WEB - GOOGLE - ACTUALITE > SPORT > Football > Coupe de France
Quevilly pour l'histoire, Lyon pour l'honneur
Publié le 27/04/2012 à 19:35
Surnommé le «sorcier», l'entraîneur de Quevilly, Régis Brouard, parle à ses joueurs, vendredi au Stade de France.
FOOTBALL - Les Normands rêvent d'un exploit inédit : devenir le premier club amateur à soulever la Coupe de France.
La magie de l'épreuve va-t-elle encore frapper? La formidable aventure de l'US Quevilly rappelle que l'argent dans le football ne fait pas tout. Après Marseille en quart de finale et Rennes en demi-finale, pourquoi pas Lyon, samedi au Stade de France (20 h 45, France 2)! Le club de Jean-Michel Aulas, battu il y a deux semaines en finale de la Coupe de la Ligue par l'OM, et en quête d'un premier titre depuis 2008, n'a pas le choix. Battre cet incroyable club amateur ou se ridiculiser devant la France entière. Car l'USQ et l'OL c'est le choc de deux mondes. 1,90 M€ contre 150 M€ de budget ; 3 200 euros bruts mensuels, le salaire le plus élevé chez les Normands, contre 450 000 euros, celui de Yoann Gourcuff chez les Gones…
Sauf que l'US Quevilly aime la Coupe de France, qui le lui rend bien. 85 ans après, le petit poucet accède de nouveau à la finale. Un palmarès incroyable pour un club amateur, également demi-finaliste en 1968 et 2010. Mais quel est le secret des Haut-Normands? «Même nous on ne le connaît pas, s'amuse Anthony Laup, le buteur décisif face à Rennes. On ne réalise pas ce que l'on fait. Mais on l'a mérité. On parvient à chaque fois à sortir notre meilleur football.» Quitte à perdre des forces pour leur quotidien, le championnat du national (3e division).
Adepte du football offensif Quevilly, promu de CFA et 13e, joue le maintien à cinq journées de la fin. Avant de sortir Marseille en prolongation ou Rennes après avoir été mené à la pause, c'est paradoxalement contre des équipes amateur que l'USQ a le plus souffert. Les trois premiers tours ont été franchis après prolongations (dont deux aux tirs aux buts)!
Installés depuis jeudi à Clairefontaine, les joueurs de Régis Brouard vont découvrir samedi le Stade de France. Entre appréhension et excitation. «On va essayer de rester dans notre cohérence de jeu», glisse Brouard. Cet adepte du football offensif a été qualifié de «sorcier» par son président. «C'est un passionné qui met ses tripes. Il a toujours trouvé les bonnes clés. Il lit bien la tactique de l'équipe adverse», confie Michel Mallet au
Figaro. «On compte sur le coach pour qu'il trouve les mots pour nous mettre en confiance pour cette finale», lance Issa Coulibaly.
«la France nous regarde»L'intéressé, âgé de 45 ans, a évolué joueur pendant presque toute sa carrière en Ligue 2. À la tête de Quevilly depuis 2008, il ne cache pas ses ambitions d'entraîner un jour un club d'élite: «Ce qui m'intéresse c'est de connaître les limites de ma philosophie de jeu avec les moyens financiers du monde pro.»
Depuis le but d'Anthony Laup en demi-finale, le club haut-normand est plongé dans une autre dimension. Les héros se plient de bonne grâce aux sollicitations médiatiques (au contraire de nombre de leurs collègues de l'élite…). 130 cars ont été affrétés pour le Stade de France où 25 000 supporteurs de l'USQ sont attendus. «Si on nous avait permis de vendre 50 000 places, on les aurait vendus», affirme Michel Mallet.
C'est dire l'engouement que suscite l'aventure du club de national pour une ville de 22 288 habitants, située au cœur de l'agglomération de Rouen. «On a reçu à la mairie des mails d'encouragement de Pékin à Saint-Pierre-et-Miquelon, en passant par l'Afrique, confie le maire PS, Frédéric Sanchez. Dimanche dernier, je faisais la tournée des bureaux de vote sur la circonscription et je n'ai parlé que de foot!» Le Petit-Quevilly s'est habillé de «jaune et noir». Avec deux slogans. «On en rêvait, l'USQ l'a fait», l'autre «la France nous regarde». C'est sur les «Champs-Élysées» locaux que les Haut-Normands seront fêtés le 1er mai, à bord d'un bus à impériale. Victoire ou pas.
Rêve de Grosse PommeEn cas de nouvel exploit, Quevilly participera à la Ligue Europa. Ce qui n'emballe guère son président. «J'ai 50 pages de doléance et on doit répondre à une multitude de critères. Cela paraît improbable que l'on obtienne l'autorisation de l'UEFA et je ne pense pas que l'on soit armé pour défendre les couleurs du foot français dans cette compétition.» Le rêve, c'est disputer le Trophée des champions, le 28 juillet à New York, mettant aux prises le vainqueur de la Coupe et le champion de France. Un match de gala qui ne peut, selon les règlements de la Ligue, opposer «deux clubs à statut professionnel». Mais à Quevilly, personne ne comprendrait que l'on prive les héros de la Grosse Pomme. La France non plus…