Hollande infléchit sa stratégie de campagne

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Hollande infléchit sa stratégie de campagne

Publié le 01/03/2012 à 23:03



Dans l'entourage du candidat socialiste, on dément l'idée d'un changement de pied après l'entrée en campagne tonitruante du chef de l'État.

Inflexion de la stratégie? Depuis sa proposition de taxer à 75% les revenus annuels au-delà d'un million d'euros, quelque chose a changé dans la campagne de François Hollande. Comme si le candidat socialiste avait fait siennes les méthodes de son adversaire principal, Nicolas Sarkozy, en réussissant à provoquer une polémique le plaçant au centre du débat. Depuis son passage sur le plateau de «Parole de candidat» sur TF1 lundi, force est de constater que la mesure dévoilée ce soir-là a mis François Hollande au centre des discussions de la campagne. Pas un candidat, de Jean-Luc Mélenchon à Nicolas Sarkozy, qui ne l'ait commentée, pour l'approuver ou la dénoncer.

Dans l'entourage de François Hollande, on dément bien sûr cette idée d'un changement de pied après l'entrée en campagne tonitruante du chef de l'État. Et on utilise des mots choisis pour expliquer la stratégie. «Il s'agit d'un approfondissement et d'une amplification dans la cohérence, traduit Bernard Cazeneuve, l'un des quatre porte-parole de François Hollande. Il s'agit maintenant de faire monter en puissance la campagne pour cristalliser une dynamique.» En clair: ne pas laisser Nicolas Sarkozy s'installer au centre des débats de l'élection présidentielle pour ne pas se retrouver systématiquement en position de réagir. Ponctuellement, le candidat socialiste ne s'interdit donc pas de dévoiler lui-même certaines mesures techniques découlant directement de son projet. Celui-ci comprenant 60 propositions, la marge d'«approfondissement et d'amplification» est large. Mais hier en meeting à Lyon devant 12.000 personnes, il n'en a pas formulé de nouvelles et s'est contenté de décliner son projet, tout en justifiant par le «patriotisme» sa proposition de taxer les très hauts revenus.

Cahuzac, désorienté

Après le succès médiatique de cette proposition, Hollande va-t-il poursuivre? «Ça ne veut pas dire qu'il y en aura d'autres. Ça ne veut pas dire non plus que nous nous interdisons d'en faire», temporise Bernard Cazeneuve.

En son temps, Ségolène Royal aussi avait usé de la même stratégie. Mais ses propositions chocs formulées en 2007 -comme celle d'accrocher un drapeau français aux fenêtres le 14 Juillet- avaient alors désorienté son camp. François Hollande a frisé la même faute l'autre soir. Interrogé peu après sa proposition formulée sur TF1, le responsable du pôle fiscalité de son équipe de campagne, Jérôme Cahuzac, est apparu désorienté sur France 2, comme s'il découvrait la mesure.

Aujourd'hui, Bernard Cazeneuve le dédouane: «Il connaissait bien sûr la mesure mais il ne savait pas vraiment comment François Hollande l'avait formulée et il ne voulait pas risquer de l'annoncer lui-même.»