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Succès populaire de Jean-Luc Mélenchon à Marseille
Publié le 14/04/2012 à 19:45 Jean-Luc Mélenchon, samedi à Marseille.
Après la Bastille à Paris et la place du Capitole à Toulouse, Jean-Luc Mélenchon a déplacé les foules samedi à Marseille où plusieurs dizaines de milliers de personnes ont assisté à son meeting.
«Nous sommes en train de vous faire la démonstration que nous sommes capable de rassembler une puissance qui demain, prendra le pays en main!» Une foule de plusieurs dizaine de milliers de personnes, 120.000 selon les organisateurs mais pas moins de 50.000, s'est massée samedi après-midi sur les plages du Prado des quartiers sud de Marseille pour écouter Jean-Luc Mélenchon. Le candidat du Front de gauche est parvenu à renouveller, en province, son rassemblement de la Bastille du 18 mars dernier. La foule était très bigarrée. Beaucoup de syndicalistes venus avec des banderoles de leurs entreprises, d'ados plus ou moins politisés et de jeunes adultes visiblement engagés, de familles, le tout mélangé à un terreau de militants traditionnels communistes de cette région Paca encore fortement ancrée dans la gauche radicale. Trois des cinq plus importantes villes des Bouches-du-Rhone ont à leur tête un maire PCF.
«Vous êtes émouvants, comme vous êtes grands, comme vous êtes beaux!» leur a-t-il lancé dès sa montée sur scène avec son lyrisme habituel. Un lyrisme apprécié par Danièle, militante communiste de 72 ans venue de Savoie: «Ses discours touchent le cœur des gens, c'est l'humain d'abord… La période économique est très dure. On a tous besoin d'être entourés, de contact, de fraternité!» Danièle est venue pour entendre son programme aussi, déroulé pendant 1h18 par le candidat. Une longueur exceptionnelle pour un discours en plein air. Ceux de la Bastille, puis de Toulouse avaient duré 30 minutes environ. Aucune attaque aussi, contre le PS. Seule Clémentine Autain, sur scène, s'est un peu lachée contre l'enfermement «dans la dictature de l'alternance molle», soulignant sous les applaudissements que «le vote utile nous casse les urnes!»
Face à ce succès populaire, Jean-Luc Mélenchon a ironisé sur les meetings de dimanche à Vincennes pour le PS et à la Concorde pour l'UMP : «Par imitation ils ont décidé tous de sortir des salles où ils étaient auparavant pour tenter de faire aussi bien que nous…» «Nous sommes contents de les voir prendre l'air, ils auront du rouge en commun mais au moins sur les joues», a-t-il plaisanté alors que la foule scandait «Tous ensembles, tous ensemble!» Un candidat fier de la réussite de ses meetings «en dépit de tous les sabotages, des paperasses innombrables, alors qu'à la Concorde ils s'installent déjà sans demander rien à personne».
Directeur de la communication de la campagne du Front de gauche, Arnauld Champremier-Trigano a ouvertement pointé la mairie de Toulouse dirigée par le PS Pierre Cohen: «elle a changé les normes de sécurité pendant la journée, coupé le Wifi, et il y a eu cette alerte à la bombe à la fin…». À Marseille, jusqu'à la fin, le maire UMP Jean-Claude Gaudin a voulu empêcher le rassemblement sur les plages et l'arrêt du métro, une heure avant le meeting alors que la station était située à plus d'un kilomètre de la plage, a été mal interprêté. Peu importe pour Champremier-Trigano, qui observe: «Notre mission est accomplie, nous avons réveillé l'énergie populaire dans ce pays, quel que soit le résultat…».
Un discours très axé sur la MéditerranéeLa foule était en effet réactive pendant l'intervention de Jean-Luc Mélenchon. Un discours très personnel pour ce natif de Tanger, fortement axé sur la Méditerranée. «Ecoutez Marseille qui vous parle, Marseille vous dis que notre chance c'est le métissage et depuis 2600 ans nous sommes du parti qui se dit content d'être mélangé», a-t-il lancé alors que des femmes se sont lancées dans de longs youyou. Poursuivant l'idée, il a souligné son refus absolu de «l'idée morbide et paranoïaque du choc des civilisations», présentant la France, non pas comme une Nation occidentale mais comme «une Nation universaliste qui donne à ses enfants ce qu'elle croit bon pour le monde entier.»
Au travers de son discours, un objectif: être devant le Front national le 22 avril. Secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, avant lui sur scène, avait ironisé . «Marine Le Pen a dit qu'il fallait craindre la résurection du communisme avec son cortège de folie, d'anarchie et de violence? Moi je lui dis ici: le cauchemard Mme Le Pen, ne fait pour vous que commencer!» Longue ovation du public lorsqu'il a poursuivi: «Vous pouvez toujours essayer de courir après le Front de Gauche, vous ne le rattraperez plus…».
Jean-Luc Mélenchon s'est dit persuadé d'écrire, pendant cette campagne, «une page de l'histoire de la gauche», de cette gauche «qui ne transige pas». Candidat PCF aux législatives à Paris dans la 17e circonscription, Ian Brossat, 32 ans, est venu suivre le meeting. Il juge que «pour (sa) génération de militants qui n'a connu que des gamelles, cette campagne a un sacré goût de revanche.» «C'est exceptionnel», a lancé Pierre Laurent en fin de meeting. «Chez nous, la ferveur n'est pas préfabriquée».