Le HuffPost | Par Geoffroy Clavel
EMPLOI - Un nouveau record de chômage au mois de mai et voilà l'exécutif à nouveau confronté à son plus grand dilemme: parviendra-t-il à faire repartir l'emploi à la hausse avant 2017?
Les chiffres alarmants dévoilés ce jeudi 26 juin par le ministère du Travail ne font que remuer le couteau dans la plaie: 24.800 demandeurs d'emploi en plus (+0,7%), 3,388 millions de chômeurs en métropole. Depuis l'élection de François Hollande en mai 2012, près d'un demi-million de nouveaux demandeurs d'emploi sans activité ont poussé la porte de Pôle emploi. Hormis l'exception du mois d'octobre 2013, le chômage a grimpé quasiment sans discontinuer.
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http://www.huffingtonpost.fr/2014/06/26/barometre-emploi-mai_n_5532649.html?utm_hp_ref=france
Pas d'embellie à court terme
Autant dire que les ministres commencent à manquer d'arguments pour inciter les Français à la patience. "Je me suis donné une consigne en arrivant (...), c'est de ne jamais commenter les chiffres mensuels du chômage", a même avoué dans la matinée le ministre François Rebsamen sur i-Télé. Une manière de confesser qu'il ne mise pas sur une embellie à courte échéance mais bien sur le long-terme.
Même aveu d'échec de la part de son collègue Michel Sapin qui a mis sur le compte d'une trop faible croissance les mauvais résultats sur le front du chômage. "Le premier trimestre de cette année a été plat, trop plat, il est rare que cela fasse évoluer le chômage dans le bon sens", a regretté le ministre des Finances sur RTL. Seule solution selon lui: aller jusqu'au bout du pacte de responsabilité en espérant une embellie avant la fin de l'année.
Depuis le mois de janvier, c'est d'ailleurs le grand pari de François Hollande. Après l'échec de sa "boîte à outils", qui cumulait emplois jeunes et contrats de génération, le président de la République s'est résolu à frapper un grand coup en réorientant sa stratégie en faveur d'un pacte de responsabilité. Ce pack législatif qui comprend 50 milliards de baisses de charges pour les entreprises est censé doper la création d'emplois en faisant chuter le coût du travail.
Problème: cette stratégie d'un "socialisme de l'offre" est contestée au sein même de la majorité socialiste et elle doit encore être adoptée au Parlement avant une mise en oeuvre dont les effets ne se feront ressentir (au mieux) que début 2015.
Gagner du temps en attendent le pacte de responsabilité
En attendant que ce pacte voit le jour et porte enfin ses fruits, il faut bien meubler. Notamment pour apaiser la colère des Français qui s'exprime tant dans les sondages d'opinion que dans les urnes où le Parti socialiste enchaîne gifle électorale sur gifle électorale. "Ce n'est pas sur le chiffre de ce soir ni sur celui du mois prochain, c'est sur l'année 2014, l'année 2015 que l'on sera jugé", plaide François Rebsamen.
Après les promesses déçues d'une inversion de la courbe de croissance, les objectifs sont sérieusement revus à la baisse. Le ministre du Travail a réaffirmé qu'il souhaitait "que le taux de chômage (...) reste sous les 10%". "C'est un objectif limité, mais c'est un objectif qui est compréhensible, qui est clair, c'est donc une stabilisation à la fin de l'année que je veux constater", a-t-il dit.
Conscient qu'il lui faut gagner du temps, le premier ministre Manuel Valls en est lui réduit à jouer inlassablement la carte du volontarisme. "Les chiffres du chômage sont mauvais mais il n'y a pas de fatalisme", a-t-il martelé ce jeudi en marge d'une visite d'une friche ferroviaire à Paris. "Le pacte de solidarité et de responsabilité est en train d'être discuté (à l'Assemblée). "Les entreprises aujourd'hui vont avoir les moyens d'investir et créer de l'emploi", a-t-il argumenté.
Problème: tout le monde ne partage pas son avis, y compris chez ses propres amis. La rapporteure générale du Budget à l'Assemblée, Valérie Rabault, a estimé dans un récent rapport que le pacte pourrait créer au mieux 190.000 nouveaux emplois d'ici à la fin du quinquennat, en raison de l'impact récessif des 50 milliards d'euros d'économies. C'est deux fois moins que le nombre de Français qui ont perdu leur emploi depuis 2012.
Pour ne rien arranger, l'Insee a prévu mardi soir une légère hausse du chômage (+0,1 point) d'ici à la fin de l'année en raison d'une croissance atone: l'Institut ne table que sur 0,7% de progression du PIB, là où l'exécutif en espère 1%. Selon les économistes, un minimum d'1,5% de croissance est nécessaire pour faire baisser le chômage.
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