Jamel Administrateur
Messages : 14896 Date d'inscription : 25/10/2011 Localisation : Lyon
| Sujet: Le terrain de la lutte antiterroriste en question : Qu'attend-on de l'Algérie Mer 23 Nov - 6:46 | |
| L'Évènement
Le terrain de la lutte antiterroriste en question :
Qu’attend-on de l’Algérie ?
23-11-2011 Par Abdelkrim Ghezali Dans une dépêche de l’AFP, le rédacteur titre : «Le manque de coopération d’Alger freine la lutte anti-Aqmi.» A la lecture de cette manchette, on peut comprendre que l’Algérie refuse toute coopération avec les pays du Champ dans la lutte antiterroriste. Le journaliste de l’AFP rapporte les propos de certains délégués présents lors de la réunion, à Bamako, du Cemoc. Ainsi et selon le journaliste de cette agence, ces délégués, qui ont préféré garder l’anonymat, ont fait porter la responsabilité à l’Algérie dans l’échec de la lutte contre Aqmi. L’AFP, citant un délégué nigérien, rapporte que «l’armée algérienne, à elle seule, a plus de moyens que les armées nigérienne, malienne, et mauritanienne», réunies, ajoutant : «Je ne comprends pas pourquoi elle ne va pas sur le terrain pour nous aider à lutter contre Aqmi.»Un diplomate, également du Niger, a observé que «le budget de l’armée algérienne est six fois supérieur au budget national d’un pays comme la Mauritanie. La balle est dans le camp de l’Algérie». «En attendant qu’elle (l’Algérie, ndlr) décide de véritablement prendre la tête de la coalition anti-Aqmi, nos Etats continueront à développer leurs relations sécuritaires, d’un côté avec l’Algérie, de l’autre, avec d’autres pays, également incontournables, comme le Maroc et la France», dit-il. C’est donc là où veut en venir l’AFP. Impliquer la France et le Maroc dans une région sensible. L’AFP poursuit. Un fonctionnaire malien du ministère de l’Intérieur déclare : «Que l’Algérie décide de nous donner des armes pour lutter contre Aqmi, c’est bien, mais tant qu’elle ne voudra pas aller sur le terrain et voir d’autres pays africains à nos côtés, Aqmi gagnera du terrain, et il faut voir à qui profite la situation.» «Faute de moyens, le Sahel est devenu aujourd’hui un no man’s land», ajoute-t-il, et, face aux «proches» de Mouammar Kadhafi, l’ex-dirigeant libyen, «qui font des va-et-vient entre leur pays et le Sahel, les armes qui circulent, l’Algérie n’a pas besoin de notre feu vert pour intervenir, elle doit le faire tout de suite, surtout que les islamistes viennent d’Algérie». Héritière du GSPC (groupe salafiste pour la prédication et le combat) algérien, Aqmi opère dans la bande soudano-sahélienne, vaste zone de plusieurs pays dont le Mali, le Niger et la Mauritanie, où elle a multiplié, depuis ses bases du Nord malien, attentats, enlèvements d’Occidentaux dont plusieurs ont été exécutés, trafics divers, y compris la drogue. Face à ces critiques, un officier algérien présent à Bamako a affirmé que la Constitution de son pays est très claire : «Nous n’avons pas à intervenir militairement sur un autre territoire, en tout cas, ce n’est pas facile.» Est-il dans l’intérêt du Niger et du Mali que des responsables tiennent un discours qui mette en doute l’engagement de l’Algérie dans la lutte antiterroriste dans la région du Sahel. Ces propos, interprétés par l’AFP comme étant un manque de coopération, visent à vicier l’air entre pays voisins qui viennent de dépasser une période de tension due essentiellement aux ingérences intempestives de la France. Ce qui est demandé à l’Algérie est donc d’intervenir directement et militairement au-delà de ses frontières. Ce que les intervenants maliens et nigériens ne semblent pas comprendre, c’est l’attitude principielle de l’Algérie : autant elle est opposée à toute présence militaire étrangère sur son sol, autant elle ne s’autorise pas que ses soldats foulent le sol d’un autre pays, sans accord clairement établi et un protocole préalablement défini entre elle et tout autre Etat tiers. L’Algérie n’a jamais hésité à fournir l’aide matérielle, financière et les renseignements nécessaires aux pays du Champ. L’action militaire, si elle s’impose, doit faire l’objet d’un accord au plus haut niveau et doit obéir aux exigences de la sécurité des militaires algériens en sol étranger avec toutes les garanties que nécessitent de telles missions à risques. Quant aux origines algériennes du noyau historique de l’AQMI, c’est un argument qui ne tient nullement la route en raison de la nature transnationale du terrorisme et des frontières passoires entre les pays du Sahel. Comme si l’Algérie pouvait accuser les pays du Sahel et au-delà, tous les pays africains, d’être responsables de la migration clandestine de milliers de personnes qui entrent illégalement en Algérie. Au-delà de la dimension humaine de cette problématique, des problèmes de sécurité et de santé publique se posent à l’Algérie qui assume toutefois sa responsabilité de pays de transit et d’accueil malgré elle, en prenant en charge les candidats à l’immigration et en essayant de trouver des solutions avec les pays d’origine, sans les accuser d’être la cause de ses malheurs. A. G. | |
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