ELECTION PRÉSIDENTIELLE FRANÇAISEPourquoi ce vote nous intéresse
Dimanche 22 Avril 2012
Par Brahim TAKHEROUBT
Qui sera l'heureux élu à pavaner sur les Champs Elysées?
Entre Alger et Paris, il n'y a pas que l'Histoire, il n'y a pas que les rapports économiques, il y a aussi les interactions géostratégiques.
C'est le fait d'une histoire commune. Ce qui se passe à Paris intéresse Alger et à plus forte raison quand il s'agit d'une élection présidentielle.
Parmi les 44,5 millions de Français qui se rendront aux urnes ce matin pour élire un nouveau président de la République, quelque 2 millions d'entre eux sont d'origine algérienne (chiffre non officiel).
A lui seul, cet argument suffit pour dire que cette élection concerne aussi les Algériens. La communauté franco-algérienne ne s'est jamais manifestée en tant qu'entité homogène ralliée à un groupe ou un candidat précis. Elle est dispersée entre la gauche et la droite, selon les promesses électorales et la stature du candidat. Pour certains observateurs, cet éparpillement nuit à cette communauté qui rate ainsi l'opportunité de se constituer en bloc à même d'exiger la promotion de la place des Franco-Algériens dans la société française.
Pour d'autres, en revanche, c'est le signe probant d'une intégration et d'un comportement citoyen qui fait de l'urne sa seule arme républicaine. Cette élection concerne aussi l'Algérie parce qu'il s'agit de son premier partenaire économique. Et c'est le futur président qui décidera de la suite à donner à cette densité économique dans un marché algérien très bien doté en ressources financières. Face à la concurrence et la montée fulgurante des Chinois, les entreprises françaises sont sérieusement bousculées.
Pour autant, l'Algérie est, dans le Maghreb, le dernier récipiendaire des investissements français. Conscientes de cette distorsion, les futures autorités françaises ne vont certainement pas sacrifier cette niche financière en ces moments de crise. Cette élection concerne aussi les Algériens par le fait du poids des relations historiques.
Des rapports toujours symbolisés par une relation passionnelle. L'élection présidentielle française concerne l'Algérie car c'est de cette élection que naîtra une nouvelle approche pour désenclaver les rapports entre les deux pays. Que d'embûches, que d'entraves, que d'embarras et que de réticences avaient jalonné la levée du voile sur l'histoire coloniale, sur cette guerre sans nom enfouie au plus profond des mémoires.
Il aura fallu près de quarante ans pour que la France officielle reconnaisse l'existence de cette Guerre d'Algérie, que s'engage enfin en France le débat sur la torture durant la Guerre d'Algérie (1954-1962).
Depuis, c'est la politique des petits pas, le temps que les blessures se referment. Mais, entre Alger et Paris, il n'y a pas que l'Histoire, il n' y a pas que les rapports économiques, il y aussi les interactions géostratégiques. L'Algérie attend de voir la position de la France sur les questions régionales, notamment sur le volcan en activité au nord du Mali. Le futur président français jouera-t-il un rôle de gendarme de l'Afrique? Le nouveau président va-t-il céder aux pressions des faucons de l'Elysée et des va-t-en guerre au service du complexe militaro-industriel pour perpétuer ainsi les traditions coloniales de la Françafrique? L'Algérie suit de très près ce qui se passe au nord du Mali. La menace de «guerre totale» annoncée par le Premier ministre malien n'est pas pour apaiser une situation déjà explosive dans cette région. Entre influences islamistes, exodes massifs de réfugiés et recrutement de candidats au terrorisme, au djihad et au suicide, la région est devenue le nouvel Afghanistan. L'Algérie sera contrainte d'accentuer la surveillance et la sécurisation de ses frontières Sud. Déjà que la situation n'est pas reluisante le long de la frontière libyenne et la frontière Ouest avec le Maroc, fermée. Il ne reste que la soupape tunisienne. Pour toutes ces raisons, historiques, économiques et géostratégiques, l'élection d'un futur président en France intéresse directement l'Algérie. Lire aussi
l Afghanistan. L'Algérie sera contrainte d'accentuer la surveillance et la sécurisation de ses frontières Sud. Déjà que la situation n'est pas reluisante le long de la frontière libyenne et la frontière Ouest avec le Maroc, fermée. Il ne reste que la soupape tunisienne. Pour toutes ces raisons, historiques, économiques et géostratégiques, l'élection d'un futur président en France intéresse directement l'Algérie.