécutif était un grand luxe.
Pourtant, tous les arguments plaident à ce que l'Algérie ait un Exécutif, nouveau, jeune et avec du sang neuf. Il ne faut pas oublier que l'Algérie qui a été placée sous les feux de la rampe à la veille des élections législatives l'est toujours dans la mesure où elle est le seul pays de l'Afrique du Nord à na pas avoir été touché par les révoltes populaires.
Elle est aussi le seul pays de la région où les islamistes n'ont pas remporté les élections législatives.
Rester sans gouvernement «fixe» ne risque-t-il pas d'être interprété dans sa sign,ification la plus piteuse? Du genre: on est incapables de trouver des hommes aptes à relever le défi ou la lutte des clans est telle que le blocage est insurmontable.
Mais de là à entamer le Cinquantenaire de l'Indépendance avec un gouvernement provisoire, la situation devient inquiétante et non rassurante pour une population à bout de souffle.
Cela dit, des analystes et hommes politiques considèrent que ce statu quo était attendu en raison de la gestion rocambolesque des élections législatives et les résultats contestés qui ont battu en brèche tous les pronostics.
«Ce qui se passe aujourd'hui est le résultat automatique de la manière avec laquelle sont organisées les élections législatives du 10 mai 2012.
On a reconduit la même scène politique et c'est normal qu'on aboutisse à une aggravation du statu quo et une impasse politique», a expliqué récemment, Mohamed Saïd, président du Parti de la liberté et de la justice (PLJ).
Peut-on accepter de naviguer à vu 50 ans après l'Indépendance, une période qui a été suffisante pour que d'autre nations fassent des miracles. Les meilleurs se battent pour le changement et les puissants résistent.