Mali : des islamistes d'Aqmi profanent le mausolée d'un saint à Tombouctou
Dimanche 06 Mai 2012
Par info 02
Tombouctou, ville mythique du nord malien, est sous le choc après la profanation par des membres d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), du mausolée d'un saint musulman de la cité inscrite au patrimoine de l'Unesco, un "acte inqualifiable" selon les autorités maliennes.
Des membres d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont profané vendredi le mausolée d'un des saints de Tombouctou, ville mythique du nord malien inscrite sur la liste du patrimoine historique de l'Unesco, où la population est « sous le choc », a-t-on appris samedi auprès d'un responsable local.
«Les gens d'Aqmi, appuyés par (le groupe armé islamiste) Ansar Dine, ont détruit le mausolée du saint Sidi (Mahmoud Ben) Amar. Ils ont brûlé le mausolée », a déclaré sous couvert d'anonymat l'un des adjoints au maire de Tombouctou, contrôlée, comme tout le nord Mali, par Aqmi et Ansar Dine, après avoir profité du coup d'Etat militaire du 22 mars à Bamako.
« Ils ont promis de détruire d'autres mausolées. Tombouctou est sous le choc. Maintenant ils veulent prendre et détruire d'autres mausolées et des manuscrits », a ajouté la même source.
«J'ai vu la tombe profanée. C'est très grave », a confirmé un journaliste local sur place. Située à la lisière du Sahara à un millier de km au nord de Bamako, Tombouctou -33.000 habitants-, surnommée « la cité des 333 saints » ou plus banalement «la perle du désert », est inscrite au patrimoine mondial par l'Unesco depuis 1988.
Fondée entre le XIe et le XIIe siècle, selon les documents, par des tribus touareg, la ville a été un grand centre intellectuel de l'islam et une ancienne cité marchande prospère des caravanes.
Ses trois grandes mosquées, mais surtout des dizaines de milliers de manuscrits -dont certains datent de l'ère pré-islamique- témoignent de cette splendeur passée et de son âge d'or au XVIe siècle.
Outre les mosquées, le site classé compte «16 cimetières et mausolées qui étaient des composantes essentielles du système religieux dans la mesure où, selon la croyance populaire, ils étaient le rempart qui protégeait la ville de tous les dangers », indique l'Unesco sur son site internet.
L'Unesco a récemment exprimé sa préoccupation et appelé « les factions belligérantes à respecter le patrimoine » du pays, dont le Nord est désormais passé sous le coupe d'Aqmi et d'Ansar Dine.