QUINZE JOURS APRÈS LE REMANIEMENT DU GOUVERNEMENT : Le statu quo maintenu
Par Karim AIMEUR - Lundi 17 Septembre 2012 -
Le palais du gouvernement
Le gouvernement, la classe politique et la société civile confortent le statu quo imposé depuis plusieurs années.
Il ne suffit, finalement, pas de remanier un gouvernement pour impulser une dynamique de changement politique. Près de quinze jours après le lifting du staff gouvernemental, le statu quo est toujours maintenu.
Le Conseil des ministres annoncé au lendemain de la nomination de Abdelmalek Sellal à la tête de l'Exécutif n'a pas encore eu lieu.
Pourtant, la logique aurait voulu que ce Conseil soit tenu au lendemain de la désignation de la nouvelle équipe.
Pis, le seul programme dont se prévaut le gouvernement est, semble-t-il, celui de nettoyer les villes des détritus qui en ternissent l'image et des marchands de l'informel. Certains ministres s'emploient à organiser des sorties sporadiques sur le terrain, mais sans s'engager pour le moment sur quoi que ce soit.
C'est le nouveau ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari, qui a reçu les syndicats de son secteur et du ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion des investissements, Chérif Rahmani, qui en a fait de même pour les SGP, les organisations patronales et l'Ugta.
Le diagnostic étant déjà connu, il serait curieux de savoir pourquoi ces ministres ne s'attaquent pas à l'essentiel, donnant l'impression de vouloir meubler le temps et l'agenda.
Il se trouve même que parmi les nouveaux ministres, il y en a un, Amara Benyounès, ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement en l'occurrence, qui souhaite que l'opposition cesse ses critiques à l'égard du nouveau gouvernement, sollicitant une période de grâce de trois mois pour constater de visu le changement.
M.Benyounès confine son changement dans uniquement... l'image des villes. L'Algérie, avec ses centaines de milliards de dollars dépensées, n'a même pas pu offrir à son peuple une ville respectable.
Même la diplomatie algérienne s'est distinguée par sa réaction timide au film blasphématoire à l'égard de l'Islam.
Alors que les présidents et chefs de gouvernement des pays du monde musulman se sont élevés pour dénoncer cette atteinte, en Algérie, la réaction a été faite par le porte-parole du ministères des Affaires étrangères, Amar Belani. Il a fallu que le chef de la diplomatie algérienne se déplace en Espagne et que le quotidien El Pais lui ouvre ses colonnes pour s'exprimer. Mais le statu quo ne concerne pas uniquement le gouvernement. L'institution législative dont l'activité est réduite aux ouvertures et clôtures des sessions a (re)plongé dans une léthargie totale.
Après un congé injustifié de deux mois, les députés ont repris le chemin du... repos depuis le 3 septembre dernier, date de l'ouverture de la présente session d'automne.
Peu enclins aux propositions dans un pays qui en a tellement besoin, ils attendent un signal de l'Exécutif les conviant à faire semblant de débattre tel ou tel projet de loi.
L'attitude de l'Assemblée a pour vocation de la conforter dans sa position de chambre d'enregistrement. Même la classe politique nationale et la société civile peinent à sortir de l'hibernation pour animer la scène nationale. Evoluant sous une ouverture qui n'a de réelle que l'apparence, elles n'arrivent pas à donner au pays ce qui lui manque grandement: le débat. Mais là n'est pas le propos.