Affaire du Carlton : DSK sera entendu sur ses «amis» mis en examen

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Affaire du Carlton : DSK sera entendu sur ses «amis» mis en examen

Demain matin, l’ancien président du FMI se rendra à la convocation de la PJ de Lille, à la demande des juges d’instruction qui enquêtent sur cette affaire de prostitution.

Publié le 20.02.2012, 07h17


Dominique Strauss-Kahn devra s’expliquer demain sur ses liens avec des personnages clés de l’affaire du Carlton de Lille.

Dominique Strauss-Kahn, 62 ans, avait fait du Nord et du Pas-de-Calais une terre d’élection. C’est là, dans cette région d’héritage socialiste, qu’il a tissé, au début des années 2000, des liaisons qui se révèlent aujourd’hui dangereuses avec nombre des protagonistes de l’affaire dite du Carlton de Lille. L’ex-président du FMI, malgré son otite, devrait se rendre demain matin à la convocation de la police judiciaire de la ville pour s’expliquer sur les voyages à Washington, Paris, Bruxelles, Vienne ou ailleurs de prostituées financées, notamment, sur les comptes de frais d’une filiale du groupe de travaux publics Eiffage. Les enquêteurs cherchent entre autres à savoir si DSK connaissait l’éventuelle origine frauduleuse des dépenses dont il aurait bénéficié.

Le commissaire libertin et le chef d’entreprise fasciné par DSK

Outre les parties fines sur lesquelles il sera interrogé, DSK va devoir expliquer ses liens avec les personnages clés de l’affaire. Premier d’entre eux, Fabrice Paszkowski, 44 ans, un des organisateurs de ces voyages, dont le téléphone portable a révélé de très nombreux échanges par SMS avec DSK. Ce chef d’entreprise autodidacte, fils de mineur du pays de Lens, a un jour raccompagné DSK à la gare de Lille après une réunion politique lors du lancement des clubs politiques A gauche en Europe en 2006. Il sera l’homme des voyages à Washington où il emmène des jeunes femmes. Il est aujourd’hui mis en examen pour « proxénétisme aggravé, association de malfaiteurs et abus de biens sociaux ». Dans le cercle socialiste, on trouve le principal animateur des clubs DSK, Jacques Mellick junior. Lui et Paszkowski étaient tous les deux du dernier voyage à Washington entre le 11 et le 13 mai 2011. Jacques Mellick a toujours maintenu, preuves à l’appui, qu’il avait payé lui-même son voyage et qu’il rendait une visite politique à DSK. Placé en garde à vue quelques heures, il était ressorti libre sans poursuites. L’ex-patron du FMI sera aussi entendu sur ses liens avec David Roquet, un chef d’entreprise de 43 ans, patron d’une filiale d’Eiffage dans le Pas-de-Calais, qui se disait « fasciné par DSK ». David Roquet est mis en examen pour « proxénétisme aggravé, association de malfaiteurs », ainsi que Virginie Dufour, l’ex-compagne de Paszkowski, qui était chargée d’acheter billets d’avion et réservations avant de les lui refacturer.

Les enquêteurs chercheront également à cerner les liens exacts de l’ex-homme politique avec le commissaire divisionnaire Lagarde, patron de la sûreté du Nord, franc-maçon, libertin et suspendu de ses fonctions depuis sa mise en examen dans le dossier pour « proxénétisme », mais également pour « recel d’abus de biens sociaux et recel d’escroquerie ». L’enquête a montré que le policier a plusieurs fois accompagné des jeunes femmes à des parties fines à Washington et à Paris.

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Carlton : ces juges qui attendent DSK

Mis à jour le 21/02/2012 à 08:03 | publié le 20/02/2012 à 08:01


La présence de Dominique Strauss-Kahn est citée à de nombreuses reprises dans le dossier du Carlton de Lille.

DSK devrait être entendu par les enquêteurs de police ce mardi dès 9 heures. Il pourrait ensuite être rapidement confronté aux magistrats en charge du dossier. Trois juges lillois instruisent l'affaire du Carlton.

Il avait demandé à être entendu dès l'automne mais a dû patienter jusqu'en février. Dominique Strauss-Kahn sera peut-être, ce mardi, l'un des derniers à être questionné par la police dans l'affaire du Carlton de Lille. L'ancien patron du FMI va enfin pouvoir s'expliquer sur ses relations avec la «bande des lillois»: le commissaire Jean-Christophe Lagarde, David Roquet et Fabrice Paszkowski, mis en examen notamment pour proxénétisme dans l'affaire du Carlton. La présence de DSK est citée à de nombreuses reprises dans ce dossier qui mêle prostitution et parties fines.

La jeune garde des juges d'instruction lillois

Trois magistrats instruisent cette affaire. Première juge désignée sur ce dossier, Stéphanie Ausbart est une crack qui a réussi à la fois le concours des commissaires de police (5e au concours externe) et la magistrature. Mathieu Vignau, réputé «pédagogue, impartial et respectueux», a connu lui le fiasco d'Outreau. Quant à Ida Chafaï, la plus jeune, arrivée la dernière sur le dossier du Carlton, c'est à la fois une spécialiste des affaires financières et une syndicaliste engagée au Syndicat de la magistrature (SM), classé à gauche.

Trentenaires, ces magistrats font partie de la jeune garde des juges d'instruction lillois. «Cela n'a pas dû leur plaire que DSK demande par deux fois d'être auditionné», souffle un magistrat local. Décidément bien sûr de lui, DSK a ainsi assuré au Monde qu'il n'y avait pas matière à mise en examen. Mais le ténor socialiste n'est pas le seul à avoir tenté de leur forcer la main. Les relations furent en effet tendues avec le parquet de Lille. Ce dernier avait ainsi demandé le dépaysement du dossier et s'était opposé au trio sur certains placements en détention. «D'habitude, c'est plutôt le parquet qui demande un placement en détention, contre l'avis des juges», souligne un magistrat.

«État délétère»

Si les relations avec le parquet semblent désormais détendues, ce sont aujourd'hui les avocats qui toussent au sujet de la gestion de l'enquête. Le pénaliste Éric Dupond-Moretti s'est ainsi ému d'une «dérive puritaine». Des avocats s'interrogent sur l'absence de communication de certains procès-verbaux d'interrogatoire. «Je ne sais pas qui est à l'origine de ce fait, commente Me Thierry Dalmasso. C'est une pratique totalement anormale qui engendre un état délétère». A contrario, Me Didier Cattoir loue lui «la collaboration complète des services de police», qui avaient tout vérifié avant l'audition de son client.

Les juges sauront-ils gérer la pression de ce dossier hors-norme? Stéphanie Ausbart, qui a débuté au parquet à Senlis, est décrite comme une «forte personnalité» doublée d'une travailleuse acharnée. Quant à sa collègue Ida Chafaï, elle a déjà l'expérience de dossiers sensibles, comme celui du juge Pichoff, ce magistrat de Béthune soupçonné de corruption. Au barreau de Lille, certains fustigent pourtant un côté «maîtresse d'école» exaspérant. «Elle est estimée dure, mais s'en donne les moyens et connaît ses dossiers sur le bout des doigts», rétorque un avocat. DSK est prévenu.