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Syrie : la Ligue arabe veut armer les insurgés
Mis à jour le 14/02/2012 à 22:15 | publié le 14/02/2012 à 21:53
Alain Juppé a mis en garde contre «toute intervention extérieure à caractère militaire» en Syrie.
Alors que Homs était pilonné avec une rare violence, Damas a rejeté toutes les accusations de «crimes contre l'humanité».
Fournir des armes à l'insurrection syrienne. Celle-ci le réclamait de longue date pour desserrer l'étau de l'armée loyaliste. La Ligue arabe, désormais, l'envisage ouvertement.
Tandis que la ville de Homs était pilonnée mardi par des bombardements d'une violence rarement atteinte, des diplomates de l'organisation panarabe ont affirmé que des pays de la région seraient prêts à armer les rebelles si le pilonnage des villes syriennes ne cessait pas. Dans leur nouveau plan, qu'ils ont entériné dimanche au Caire, les ministres de la Ligue ont décidé de fournir à l'opposition «toutes sortes de soutien politique et matériel». Cela inclut la fourniture d'armes, ont précisé mardi des diplomates arabes. Cette hypothèse a déjà été évoquée récemment par l'émir du Qatar, Cheikh Hamad Ben Khalifa al-Thani, qui s'est dit favorable à l'envoi de troupes arabes afin de «mettre fin à la tuerie». Le double veto russo-chinois au Conseil de sécurité de l'ONU, le 4 février, et l'impasse diplomatique actuelle incitent désormais les pays du Golfe, en pointe contre Damas, à relancer l'idée.
L'idée a aussi fait son chemin au-delà de la région. Aux États-Unis, le sénateur John McCain a appelé Washington à armer l'opposition. Il y a quelques jours, la chaîne CNN révélait que le Pentagone et le Centcom, le commandement militaire américain chargé du Moyen-Orient, procédaient à un «passage en revue préliminaire des capacités militaires américaines» pour se tenir prêts à tout scénario.
En revanche, d'autres voix s'élèvent, y compris dans le Golfe, pour s'alarmer des risques d'une escalade dans la militarisation du conflit. Une ligne également défendue à Paris, où l'on réfute tout scénario à la libyenne. Officiellement, il n'est pas question d'aider militairement l'opposition. Tout juste n'exclut-on pas un éventuel soutien logistique, sous la forme, par exemple, de matériels de communication.
Un nouveau projet de résolution Lundi, Alain Juppé a mis en garde contre «toute intervention extérieure à caractère militaire» en Syrie, au lendemain de la proposition de la Ligue arabe de déployer une mission de Casques bleus. Mardi, le porte-parole du Quai d'Orsay a précisé que «la France étudie avec ses partenaires à New York toutes les options mises sur la table par la Ligue arabe», y compris une force onusienne. Les objectifs, les moyens et surtout la faisabilité d'une telle opération dans le contexte très confrontationnel du Conseil de sécurité restent à éclaircir.
C'est d'ailleurs pourquoi Paris mise sur un nouveau projet de résolution de la Ligue arabe condamnant Damas et qui, pour échapper à un veto russe, serait soumis cette fois à l'Assemblée générale de l'ONU, peut-être dès cette semaine. Une question délicate qui sera évoquée lors d'une rencontre entre Alain Juppé et son homologue russe Sergueï Lavrov, jeudi à Vienne.