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Élection présidentielle : les réactions dans le monde
Mis à jour le 07/05/2012 à 10:25 | publié le 07/05/2012 à 09:55
La une du journal belge
Le Soir et l'édition numérique du
New York Times.
REVUE DE PRESSE - Sceptique, séduite ou franchement hostile, la presse internationale commente la victoire de François Hollande.Allemagne: «Le président qui devra décevoir les Français»Pour la presse allemande, la victoire de François Hollande est une défaite personnelle d'Angela Merkel, qui avait soutenu jusqu'au bout Nicolas Sarkozy. La politique de discipline budgétaire, prônée par la chancelière allemande dans la lutte contre la crise de la dette en Europe, sort affaiblie des scrutins en France et en Grèce.
«Les Allemands se retrouvent seuls avec leur pacte budgétaire», estime le quotidien conservateur
Die Welt. Si François Hollande se range au côté de «la faction dure des créateurs de dettes, le tandem franco-allemande se brisera», avertit
Die Welt.
La
Süddeutsche Zeitung estime que Hollande se montrera raisonnable et que le duo franco-allemand, «Merklande», qui «représentera à la fois l'Europe conservatrice-libérale et sociale-démocrate», saura «mieux faire accepter ses exigences aux autres peuples».
Pour le Spiegel Online, Hollande a «décroché l'un des jobs les plus difficiles au monde». Le socialiste sera «le président qui devra décevoir les Français». Hollande devient président d'un pays malade économiquement, analyse
le Spiegel en égrenant statistiques alarmantes et nécessaires réformes. Dans la campagne électorale, ces problèmes ont joué un rôle secondaire, mais ils seront incontournables pour le nouveau président».
Le quotidien populaire
Bild, qui publie une grande photo du président élu, insiste sur l'indispensable entente entre François Hollande et Angela Merkel et la naissance d'un nouveau couple franco-allemand, après les années «Merkozy». Et
Bild de lancer: «Bonjour, chancelière, voici maintenant celui qui est l'homme le plus important dans votre vie politique».
Belgique: «L'équation impossible»La presse belge, qui a scruté l'élection à la loupe, relève que le premier ministre socialiste Elio di Rupo est monté sur la scène de la Bastille aux côtés de Martine Aubry, après avoir réagi dans les dix minutes à la sanction des urnes. François Hollande, observe
le Soir, reste pourtant face à une équation impossible: réussir le changement dans une Europe «qui le souhaite autant qu'elle l'interdit».
Pour le quotidien néerlandais
de Volksrant, les élections français et grecques sont rien moins qu'un coup de massue pour l'Europe. Jean-Claude Juncker, premier ministre et patron de l'Eurogroupe, assure en revanche que ses opinions «ne divergent pas vraiment» de celles de François Hollande, dans une interview publiée par le
Luxemburger Wort.
États-Unis: «Une remise en cause de l'austérité»Télévisions et journaux américains consacraient tous dimanche soir leurs unes à l'élection présidentielle française, insistant sur l'imprévisibilité économique que l'arrivée d'un président ne manquerait pas de susciter immédiatement en Europe. «François Hollande a fait campagne sur une France plus douce et plus rassembleuse, mais sa victoire sera vue comme une remise en cause de la vision allemande d'austérité économique comme solution à la crise de l'euro», notait ce lundi le
New York Times, soulignant l'importance du défi pour Merkel. L'équilibre entre la réduction de la dette et la nécessité de répondre à la colère populaire s'avère compliquée pour les leaders européens», ajoutait-il.
Le contexte de mécontentement social croissant à travers le continent européen, et les résultats des législatives grecques étaient systématiquement évoqués, les médias américains comme raison de la victoire du candidat socialiste. «Y-a-t-il un moyen de sauver l'euro sans risquer la stabilité politique de l'Europe», s'interrogeait le correspondant de CNN à Paris.
Italie: «La France change l'Europe»«La France et la Grèce changent l'Europe», titre en pleine page
La Stampa, en reprenant en sous-titre le leitmotiv de François Hollande: «l'austérité ne suffit pas. Une victoire pour relancer la croissance». Pour le
Corriere della Sera, la victoire du candidat socialiste «ouvre le défi en Europe».
Le politologue Sergio Romano estime que «l'Europe ne sortira pas acclamée et triomphante» de ce vote, tout en ajoutant: «ses adversaires ne sont pas encore parvenus à prouver qu'il y a quelque chose de mieux sur quoi investir ses espoirs». Sous le titre «la France va à gauche»,
La Repubblica dresse un portrait bonhomme du «Monsieur Normal qui va en motocyclette» et souligne qu'il prend sa «revanche sur son ex-compagne». Quant au
Tempo (conservateur), il résume le verdict des urnes en France et en Grèce de manière expéditive: «l'Europe devient facho-communiste».
Chine: «pas de changement»A Pékin, la lecture des journaux, du moins ceux qui daignent s'intéresser à la petite France, en dit long sur la certitude qu'ont les Chinois du déclin de l'Europe en général, et de la France en particulier. Un éditorial du
Global Times estime que «l'élection française ne va probablement pas apporter de changement». Le journal, qui appartient au groupe
Quotidien du Peuple, le porte-voix du Parti, avance que le changement de couleur politique «n'est pas en mesure d'insuffler la forte volonté nécessaire pour entamer une réforme de la dette publique en France». Il stigmatise la pauvreté du débat français, estimant que «le changement doit venir d'une réflexion plus large», et que les protestations contre les mesures d'austérité «suggèrent que cette indispensable réflexion est loin d'être arrivée». Il conclut opportunément que «le système démocratique crée de plus en plus de problèmes dans les pays occidentaux». De son côté, le
China Daily publie un article intéressant, citant des experts européens expliquant qu'un point essentiel sera le «nouveau consensus franco-allemand» que François Hollande va essayer de construire. Le journal estime que cette alternance aura des conséquences sur «a crise de la dette, la durée de la présence française en Afghanistan et la façon dont la France fait jouer ses muscles diplomatiques à travers le monde». On sent, derrière ces mots, le souvenir encore vif de l'affaire libyenne.
Espagne: «une bouffée d'air frais» mais des «incertitudes»Les journaux espagnols analysent l'élection de François Hollande de manière très différenciée selon leur ligne éditoriale. Les quotidiens de centre gauche voient un espoir pour l'Europe
. El Periódico de Catalunya souligne «le triomphe extraordinaire de François Hollande» dans son éditorial, alors qu'
El País salue «une bouffée d'air frais». Le journal leader en Espagne lance du même coup un appel au président élu: «Il doit comprendre que tous les autres États membres de l'UE se sentent exclus par le tout puissant axe Berlin-Paris. L'Europe de tous doit revenir».
El Mundo, de centre droit, s'intéresse lui aussi à ces relations entre la France et l'Allemagne dans un éditorial intitulé «La cohabitation compliquée Hollande - Merkel». Le journal se réjouit d'une possible flexibilité des politiques européennes d'austérité, qui serait «une bonne chose pour Rajoy». Mais en Une,
El Mundo choisit la même expression que le conservateur ABC: les deux journaux alertent de «l'incertitude» que ferait naître le scrutin en Europe.
Grande Bretagne: «l'Europe face à ses tourments»«Au revoir austerity!» A Londres, le
Daily Mail, comme le
Times, analysent le vote des Français comme «une révolte contre l'austérité». Le
Times estime, en parallèle avec le résultat des élections grecques, qu' «un profond changement politique est en marche en Europe» pour punir les gouvernements ayant mis en place l'austérité. Pour le
Daily Telegraph, conservateur, «la lune de miel est finie avant même de commencer dans un pays qui fait face à la faillite». Le
Guardian, de gauche, salue «le changement dont la France a besoin» mais souligne l'étroitesse de la marge de manœuvre du nouveau président: soit Hollande réussit à relancer la faible croissance et à créer des emplois, «soit l'extrême droite aura un boulevard pour faire des immigrés et du gouvernement des boucs émissaires».
David Cameron a appelé François Hollande dimanche soir pour le féliciter. Mais plusieurs journaux anglais soulignent qu'il avait misé sur le mauvais cheval. Le
Daily Mail se demande s'il va payer pour «avoir snobé le gagnant», qu'il avait refusé de recevoir à Londres en février. Juste avant le second tour, un ministre de son gouvernement, Ian Duncan Smith, avait prévenu que de nombreux Français allaient fuir la politique fiscale du président socialiste pour venir trouver refuge à Londres.