Tollé après les propos de Longuet sur Marine Le Pen

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Tollé après les propos de Longuet sur Marine Le Pen

Mis à jour le 01/05/2012 à 22:47 | publié le 01/05/2012 à 19:24


Dans l'entretien, Gérard Longuet salue le score «très respectable» de la leader frontiste au premier tour de la présidentielle (17,9%) et en appelle aux «patriotes», qui doivent «faire bloc» contre François Hollande.

Dans l'hebdomadaire d'extrême droite Minute, le ministre de la Défense estime qu'il «sera désormais possible de parler de sujets difficiles», avec la présidente frontiste. Des déclarations qui choquent dans la majorité.

À cinq jours du second tour de la présidentielle, les électeurs de Marine Le Pen continuent de faire l'objet de toutes les attentions. Dans un entretien à l'hebdomadaire d'extrême-droite Minute, le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a estimé que la présidente du Front national était «un interlocuteur» possible. Des propos inédits à l'UMP: Nicolas Sarkozy a en effet toujours exclu la moindre négociation ou alliance avec le parti d'extrême droite. «Il y a une différence notable entre Marine Le Pen et son père. Jean-Marie Le Pen n'a jamais pu résister au plaisir des provocations. Sa fille ne souffre pas de ce handicap et nous n'aurons pas, avec elle, de “Durafour crématoire” et autre détail», se justifie le ministre de la Défense en faisant allusion aux propos passés de Jean-Marie Le Pen sur la Shoah. «Il sera désormais possible de parler de sujets difficiles avec un interlocuteur qui n'est pas bienveillant mais qui, au moins, n'est pas disqualifié», ajoute celui qui a été l'un des fondateurs, dans les années 1960, du groupuscule extrémiste Occident.

Qualifiant de «très respectable» le score de 17,9% obtenu par Marine Le Pen au premier tour, Gérard Longuet note qu'il ya dans son électorat à la fois «une nostalgie d'une France plus classique et plus tranquille et chez les jeunes électeurs frontistes une aspiration à faire bouger les lignes et les enjeux actuels». Toutefois, le ministre refuse de parler nommément de vote sanction à l'encontre de Nicolas Sarkozy. «Les torts sont partagés entre les électeurs et l'exécutif. Les électeurs attendent trop de la présidentielle, le chef de l'État n'est pas Dieu sur terre». Le ministre fait également la distinction entre les immigrés «les plus courageux», qui viennent en France pour «des perspectives économiques», et «les moins courageux», attirés, selon lui, par «des avantages sociaux». Appelant les «patriotes» à «faire bloc» contre François Hollande et sa politique d'immigration, Gérard Longuet révèle qu'en cas de duel PS-FN aux législatives, il «ne pourra pas voter pour la gauche socialo-communiste qui mène à l'échec» et qu'il «combat depuis (ses) plus jeunes années». «Mais je ne peux pas non plus voter pour le Front national, qui conduit certaines aspirations légitimes de ses électeurs dans l'impasse», ajoute-t-il.

Longuet a publié un communiqué pour nuancer ses propos

L'interview de Gérard Longuet n'a pas tardé à susciter un tollé, y compris au sein même de la majorité. L'ex-ministre UMP de la Justice, Rachida Dati, s'est dit «choquée». «Je n'adhère absolument pas au fait qu'on puisse dire que Mme Le Pen est un interlocuteur ou que l'on peut faire le tri entre bons et mauvais immigrés». «Non Marine Le Pen n'est pas plus un interlocuteur à mon sens que ne l'était son père», a commenté le ministre de l'Éducation, Luc Chatel, qui a réaffirmé «il n'est pas question de s'allier avec le Front national». Même son de cloche pour Jean-François Copé interrogé par Le Figaro. Xavier Bertrand a également affiché son désaccord avec le ministre de la Défense. «Le prénom a peut-être changé mais le reste n'a pas changé» a-t-il déclaré. «J'ai eu l'occcasion de le dire à Gérard Longuet tout à l'heure au Trocadéro» lors du meeting de Nicolas Sarkozy, a expliqué le ministre du Travail. «Je lui ai dit: “Je viens de voir la dépêche, explique-moi”. Il m'a dit: “Je vais préciser les choses”. Ce qu'il a fait.» Gérard Longuet a en effet publié dans la foulée un communiqué, où il minimisait ses propos: «Si on peut se réjouir que Marine Le Pen n'ait pas les mauvais calembours de son père, la seule majorité de gouvernement possible est l'alliance du centre et de la droite républicaine.»

De son côté l'ex-secrétaire d'État aux Droits de l'homme, Rama Yade, a qualifié de «faute» les propos de Gérard Longuet. «Il n'y a rien de patriotique au Front national, un parti qui abaisse la France. L'honneur de la droite républicaine est d'avoir su établir un cordon sanitaire avec le Front national», a-t-elle jugé. Pierre Moscovici, directeur de campagne de François Hollande, a qualifié les propos du ministre de la Défense de «nauséabonds et scandaleux». De telles déclarations «prouvent que les dérives de la droite républicaine entre les deux tours» de la présidentielle «n'ont pas de limites». «L'UMP qui se disait l'héritière du général de Gaulle est en vérité de plus en plus loin de ce legs républicain.»

Le Pen: «M. Longuet n'est pas l'arbitre des élégances»

L'entretien de Gérard Longuet à Minute a également déplu à la principale interessée. «M. Longuet n'est pas l'arbitre des élégances, et ce n'est pas à lui de considérer que mes électeurs méritent d'être méprisés ou pas méprisés.» La leader frontiste s'est amusée de voir «qu'avec le miracle des élections tous ces gens deviennent absolument charmants». «J'espère que ça va durer», a-t-elle ironisé

Les propos de Gérard Longuet ont aussi fait des remous dans le monde associatif. Le président de l'Observatoire national contre l'islamophobie, une composante du Conseil français du culte musulman, Abdallah Zekri, a lui jugé la position de Gérard Longuet vis-à-vis de Marine Le Pen «pas saine du tout». SOS Racisme a déploré que Nicolas Sarkozy comme son ministre de la Défense se soient lancés dans «une nouvelle surenchère dans la haine, la trahison des idéaux républicains et le populisme anti-immigré».

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Le FN vu comme un «interlocuteur» : Longuet désavoué par l'UMP

Publié le 02.05.2012, 11h34 | Mise à jour : 12h43


De toutes parts, les critiques à l'encontre de Gérard Longuet fusent. Dans un entretien à l'hebdomadaire d'extrême droite Minute, le ministre de la Défense affirme que Marine Le Pen était «un interlocuteur» possible pour l'UMP.

Le ministre de la Défense est bien seul à voir en Marine Le Pen « un interlocuteur qui n'est pas bienveillant, mais qui, au moins, n'est pas disqualifié » comme son père. De gauche comme de droite, en passant par la première concernée, les critiques fusent depuis mardi contre les propos tenus par Gérard Longuet dans un entretien accordé à l'hebdomadaire d'extrême droite «Minute» dans les kiosques jeudi.

Pour Copé, « il n'y aura jamais d'alliance » entre le FN et UMP

Dans les rangs de l'UMP, les cadres se bousculent pour se démarquer des positions de celui qui a contribué dans les années 60 à la fondation du groupe d'extrême droite Occident. «Il n'y aura jamais d'accord électoral (...) ni de discussion ou de négociation avec les leaders du Front national», a affirmé mercredi le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé lors d'un point presse.

« Je crois que M. Longuet n'engage que lui-même dans ses propos que je ne partage en aucune manière », a souligné sur Europe 1 le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé. « Regrettable sur le fond et inopportun sur la forme », a asséné sur France Info Jean-Pierre Raffarin, pour qui cette déclaration est « venue un peu parasiter la soirée d'hier soir alors que le discours de Nicolas Sarkozy (NDLR: mardi au Trocadéro) était fort et puissant ». « C'est une position qui ne nous a pas servis », a conclu l'ancien Premier ministre.

Le Pen « ne sait pas si on peut parler aux gens d'extrême droite »

« Je l'ai toujours dit. Ma position est constante. Le prénom a peut-être changé mais le reste n'a pas changé », avait déjà estimé mardi le ministre du Travail Xavier Bertrand, rejoint par son homologue à l'Education nationale, Luc Chatel: « Non, Marine Le Pen n'est pas plus un interlocuteur à mon sens que ne l'était son père ». Rachida Dati, s'est dite «choquée» par les propos de Longuet, tandis que l'ex-secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme Rama Yade y a vu une «faute» car le FN est «un parti qui abaisse la France».

La main tendue du ministre de la Défense n'est pas mieux accueillie au Front national. Mardi sur Europe 1, Marine Le Pen s'est demandée si « on pouvait parler à M. Longuet, compte tenu de son passé ». « Je ne sais pas si on peut parler aux gens d'extrême droite. Quand on a commencé sa carrière à Occident, permettez-moi, on peut rarement dire qu'on est d'extrême gauche », continue-t-elle, avant de porter l'estocade : « Ce n'est pas à M. Longuet, ni à personne d'autre, de considérer que mes électeurs sont ou ne sont pas républicains, qu'ils méritent d'être méprisés ou pas méprisés, qu'ils méritent d'être dans la République ou pas dans la République »

Longuet n'a « plus sa place au gouvernement » selon Hollande

Pour François Hollande, Gérard Longuet « n'a plus sa place au gouvernement». Interrogé mercredi sur la possibilité d'une interview accordée en service commandé pour le compte du candidat Sarkozy sur BFMTV/RMC, François Hollande n'a en revanche pas répondu directement à la question. « Ce que je sais, c'est qu'il est ministre de la Défense, ça n'est pas rien dans un gouvernement, ça n'est pas un sous-lieutenant de l'UMP. »

« Les propos de Gérard Longuet prouvent que les dérives de la droite républicaine entre les deux tours n'ont pas de limites », réagissait mardi soir son directeur de campagne Pierre Moscovici. « De la part du ministre de la Défense, un des principaux membres du gouvernement, une telle prise de position n'est pas fortuite, elle est scandaleuse (...) elle a une allure un peu désespérée mais aussi assez nauséabonde. »

VIDEO. François Hollande sur BFM-TV