Le Monde.fr avec AFP | 04.02.2014 à 02h16 • Mis à jour le 04.02.2014 à 08h11
Les Etats-Unis ont défendu, lundi 3 février, leur stratégie diplomatique en Syrie et nié que leur secrétaire d'Etat, John Kerry, ait plaidé auprès d'élus américains pour armer les rebelles syriens.
Une polémique a éclaté dans des médias américains après des déclarations d'influents sénateurs, affirmant que M. Kerry aurait admis, lors d'une rencontre ce week-end à Munich, que la politique de Washington en Syrie avait échoué et qu'il fallait en changer.
« Personne au sein du gouvernement ne pense que nous en faisons assez pour résoudre la crise humanitaire et mettre fin à la guerre civile », a concédé Jennifer Psaki, la porte-parole du département d'Etat.
Elle a dit avoir assisté à la réunion entre son ministre et une vingtaine de sénateurs, dont le républicain John McCain, en marge de la conférence de Munich sur la sécurité : « A aucun moment [M. Kerry] n'a déclaré ce qui est cité, à savoir que le processus avait échoué », a défendu la porte-parole. « Ils ont discuté de l'éventail d'options que le gouvernement a toujours eu à sa disposition », a insisté Mme Psaki.
ARMES NON LÉTALES
Quant à la question de l'armement des rebelles, « à aucun moment [M. Kerry] ne l'a soulevée ni ne s'y est engagé, et c'est donc une mauvaise description de ce qui a été dit », a-t-elle déclaré. Elle a concédé que les Etats-Unis « devaient bien sûr continuer d'examiner ce qu'ils pouvaient faire de plus », mais qu'il n'y avait « pas de changement de stratégie » en Syrie.
Malgré les pressions et les critiques aux Etats-Unis, mais aussi venant de pays arabes alliés, le président Barack Obama a toujours refusé d'armer directement les rebelles syriens modérés, de peur que les arsenaux ne tombent entre les mains d'extrémistes liés à Al-Qaida.
Washington fournit toutefois officiellement une assistance militaire dite « non létale » (véhicules blindés, instruments de communication…) au Conseil militaire suprême syrien, bras armé de l'opposition modérée. Des informations sur des livraisons d'armes légères n'ont jamais été confirmées par l'administration américaine.
John McCain est un chantre de l'interventionnisme militaire américain en Syrie et réclame d'armer la rébellion. D'après lui et l'un de ses pairs, Lindsey Graham, cité dans The Washington Post, John Kerry leur aurait dit que les Etats-Unis étaient arrivés « au point de se dire qu'ils allaient changer de stratégie ». Aux yeux du porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, ces propos « reflètent l'idée que se font les sénateurs Graham et McCain de notre politique, pas ce qu'en pense le ministre Kerry ».