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Condamné pour injures, Montebourg ne sera pas exclu du gouvernement
Publié le 23.05.2012, 14h48 | Mise à jour : 21h15
Le tribunal de grande instance (TGI) de Paris a condamné mercredi le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg pour avoir publiquement injurié les anciens membres de la direction de SeaFrance.
Le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé s'est lui demandé si François Hollande allait appliquer ses «engagements électoraux».
C'est finalement Jean-Marc Ayrault qui a répondu en fin d'après-midi, estimant que la condamnation du ministre n'était pas de nature à l'exclure du gouvernement. «Le principe affirmé par le président de la République est clair : il faut des responsables politiques exemplaires. Toute condamnation qui disqualifierait un responsable politique pour des actes contraires aux valeurs de la République conduirait à l'exclure du gouvernement», écrit-t-il dans un communiqué ajoutant : «Aucun membre du gouvernement n'est aujourd'hui dans ce cas de figure».
«C'est contraire aux valeurs de la République: la République n'accepte pas qu'on puisse injurier l'autre», a rétorqué mercredi soir Rachida Dati sur BFM-TV.
Montebourg condamné à payer 1 euro de dommages et intérêtsEn visite à Calais en septembre 2011, durant la campagne de la primaire socialiste, Arnaud Montebourg avait rencontré les salariés CFDT de la compagnie de ferries en grande difficulté. A l'issue de cette rencontre, il avait déclaré : «On parle souvent de patrons voyous, là il s'agit d'une entreprise publique, c'est curieux... On ne fera pas de miracle, mais on peut dire à la SNCF que s'ils sont des incapables et qu'ils ont mis des escrocs à la tête de SeaFrance, ils vont l'aider à se relever».
Arnaud Montebourg devra verser un euro de dommages et intérêts à Pierre Fa, Katherine Burro-Fleta, Jean-Claude Dechappe, Jean-Luc Drugeon et Vincent Launay. Il devra également leur payer 3 000 euros au titre des frais de justice et faire publier sa condamnation dans «La Voix du Nord», journal dans lequel ses propos avaient été repris. Si elle a jugé le terme «escrocs» «incontestablement outrageant», la 17e chambre civile a en revanche déclaré irrecevable l'action engagée par SeaFrance qui visait les termes d'«incapables» et de «patrons voyous».
Morano demande la démission de MontebourgQuelques minutes après l'annonce de sa condamnation, Nadine Morano a demandé la démission immédiate du ministre du Redressement productif «au regard de la charte déontologique d'exemplarité qui a été signée». Si aucune mention n'est faite dans cette charte sur une éventuelle condamnation des ministres, il n'en reste pas moins que le candidat Hollande avait assuré vouloir conduire une république «irréprochable» s'il était élu. «Je n'aurai pas autour de moi à l'Elysée des personnes jugées et condamnées (…). Je dis la règle que je ferai respecter. Vous pourrez me rappeler cette déclaration si je venais à y manquer», déclarait-il le 14 avril dernier, dans un entretien au JDD.
Nadine Morano
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nadine__morano Je demande la démission immédiate de Montebourg qui vient d'être condamné par la justice au nom du principe érigé par Hollande
23 May 12
En marge d'un déplacement électoral dans le Bas-Rhin, Jean-François Copé s'est interrogé : «Quel sera le comportement du président Hollande, qui a donné à notre famille politique pendant des mois et des mois toutes les leçons de morale possibles, y compris en demandant systématiquement de couper la tête des ministres du gouvernement Sarkozy dont il bafouait régulièrement la présomption d'innocence» ?.
D'autres ténors de la droite étaient montés au créneau sur Twitter. «Le moi président de la république doit demander à son ministre montebourg condamné de démissionner», avait écrit Eric Ciotti, député UMP des Alpes-Maritimes. «Que va faire ?#AYRAULT? maintenant que son ministre du redressement productif est condamné (lui aussi) mais pour injure?» avait lancé l'ancien ministre UMP et député-maire de Nice Christian Estrosi. L'ancien ministre PR (Parti radical) Yves Jégo s'était aussi interrogé : «Pourquoi ?#Hollande? a t il dit dans le Jdd qu'il ne serait jamais entouré de personnes condamnés ? ?#fairecequelondit»
Hollande botte en touche
Interrogé par la presse alors qu'il s'apprêtait à monter dans un train en gare du Nord, François Hollande s'est montré évasif : «Je ne ferai... Il va payer son euro, hein...». Un peu plus tôt, il avait botté en touche lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre espagnol. Interrogé par une journaliste française qui venait de poser une question à Mariano Rajoy sur les euro-obligations, François Hollande avait esquivé : «Vous n'êtes pas obligé de répondre sur M. Montebourg», avait-il lancé au leader espagnol, suscitant des rires dans la salle. «Mais sur les euro-obligations, vous pouvez vous exprimer librement», avait-il ajouté.