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L'Afrique veut l'aide de l'ONU pour résoudre la crise au Mali
Mis à jour le 08/06/2012 à 19:27 | publié le 08/06/2012 à 19:09
Des représentants de la communauté internationale réunis jeudi au quartier général de l'ONU à Abidjan pour discuter de la situation au Mali et en Guinée-Bissau.
L'ONU et l'Union africaine ont exigé jeudi soir la dissolution « immédiate » de l'ex-junte.
À la recherche d'une solution pour sortir le Mali de l'impasse, l'Afrique s'est décidée à demander l'aide internationale. L'Union africaine (UA) a annoncé vendredi qu'elle allait saisir le Conseil de sécurité de l'ONU pour obtenir son «appui» pour une intervention militaire dans le nord du pays aux mains depuis deux mois de groupes rebelles touaregs et d'islamistes.
L'idée d'une telle saisine avait été lancée le 30 mai dernier à Paris par Thomas Boni Yayi, le président du Bénin et président en exercice de l'UA. Il s'agirait d'élargir les intervenants potentiels au-delà des États d'Afrique de l'Ouest qui jusqu'à présent géraient seuls la crise malienne. «Il faut aussi que les “pays du champ”, comme la Mauritanie, l'Algérie, la Libye voire le Tchad soient parties prenantes pour éviter que cette zone devienne un Afghanistan sahélien», expliquait le chef d'État béninois. Une résolution de l'ONU permettrait aussi aux pays occidentaux de suppléer plus facilement aux carences logistiques et financières des armées africaines. Pour Thomas Boni Yayi, l'exemple à suivre est celui de l'Amisom, la force l'UA en Somalie. Créée en 2007, cette mission compte près de 10.000 soldats, tous africains, et s'appuie sur une aide internationale, notamment pour le renseignement et la formation.
Combats entre TouaregsReste que la mise en place d'une force au Mali se heurte encore à bien des obstacles. À commencer par le désordre institutionnel qui règne à Bamako. Officiellement, la junte qui a renversé le président Amadou Toumani Touré (ATT), a rendu le pouvoir à un gouvernement intérimaire civil au terme d'un accord-cadre signé en avril. Mais le chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo a dans les faits conservé la réalité du pouvoir ne laissant qu'une vague légitimité au président Dioncounda Traoré. Ce faux-semblant a volé en éclats le 21 mai dernier avec la violente agression subie par le président Traoré, attaqué dans son palais par des manifestants hostiles à l'accord. Il est depuis lors à Paris pour «des soins». «En fait, il est en France parce qu'il ne se sent pas en sécurité au Mali et il est douteux qu'il rentre sans une protection», veut croire un politicien malien. Or, sans gouvernement officiel à Bamako, une intervention internationale serait très difficile.
Thomas Boni Yayi souhaite que la future force africaine ait aussi pour mission de protéger le gouvernement intérimaire. Une idée que repousse totalement la junte déjà opposée au déploiement de troupes étrangères au nord du pays. Signe que le bras de fer a bel et bien commencé, l'ONU et l'Union africaine ont exigé jeudi soir la dissolution «immédiate» de l'ex-junte.
Au Nord, la situation se dégrade. Dans la nuit de jeudi, des combats fratricides ont été signalés à Kidal entre les troupes du Mouvement de libération de l'Azawad (MNLA), un groupe rebelle touareg laïc et les islamistes d'Ansar Dine. Une évolution «très dangereuse» pour l'analyste Tiegoum Boubeye Maïga.